À Cannes, Toronto ou Karlovy Vary, Caroline Dhavernas a l'habitude des festivals en tant qu'actrice d'un film. Mais cette année, elle a foulé le tapis rouge du Festival des films du monde comme membre du jury de la compétition mondiale. En entrevue à La Presse, la jeune femme partage ses réflexions sur le septième art.

À écouter Caroline Dhavernas parler cinéma, on perçoit facilement son respect tant pour les créateurs que pour les membres des équipes techniques. D'autant plus qu'à son avis, la réussite d'un film repose sur une gamme d'éléments en parfaite conjugaison.

«Un film qui fonctionne, qui est bon, c'est un miracle en soi, dit-elle. Il y a tellement d'étapes où ça peut foirer, que ce soit à la distribution, soit l'étape finale, ce qui est plus frustrant, ou encore au montage, au financement, etc. Je trouve qu'un bon film est carrément un miracle.»

C'est avec cette façon de voir les choses que Mme Dhavernas aborde le rôle de jurée qu'elle tient au Festival des films du monde (FFM), qui prend fin le 2 septembre. Derrière le sourire qui ne la quitte pratiquement jamais durant notre rencontre se cache un soupçon d'inquiétude.

«Ça me stresse un peu, reconnaît-elle. C'est une grosse responsabilité. On doit voir beaucoup de films, à raison de deux par jour. On se demande comment choisir à travers tout cela. Ce sera peut-être plus simple que je le pense. Il y aura peut-être des performances qui vont sortir du lot.»

C'est le grand patron du FFM Serge Losique qui a proposé à la comédienne de siéger au jury de la compétition mondiale. «Ce sera la première fois que je fais cela, poursuit-elle. J'avais eu des propositions dans le passé pour d'autres festivals, mais je tournais. Lorsque M. Losique m'a approchée, j'ai appelé Michel Côté, qui avait été juré l'an dernier, et il m'a dit avoir eu beaucoup de plaisir. J'ai donc accepté.»

Pour la préparation, la comédienne s'en est tenue au minimum. Elle croit davantage à ce qu'elle va ressentir, noter, observer, en voyant chacune des oeuvres. Par contre, elle s'est préparée à faire la rencontre des autres jurés en visionnant des films de deux d'entre eux, les cinéastes Jirí Menzel (président) et Dai Sijie.

«Ma seule préparation est de connaître le travail de mes collègues, dit-elle. Ce sont des gens qui ont accompli de grandes choses et je trouverais un peu dommage de ne pas savoir ce qu'ils ont fait, de ne pas connaître leur univers, leur sensibilité.»

En faisant l'analyse des films qu'elle verra, elle s'attardera sans aucun doute au jeu des comédiens. «Le jeu va de soi parce que c'est ce que je fais dans la vie. Je remarque aisément quelqu'un qui me jette par terre par son interprétation. Sinon, l'image m'intéresse beaucoup. L'histoire, oui, mais je crois avoir un rapport plus fort à l'image qu'au dialogue.»

Hannibal, saison 2

Quelques jours après le FFM, Mme Dhavernas prendra la route de Toronto pour le tournage de la seconde saison de la série américaine Hannibal dans laquelle elle incarne la Dre Alana Bloom, protégée du meurtrier et enseignante de psychologie à l'université.

Le tournage de la première saison l'a occupée durant presque six mois l'an dernier et il en sera vraisemblablement de même cette année.

«Je suis assez fière de la première saison, lance-t-elle. Au niveau de l'image, c'est très bien réussi. Pour les personnages, on a mis un certain temps avant de tout installer. Mon rôle d'Alana était très cérébral et j'ai mis un peu de temps à bien la ressentir en moi. Par contre, le dernier épisode était beaucoup plus dans l'émotion, très chargé. J'ai eu droit à de belles scènes et j'espère que ce sera encore le cas pour cette seconde saison. Mais je ne sais pas encore ce que nous réserve le scénario.»