À 76 ans, Jane Fonda est spectaculaire. On le sait. Elle est aussi extrêmement drôle, allumée. Et elle n'a pas la langue dans sa poche. Bref, quand elle entre dans une pièce, c'est en conquérante: son rire est contagieux, son sens de la répartie est fulgurant et les anecdotes qu'elle distribue généreusement sont mordantes, directes, irrésistibles.

«Je déteste en parler, j'espérais que les gens pensent que c'étaient les miens», a-t-elle ainsi balancé, lors d'une table ronde réunissant une poignée de journalistes au Festival du film de Toronto, au sujet... des faux seins qu'elle arbore dans This Is Where I Leave You de Shawn Levy, où elle incarne la matriarche de la famille Altman, récemment devenue veuve et qui, avec ses quatre enfants, va faire Shiv'ah: selon la tradition juive, mère, fille (Tina Fey) et fils (Jason Bateman, Adam Driver et Corey Stoll) vont donc passer une semaine complète dans la maison familiale. Tensions, attention.

Après, chacun retournera à sa vie. Pour Hillary, psychiatre de grande renommée, cela signifie partir en tournée promotionnelle à travers le pays pour souligner les 25 ans de son best-seller. Or quelques mois avant de prendre la route, elle s'est offert une augmentation mammaire.

«Pourquoi?! Honey, mais parce qu'elle manque de confiance en elle! Et je peux complètement m'identifier à ça: je n'ai jamais été satisfaite de mon apparence. J'ai grandi dans un monde où on me disait que j'étais grosse et pas attirante. L'exercice m'a aidée à faire la paix avec mon image, mais je mentirais si je disais que j'ai complètement passé par-dessus ça. Vous enseignez ce que vous avez à apprendre», assure l'actrice devenue déesse de l'exercice physique dans les années 80 et aux yeux de qui les canons de beauté n'ont pas changé: «Gros seins, hanches étroites... oh, c'est vrai, les fesses sont devenues à la mode!»

Bref, quand elle a lu le scénario de This Is Where I Leave You, Jane Fonda n'a cessé de rire tout haut et s'est dit: «Holy cow! Cette femme est fabuleuse!» Elle a donc poursuivi le réalisateur Shawn Levy, a même auditionné pour lui. D'abord, «c'est du travail! C'est comme ça que je gagne ma vie»! Ensuite, elle aimait le projet: «Je réduirai mon train de vie avant d'accepter de jouer dans une merde.»

Ciné et télé

Ce gagne-pain, qu'elle décrit comme «extraordinaire pour le coeur parce que vous développez de l'empathie, mais horrible pour les nerfs parce que vous ne savez jamais ce qui se passera le lendemain. Mon père, jusqu'à sa mort, a craint de se retrouver sans travail», elle le pratique aujourd'hui au grand écran (dans une industrie où «les films comme Coming Home et Klute ne seraient plus faits et où les Best Exotic Marigold Hotel sont trop rares») comme au petit, «qui est plus indulgent avec les femmes d'un certain âge».

On la voit ainsi dans The Newsroom d'Aaron Sorkin et elle sera prochainement de Grace and Frankie, sur Netflix, où Lily Tomlin et elle incarnent deux femmes qui se détestent copieusement et découvrent que leurs maris (Sam Waterston et Martin Sheen) ne sont pas seulement partenaires d'affaires, mais amoureux l'un de l'autre; donc, qu'ils quittent ces dames. Et se marient. «C'est extrêmement drôle, mais aussi, quand il le faut, assez dramatique.»

Un ton qui est également celui de This Is Where I Leave You, où «elle a été un membre de l'équipe à part entière, a real trooper», notait Shawn Levy. «Ah, mais c'est que je suis la fille de mon père! Henry Fonda ne serait jamais arrivé en retard ou sans savoir son texte sur un plateau!», s'exclame celle pour qui la promotion d'un film fait partie intégrante du jeu.

«Je ne peux imaginer que certains jeunes refusent de faire de la promotion! Surtout qu'ils ne connaissent pas leur chance. Autrefois, vous partiez tout seul, oubliez le coiffeur et le maquilleur, vous montiez dans un avion et vous atterrissiez à Des Moines, Kansas City ou Denver. Là, vous coupiez des rubans pour inaugurer un orphelinat ou vous faisiez d'autres choses bizarres.

«En plus, nous sommes tellement choyés de faire ce travail-là. Il faut s'en souvenir, même quand les heures sont longues et qu'on a mal aux pieds. C'est ce que je me dis tout le temps. Tu l'as voulu. Tu l'as eu. Sois reconnaissante. Apprécie chaque seconde.»

Comme on apprécie chaque seconde en votre compagnie, Jane Fonda.

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This Is Where I Leave You (C'est ici que l'on se quitte) prend l'affiche le 19 septembre.