Après avoir joué dans Les bonnes, de Jean Genet, le mois dernier à New York, aux côtés de Cate Blanchett, Isabelle Huppert est en tournage dans la Grosse Pomme. C'est là que La Presse l'a jointe au téléphone pour parler du rôle qu'elle tient dans La ritournelle. Le rôle de la femme d'un éleveur de veaux... qui a soudain le démon du midi!

Il s'agit de votre deuxième film avec le réalisateur Marc Fitoussi. Si dans le premier, Copacabana, vous interprétiez une femme qui aspire à une vie rangée, dans La ritournelle, vous êtes plutôt une femme qui veut sortir du quotidien...

Oui, là, c'est une femme qui s'offre une petite parenthèse dans sa vie. Mais on peut imaginer que cela va recommencer. Marc Fitoussi laisse une sorte de porte ouverte avec sa fin à la fois poétique et un peu funèbre.

Qu'est-ce qui vous a plu dans le scénario?

Il y avait la perspective de tourner de nouveau avec Marc Fitoussi, qu'il y aurait à la fois la légèreté et une forme d'humour à laquelle j'adhère assez facilement. Et puis, en même temps, une intelligence sur les relations entre les êtres, quelque chose qui irrigue tout le long du film. Le scénario m'a confirmé qu'il y avait cette qualité-là dans l'écriture.

Toute la scène du vêlage, ça a dû être particulier? C'est quasiment vous qui mettez le veau au monde!

Oui, Jean-Pierre Darroussin et moi! Comme vous avez vu, il est né aux forceps. Je ne faisais qu'actionner les forceps, mais en même temps, il y avait une certaine gravité de voir naître ce petit animal. Et il y avait un couple d'agriculteurs prêts à intervenir!

Étonnamment, il s'agissait de votre premier tournage avec Jean-Pierre Darroussin.

En effet. C'est un acteur avec lequel il est difficile de ne pas s'entendre. Il est à la fois présent et respectueux de la concentration de l'autre. C'est très agréable de tourner avec lui. Et dans ce film, il était très convaincant et très touchant dans son personnage d'agriculteur un peu borné au début. Et puis, finalement, c'est un peu par lui que toute l'histoire passe, alors qu'elle, elle est un peu dans l'éternel féminin, la petite femme fatale. Et lui doit accepter ça. Il apporte cette humanité-là.

Sur l'internet, on indique que La ritournelle est votre 99e film. C'est exact?

Non. Bien des films ont été annoncés et n'ont pas été faits, mais on n'en est pas loin.

C'est impressionnant quand même?

Non, ça ne m'impressionne pas trop.

Vous avez toujours le même plaisir de tourner?

Oui, absolument.

Vous avez tourné aux États-Unis, en Europe et en Asie, mais jamais au Canada...

Eh non. Et ça manque à mon tableau de chasse.

On ne vous a jamais proposé de scénario au Canada?

Non jamais. Mais ça se fera, je pense, un jour. J'ai joué par contre au théâtre à Montréal (NDLR: 4.48 Psychose à l'Usine C en 2005).

Le théâtre demeure important pour vous?

Oui, même si c'est parfois difficile de concilier les deux. Là, je viens de terminer une série de représentations des Bonnes à New York. Le théâtre reste toujours une aventure exceptionnelle pour moi.

Les critiques étaient bonnes à New York?

Euh, je crois. Je sais pas, j'ai pas lu les critiques. (NDLR: Certains critiques américains n'ont pas été tendres avec Isabelle Huppert, lui reprochant son accent frenchie.)

Sinon, vous avez un film en préparation?

Oui, là, je suis à New York pour tourner avec le réalisateur norvégien Joachim Trier, qui avait fait Oslo, 31 août, dans son nouveau film Louder Than Bombs, avec Jesse Eisenberg et Gabriel Byrne. Je fais une photographe de guerre qui photographie sous les bombes. Et puis, je tourne en même temps en Californie un film de Guillaume Nicloux (La vallée de l'amour) avec Gérard Depardieu.