Après Xavier Dolan et son film Mommy tourné en format carré, le Québec va-t-il de nouveau étonner le monde du cinéma avec un film au cadrage vertical? C'est le pari que fait la réalisatrice et productrice Marie-Hélène Panisset.

Cette dernière planche en effet sur un projet de film en format vertical intitulé Le poids de Mendel. Et ça ne sera pas la seule innovation de ce long métrage traitant du post-partum d'une femme aspirée dans un labyrinthe médical. Car Mme Panisset espère le distribuer d'abord pour les plateformes mobiles avant d'organiser des projections ciblées en salle de cinéma.

En somme, l'innovation est au coeur de sa démarche.

«Je travaillais sur mon scénario lorsque, il y a un an, j'ai commencé à songer à faire un film vertical. Puis Xavier Dolan est arrivé avec Mommy. Je me suis dit: voilà, nous y sommes. Le moment est venu de faire l'expérience du vertical, et je serai la première à le faire.»

Mettant en vedette Judith Baribeau, Frédéric Pierre, Jean-Pierre Bergeron et Nathalie Coupal, Le poids de Mendel raconte l'histoire d'Ariane, une femme issue du monde de la danse qui, après son accouchement, vit un post-partum la conduisant dans un dédale psychiatrique.

«À l'hôpital, Ariane reçoit un diagnostic de bipolarité. Cela lui cause un choc, car son père, bipolaire lui aussi, l'a un jour abandonnée. Mais sa démarche va lui permettre de voir sous un autre angle les choses qu'elle a vécues dans son passé», résume la scénariste et cinéaste.

L'histoire est en partie autobiographique. Marie-Hélène Panisset a elle-même vécu une période très difficile après la naissance de l'un de ses deux enfants. Elle n'a pas conservé le meilleur souvenir de son hospitalisation, déclarant que les modes de thérapie en psychiatrie ont migré de la consultation vers la bête prescription de médicaments.

La cinéaste est aussi d'avis qu'il est important de se méfier de certaines conclusions, trop hâtives à son goût, de la génétique. De là le titre du projet qui fait référence à Gregor Mendel, père de la génétique, qui a entre autres mené ses travaux en croisant des pois.

Un tunnel

L'usage d'un cadrage vertical sert bien le propos du film, défend Marie-Hélène Panisset.

«L'histoire est racontée du point de vue de la protagoniste qui avance comme dans un tunnel, explique-t-elle. Le cadrage horizontal a pour fonction de cerner un personnage dans un environnement. L'usage du vertical a d'autres fonctions, comme faire sentir une forme de vide dans l'existence d'Ariane. En haut, il y a le vide; en bas, le gouffre. Ce sera une façon différente de raconter son histoire.»

La réalisatrice estime également que sa façon de filmer permettra d'accentuer le langage du corps, d'autant que son personnage principal vient du monde de la danse.

À ce jour, ses recherches lui indiquent que le nombre de tournages en format vertical est extrêmement limité, se comptant sur les doigts de la main. Elle n'a pas relevé de long métrage fait uniquement sous ce format.

«Je suis en terrain inexploré», s'enthousiasme-t-elle. Il lui reste toutefois à franchir l'importante étape du montage financier.

Connue avant tout pour son travail dans le film Lucidité passagère, dont elle a signé la coréalisation et la production, Marie-Hélène Panisset a plusieurs autres projets sur sa table de travail. Elle fait notamment partie d'un groupe de producteurs québécois qui ont les droits d'adaptation du roman Les coloriés, d'Alexandre Jardin. Ce projet en est encore à l'étape de scénarisation.