Au royaume du septième art, il est le mal-aimé des Anderson. Là où Paul Thomas et Wes sont très respectés, Paul W.S., l'homme derrière les Resident Evil, Alien vs. Predator et The Three Musketeers, se fait regarder de haut. Il n'en demeure pas moins un homme affable, prêt à défendre des projets dans lesquels il met tout son coeur. Et, surtout, habité par une passion qui, elle, ne fait aucun doute.

Prenons le cas de Pompeii. Son plus récent projet. Sur papier, en tout cas. En vérité, ce feu-là couve en lui depuis l'enfance. Il a grandi dans le nord de l'Angleterre, non loin du mur d'Hadrien construit par les Romains à partir de l'an 122. Or, une grande partie de cette construction qui faisait 117 km de longueur existe encore. De quoi fasciner un petit garçon. «Ajoutez à cela le Vésuve qui a détruit une ville entière! Romains plus volcan, c'était le top pour moi!», lance le réalisateur qui, il y a six ans, a décidé qu'il était temps de porter ce fantasme à l'écran.

Après tout, les avancées technologiques permettaient de montrer le cataclysme comme il l'entendait: «De la manière la plus réaliste possible, et ce, tant du point de vue historique que scientifique. Beaucoup de choses ont été laissées de côté - probablement parce qu'il n'était pas possible de les recréer - dans les oeuvres de fiction réalisées par le passé sur Pompéi. Par exemple, les secousses sismiques ont provoqué un tsunami qui a lui aussi fait des dégâts incommensurables. On ne l'a jamais vu à l'écran», poursuit Paul W.S Anderson, qui a, lui, relevé le défi.

Il y tenait. Comme il tenait à la précision en tout. Au réalisme en tout. Les armes de «ses» gladiateurs, par exemple, sont vraiment faites de métal - «Ma hache pesait 15 kilos au début de la journée, elle en pesait le double à la fin», ironise Adewale Akinnuoye-Agbaje, qui incarne le champion de l'arène Atticus - afin que les combats se fassent plus brutaux, moins stylisés.

Quant à l'environnement, pour le recréer avec le plus de justesse possible, Paul W.S. Anderson et des membres de son équipe ont passé du temps à Pompéi, obtenu un accès privilégié à des zones habituellement fermées. Ils ont filmé. Photographié. Étudié la texture des murs, des tuiles, les moulages des victimes. Et le réalisateur de mentionner ici l'un de ces moulages, qui l'a vraiment frappé: «Étaient-ils mari et femme, ou seulement amants? On l'ignore, mais ils sont morts en s'embrassant. Et pour cela, ils vivent pour toute l'éternité.» Oui, il y a un romantique dans le réalisateur de Death Race!

Bref, à partir des images rapportées d'Italie, ils ont bâti les décors - qu'ils ont plus tard «agrandis» grâce à l'écran vert et aux images de synthèse.

«Nous avons aussi fait beaucoup de recherches, et tout ce que vous voyez vendu au marché, les poissons, les fruits, les tissus, c'est ce que l'on trouvait là à l'époque», assure le réalisateur qui a tourné aux studios Cinespace Film de Toronto, en utilisant des caméras 3D: «Le 3D a été inventé pour un film comme celui-là, pas seulement pour que le spectateur ait l'impression de voir les cendres et les pierres tomber sur lui, mais pour donner à la ville de la profondeur et de la texture.»

Puisque son but était que le spectateur, pris dans les filets du quotidien romain de l'époque, envoûté par l'histoire d'amour entre le gladiateur celte (Kit Harington) et la jeune noble romaine (Emily Browning), ne pense plus que ce récit débouche sur l'éruption du Vésuve. Lui jure qu'il l'a oublié. Jusqu'à ce que la réalité le rattrape. Hé, il avait une catastrophe naturelle à mettre en scène!