L'intrigue de Casse-tête chinois se déroule 15 ans après celle de L'auberge espagnole, un film sorti en 2002. Ce qui veut dire que le temps défile un petit peu plus rapidement dans la trilogie qu'il ne le fait dans la réalité. Ainsi, Cédric Klapisch a demandé à ses acteurs de jouer des personnages ayant franchi la quarantaine, même si plusieurs d'entre eux n'ont pas encore atteint cet âge.

«Je ne me projette pas aussi loin!», disait en souriant Audrey Tautou lors d'une rencontre de presse tenue à Paris aux Rendez-vous du cinéma français d'Unifrance. Même si elle avait du mal à s'imaginer en quadra, l'actrice a néanmoins accepté d'emblée de reprendre du service.

«J'aime beaucoup ce personnage, dit-elle. Je trouve Martine marrante. J'aime ses contradictions, ses maladresses. Là, je devais l'aborder différemment, car il fallait quand même qu'on sente que Martine a changé. Qu'elle a mûri, évolué. Cédric ne m'avait strictement rien dit. J'ai donc tout découvert à la lecture du scénario. Mais comme je connaissais déjà bien le personnage, je n'ai même pas eu l'impression de retrouvailles. Ni envers le personnage ni envers l'équipe. J'ai tourné L'écume des jours avec Romain tout juste avant, et Cécile [de France] est une amie que je croise dans ma vie personnelle!»

C'est aussi à la lecture du scénario qu'elle a découvert une scène à livrer en... mandarin!

«J'ai appris la scène grâce à une étudiante chinoise qui fait des études en cinéma à New York, explique-t-elle. J'ai d'abord tout appris phonétiquement. Ensuite, je me suis exercée pendant cinq ou six semaines à raison de 90 ou 120 minutes par jour. J'ai essayé d'emprunter un accent le plus correct possible. Le mandarin est une langue très précise, très subtile. Je ne pourrais pas m'en resservir aujourd'hui.»

Une confiance accrue

Si elle devait établir une différence dans sa propre démarche, l'actrice évoque le sentiment de confiance qu'elle a pu se construire au fil des ans.

«Je ne suis plus la même qu'il y a 10 ans, dit-elle. J'ai maintenant plus confiance en moi. À cet égard, l'expérience du tournage de Thérèse Desqueyroux avec Claude Miller a été marquante. Quelque chose s'est passé en moi.»

Le fabuleux destin d'Amélie Poulain lui ayant ouvert les portes du cinéma mondial, Audrey Tautou, qui fut aussi de l'aventure Da Vinci Code, ne se voit pas vraiment mener une carrière hollywoodienne.

«J'adore le cinéma américain, mais je suis trop désobéissante pour leur système, lance-t-elle. La plupart des projets sont initiés par des financiers là-bas. Le statut des acteurs n'est pas le même du tout. Ils ont une valeur marchande très franche. Je ne dirais pas que les bonzes du cinéma américain sont plus axés sur le pognon qu'en France, mais eux, ils l'assument! Le cinéma est fait par des gens tout aussi passionnés là-bas, cela dit. Mais l'organisation des choses est différente.»

Un rapport intense

Aimant éprouver des coups de foudre pour des projets, Audrey Tautou entretient un rapport très intense avec un métier dans lequel elle dit «mélanger» ce qu'elle est et ce qu'elle joue. Elle évoque aussi la nostalgie d'une époque où les stars pouvaient préserver leur mystère.

«À force de tout montrer, la magie n'opère plus de la même façon, déplore-t-elle. Il n'y a plus de secrets dans ce métier. Tout est montré, expliqué. La moindre séance photo a maintenant droit à son making of. Même la radio est filmée maintenant! L'image a pris une telle importance qu'il est impossible de reculer. Mais je ne trouve pas tout cela forcément utile.»