Après Blue Jasmine, revoici l'oncle Woody avec Magic in the Moonlight. Dans cette nouvelle aventure tournée sur la Côte d'Azur, le cinéaste new-yorkais s'est entouré, comme toujours, d'acteurs chevronnés, dont l'Australienne Jacki Weaver.

Jacki Weaver se pince, mais ça ne fait pas mal. Après 50 ans de carrière, dont seulement cinq aux États-Unis, l'actrice australienne a l'impression de vivre sur un nuage, celui tout à fait moelleux d'une seconde carrière dont jamais elle n'avait rêvé auparavant.

«Je détestais Los Angeles, admet-elle en entrevue téléphonique. Maintenant, je l'aime. J'ai appris à connaître la ville et il y a tellement de gens qui ont été bons avec moi ici.»

L'actrice au sourire enjôleur et aux yeux pétillants a été de tous les écrans et sur toutes les scènes en Australie et plus précisément à Sydney, d'où elle vient. Le film australien Animal Kingdom - où elle joue la mère d'une famille de criminels - lui a assuré une première nomination aux Oscars en 2011.

Elle doublera la mise, sans remporter la statuette toutefois, deux ans plus tard dans Silver Linings Playbook, où elle jouait face à Robert de Niro. Et voilà que s'amène Woody Allen avec Magic in the Moonlight.

«Je ne pouvais le croire quand on m'a dit qu'il voulait me rencontrer, raconte-t-elle. En sortant de son bureau, je flottais sur Park Avenue. Et quand on m'a dit que j'avais le rôle, je me suis vraiment demandé si cela était réel. C'est un grand maître, l'un des meilleurs cinéastes dans le monde.»

Elle y joue la mère fortunée d'un jeune homme (Hamish Linklater, aucun lien de parenté avec Richard, le réalisateur de Boyhood) amoureux de Sophie (Emma Stone), une jeune clairvoyante que Stanley (Colin Firth) tente de démasquer. Un arroseur sera, en quelque sorte, arrosé, mais qui est qui et où s'en va l'amour dans tout ça? Peu importe...

«J'aurais accepté de jouer un gobelet de papier dans un film de Woody Allen, ajoute la sympathique sexagénaire. Puis, j'ai eu peur. Je me suis demandé si j'allais être à la hauteur et si mes scènes allaient se retrouver dans le film ou non. Mais tout s'est bien passé.»

Tournage de rêve

Le cinéaste, un ange. Le tournage, un rêve. Les collègues, un charme. Les techniciens, les meilleurs du monde. Imaginez: Vence, Cannes, Nice, Antibes, Grasse... le sud de la France.

«Ce furent six magnifiques semaines sur la Côte d'Azur, s'exclame l'actrice australienne. Nous étions au paradis.»

Ce bonheur se sent dans ce film léger comme l'air et tendre comme un amour inattendu. Jacki Weaver l'a vu et adoré. Elle dit continuer de vivre dans un rêve en ce moment.

Ce bonheur s'est d'ailleurs poursuivi récemment pendant quelques semaines dans l'île de Vancouver, où elle vient de tourner un remake de la série anglaise Broadchurch, cette fois avec Nick Nolte et Anna Gunn.

Mme Weaver multiplie les tournages, en fait, elle qui passe désormais les deux tiers de son temps à L.A. ou ailleurs en Amérique.

«L'Australie, mon fils et mes petits-enfants me manquent, avoue-t-elle, mais ce serait démontrer bien peu de gratitude que de refuser des rôles.»

Sa ville, Sydney, «une vraie ville de culture», lui manque aussi. Ses amis australiens l'ont surnommée Hollywood Jack puisqu'elle ne passe plus qu'une centaine de jours par an en Australie.

Mais elle n'a jamais voyagé autant et aimerait bien connaître Montréal un jour. Les Canadiens et les Australiens ont la reine d'Angleterre en commun, lui fait-on remarquer.

«M..., répond-elle du tac au tac, mais les Québécois n'aiment pas beaucoup la reine, je crois», fait-elle en riant.

Jouer toujours

Après 50 ans au petit écran et au grand écran et sur toutes les scènes de théâtre en Australie, le jeu reste sa reine de coeur à elle. Jacki Weaver adore toujours «être quelqu'un d'autre».

«Je le fais depuis que j'ai l'usage de la parole. C'est ma vie, dit-elle. Et pour ne pas me perdre, je n'apporte jamais le personnage avec moi à la maison.»

Tous les rôles sont les bienvenus, selon elle. En 2014 uniquement, elle a participé jusqu'ici à sept projets, dont un long métrage avec Gena Rowlands et un autre en Australie. Et ça s'annonce aussi chargé l'an prochain.

«Mais jamais, au grand jamais, je n'avais prévu faire carrière aux États-Unis, assure-t-elle. C'est incroyable. Je suis vraiment choyée.»

Jacki Weaver se pince encore et ça ne fait toujours pas mal.

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Magic in the Moonlight prend l'affiche le 8 août.