On l'a vue récemment au théâtre dans le rôle de Blanche DuBois, personnage mythique d'Un tramway nommé Désir de Tennessee Williams, qui sera reprise l'année prochaine. La voilà qui change complètement de peau avec ce rôle de mère supérieure. Toujours avec la même justesse et précision. Céline Bonnier a répondu à quelques-unes de nos questions.

Les acteurs jouent parfois des rôles qui se ressemblent. Pas vous. Avec La passion d'Augustine, on est complètement ailleurs.

Oui! C'est la beauté du métier, c'est presque des rôles aux antipodes. Ce sont des cadeaux fantastiques, qui me permettent de jouer un jour Blanche DuBois et le lendemain mère Augustine. J'ai quand même souvent joué le rôle de femmes qui ont de la misère dans la vie, qui sont maganées ou qui ont des problèmes de drogue, mais le théâtre m'a souvent permis de sortir de ce registre. Ce rôle était vraiment nouveau pour moi. Il y a dans ce personnage une énergie tout en retenue que je n'avais jamais fouillée.

C'est la deuxième fois que vous travaillez avec Léa Pool. Vous aviez joué dans Maman est chez le coiffeur. Qu'est-ce que vous appréciez chez elle?

Léa aborde ses sujets avec beaucoup de délicatesse, mais aussi avec le respect du contexte. Elle va toujours fouiller les motivations de ses personnages. Elle ne va pas miser sur l'éclat d'une scène, mais sur la compréhension de la psychologie des personnages. Je trouve qu'elle évite justement les clichés. Dans ce film, on sent bien le respect qu'elle a pour cette communauté de femmes. Il y a aussi une profondeur dans les échanges qu'elles ont entre elles.

Vous vous reconnaissez dans la passion d'Augustine pour la musique?

Oui! On avait un piano chez nous et j'ai joué de la flûte traversière au cégep de Sainte-Foy, où j'ai étudié en musique. Jouer devant des gens m'a toujours stressée. Mais j'ai toujours apprécié la rigueur de la musique. Un des défis de mon personnage était de communiquer ma passion, mais dans l'introspection, parce que mère Augustine est assez réservée. Sa passion n'éclate jamais complètement. J'ai aussi été dans un couvent au secondaire, donc je ne suis pas si étrangère à cette retenue qu'a mon personnage.

Vous aviez une partenaire de jeu, Lysandre Ménard, qui, malgré ses prestations comme pianiste, n'avait jamais joué avant. Comment ça s'est passé?

Lysandre est fantastique. C'est une jeune femme qui a une personnalité fascinante, comme les autres jeunes interprètes du film. Une femme qui sera forte dans la vie, on le pressent. Une femme inspirante, qui a une âme très chargée. La connexion s'est faite naturellement. Je pense qu'on avait une admiration mutuelle. C'est une pianiste qui a de la rigueur, mais en même temps qui est transportée par l'art. Et puis, elle est tellement photogénique! Ç'a été une belle rencontre.