Ils sont tous deux de haute taille. Mais l'un est blond et baraqué. L'autre, brun et longiligne. À l'écran, face à face dans la fraternité ou, plus souvent, dans l'adversité, ils font merveille. Thor et Loki. Chris Hemsworth et Tom Hiddleston. À la ville, ils font de même. Spectaculaires dans l'allure. Et dans la complicité. Ces faux frères de fiction sont de vrais amis au quotidien.

Résultat: «I love you, bro», ont-ils laissé tomber à plusieurs reprises lors d'une conférence de presse tenue à Londres, la veille de la première mondiale de Thor: The Dark World d'Alan Taylor. Et, contrairement à ce qui se passe souvent dans de telles circonstances très «organisées», la connivence semblait réelle. Autant dans les déclarations d'amitié que dans la façon dont l'un complétait les propos de l'autre. Ou dans les rires partagés.

«C'est le troisième film qu'on fait ensemble, après Thor et The Avengers. On a donc passé pas mal de temps ensemble. Mais on avait d'entrée de jeu cette chimie et ce même enthousiasme pour le projet», indique Chris Hemsworth.

Tom Hiddleston abonde immédiatement: «Dès le départ, on «allait» bien ensemble. Et c'est vite devenu une aventure extraordinaire - autant humaine que professionnelle. Thor et Loki se définissent l'un l'autre, ils ont besoin l'un de l'autre, ils sont le yin et le yang, le soleil et la lune. Or, tout, dans le jeu, revient à ce qui se passe entre deux personnes; plus vous avez confiance en l'autre, le plus loin vous pouvez aller.»

Grâce à cette confiance, les deux acteurs ont pu aller très loin. Suscitant - et c'est l'une des plus grandes surprises de Tom Hiddleston - un culte pour le méchant frère adoptif du géant blond. S'il y a eu «team Edward» et «team Jacob» dans le monde de Twilight, il y a aujourd'hui «team Thor» et «team Loki» dans celui de Thor.

L'ambiguïté porteuse

Pourtant, le principal concerné inclus, tout le monde ignorait si Loki reviendrait après le premier film. «Je suis persuadé que ce retour a beaucoup à voir avec tout ce que Tom a apporté au personnage, ce mélange de puissance, de machiavélisme et de vulnérabilité», croit Chris Hemsworth.

Autant de nuances qui servent formidablement le personnage. D'autant plus que ce troisième volet joue, beaucoup, sur l'ambiguïté de Loki. Sera-t-il l'allié ou l'adversaire de Thor et d'Odin (Anthony Hopkins) dans ce combat contre les Elfes obscurs, race très ancienne autrefois vaincue par les Asgardiens, qui, menés par Malekith (Christopher Eccleston), veulent faire sombrer les Neuf Royaumes dans les ténèbres?

Parce que là se trouve l'enjeu de The Dark World. Dans le «réveil» des habitants de Svartalfheim. Endormis depuis des millénaires, ils veulent profiter d'un très rare alignement des royaumes (dont Asgard et Midgard, la Terre) soutenus par Yggdrasil, l'arbre au coeur de la mythologie nordique, pour les entraîner dans la nuit éternelle qui leur sied bien.

Aux côtés de Thor, Loki (peut-être), ses loyaux amis d'Asgard et ses alliés terrestres, dont l'astrophysicienne Jane Foster (Natalie Portman) et son assistante Darcy Lewis (Kat Dennings).

Pour mener ces imposantes troupes du réel à la fiction, Alan Taylor a pris la relève de Kenneth Branagh à la réalisation. Un maître de la télévision, dont le nom est apparu sur bien des épisodes de The Sopranos, Mad Men, Deadwood, Boardwalk Empire, Lost et, de façon plus pertinente dans le présent contexte, Game of Thrones.

La conquête

«La mission, telle que je l'ai comprise à l'origine, était d'assombrir cet univers, raconte le réalisateur. Le rendre plus «sale» et, aussi, plus profond et tourmenté. Mais The Avengers est sorti quand nous commencions le travail et Iron Man 3, quand nous le terminions. Nous avons alors compris que nous étions faits comme des rats si nous n'insufflions pas de l'humour au film. J'ai dû trouver le moyen de balancer avec des moments plus légers ce récit où l'on tue des personnages aimés.»

Grosse responsabilité, admet le cinéaste. Mais il le fallait. D'autant plus que, comme le souligne le producteur Kevin Feige, l'univers cinématographique de Marvel se dirige, dans sa troisième phase, vers un ton plus fantastique et s'éloigne de la Terre - ce qui commence à être le cas dans The Dark World. Or, l'humour est, selon lui, le secret pour fidéliser et retenir les spectateurs.

Évoquant la suite du déploiement au grand écran de ces récits nés dans des comic books, Kevin Feige indique que, si le calendrier officiel a été annoncé jusqu'à la fin de 2015, les projets existent à présent pour 2016 et 2017, et que le tout sera rendu public l'an prochain. Les longs métrages, bien sûr. Mais peut-être aussi d'autres séries télévisées, qui viendraient s'ajouter à Agents of S.H.I.E.L.D., créée par Joss Whedon et dont la deuxième saison a déjà été annoncée.

Bref, s'il y a Neuf Royaumes dans la mythologie nordique, Marvel semble avoir l'intention d'en conquérir au moins autant.

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Thor: The Dark World (Thor: Un monde obscur) prend l'affiche le 8 novembre. Les frais de voyage ont été payés par Walt Disney Pictures.