Quand le cinéaste québécois est arrivé sur le projet d'adaptation de Wild, il a travaillé avec le scénariste Nick Hornby afin de faire du lien mère-fille l'élément clé du film. Laura Dern, l'interprète de la mère de Cheryl, disparue trop tôt, apparaît ainsi grâce à des retours en arrière. Pour Jean-Marc Vallée, l'histoire a pris aussi une résonance inattendue, très personnelle.

«Cheryl en veut à sa mère d'être morte d'un cancer aussi jeune, expliquait-il lors d'une entrevue accordée à La Presse en marge du Festival de Toronto. Il est rare d'entendre un adulte affirmer que sa mère est l'amour de sa vie. Je trouve cela beau et un peu étrange à la fois. Dans cette histoire, la mère m'a beaucoup fait penser à la mienne, décédée il y a quelques années pendant que je faisais Café de Flore. C'est probablement à cause de ça que le livre de Cheryl m'a tellement touché. J'ai pleuré en le lisant.

«À l'étape du montage du film, je n'arrêtais pas de pleurer non plus. Je me demandais bien quand ça allait finir par finir. Je pensais avoir vécu ma peine, du moins en partie, mais à un moment donné, je me suis aperçu que ce film me permettait de faire un deuil que je croyais avoir déjà fait. Les hasards de la vie ont fait que ce projet est arrivé à point nommé.»

Reese Witherspoon et lui étaient au même diapason à cet égard.

«Reese m'a choisi après avoir vu Dallas Buyers Club, indique le cinéaste. On s'est bien entendus dès le départ: il n'y aurait rien de show off dans ce film-là. Nous n'avons pas joué la game du cinéma. Avec Yves Bélanger à la photo, on n'a pas essayé de faire de belles images, ni de beaux éclairages. Il y a seulement la lumière naturelle. Il n'y a pas de beaux maquillages non plus, ni de beaux cheveux, ni de beaux décors. Il n'y a rien de tout ça. Je ne voulais même pas qu'il y ait de miroir dans la roulotte de Reese. Et elle a accepté ça!»