Évidemment, Cédric Klapisch n'aurait jamais pu prévoir qu'un «petit» film tourné de façon spontanée et très intuitive servirait de point de départ à une trilogie qui, près de 15 ans plus tard, arrive aujourd'hui à sa conclusion. Enfin, peut-être. Le cinéaste n'est pas du tout fermé à l'idée d'un autre volet.

«En fait, je n'en sais rien, a-t-il dit lors d'une entrevue réalisée à Paris. Casse-tête chinois a été conçu comme si l'histoire allait se terminer là. Si jamais je la reprends, ce ne sera certainement pas avant une dizaine d'années. On verra. Je n'ai pas vraiment d'idée pour l'instant. J'aurais dû mettre 10 ans entre Les poupées russes et ce nouveau volet, mais, honnêtement, je sentais que c'était maintenant le bon moment. Les personnages ne sont pas encore vieux, mais ils ne sont plus jeunes. Quarante ans est un âge de transition, un âge intéressant. Donc, c'est maintenant. On n'a pas encore à aborder les problématiques liées au vieillissement.»

Ayant étudié le cinéma deux ans à New York («à une époque où la ville était un taudis!», dit-il), Klapisch a retrouvé une ville qui a beaucoup changé. Et dont le mythe est encore bien réel en France.

«Je suis conscient de toutes ces images, fait-il remarquer. Autant celles qui émanent des années 40 que celles qui incarnent le nouveau glamour, incarné à travers des séries comme Sex and the City. Je savais qu'en filmant Casse-tête chinois dans cette ville, il me fallait éviter d'être trop dans les traces de quelqu'un ou d'être trop en admiration. Je suis resté à New York pendant huit mois avant le tournage. La mythologie de la ville a changé. De la même manière qu'on ne voyait aucun monument du quartier de la Bastille dans Chacun cherche son chat, j'ai essayé de filmer l'ordinaire de New York. Je me suis fié au gros travail de documentation que j'avais fait pendant mon séjour.»

Un défi particulier

Tourné à peine trois ans après la sortie de L'auberge espagnole, Les poupées russes pouvait se situer dans la mouvance du premier volet. Pas celui-ci. L'intrigue de Casse-tête chinois se déroule 10 ans après celle du volet précédent.

«À l'époque de L'auberge espagnole, tous les gens me parlaient du film comme d'un feuilleton. Et ils réclamaient une suite que je n'avais jamais envisagée. J'ai refusé pendant deux ans, mais j'ai finalement eu l'idée des Poupées russes. Pour ce troisième épisode, je ne pouvais plus jouer la carte de l'innocence. Personne n'y croirait. Tout a changé. Y compris le statut des acteurs. Là, j'ai davantage misé sur la maturité, le travail.

«Xavier, poursuit-il, représente bien le monde moderne. La modernité, c'est la mobilité. Il est toujours dans le changement. Cela est très nouveau par rapport à la vie qu'ont menée ceux qui nous ont précédés. Cette dynamique peut fabriquer de l'insatisfaction, mais elle peut aussi engendrer des valeurs très positives. Xavier apprend plein de choses. Il s'enrichit et se confronte à plein de cultures.»