Le troisième volet des aventures du célèbre couple Beresford, créé par Agatha Christie, a été fabriqué dans un contexte plus difficile que les autres. Pour Pascal Thomas, cela fait aussi partie de la réalité du cinéma.

Il y a d'abord eu Mon petit doigt m'a dit. Puis Le crime est notre affaire. Le réalisateur Pascal Thomas remet le couvert en adaptant un autre épisode des aventures du couple Beresford.

Même si Prudence et Bélisaire, les célèbres personnages imaginés par Agatha Christie, se sont accordé une période de repos bien méritée, les deux détectives ne peuvent s'empêcher de se lancer dans une nouvelle enquête. Qui les mène cette fois sur la trace d'un mystérieux savant, détenteur du secret de la jeunesse éternelle.

«Si j'inclus L'heure zéro, qui était aussi une adaptation d'un roman d'Agatha Christie  - sans les Beresford, toutefois -, j'aurai réalisé quatre longs métrages inspirés des livres de la romancière, souligne Pascal Thomas. Il y a quelque chose qui me plaît beaucoup là-dedans, dans la mesure où j'ai alors l'occasion d'aborder des thèmes que je ne pourrais pas aborder de la même façon dans mes autres films. L'univers est plus sombre, mais on peut y ajouter des touches d'humour. L'aspect fantastique me séduit beaucoup aussi.»

Une histoire de couple

Pour ce troisième volet, le réalisateur a voulu se concentrer davantage sur l'histoire du couple que sur l'intrigue.

«Cet aspect est présent dans les romans d'Agatha Christie, mais souvent évacué dans les adaptations au cinéma. On s'est aussi beaucoup amusés avec le côté fantastique et plus fantaisiste de l'histoire. On a eu un plaisir fou à tourner les scènes où un personnage adulte se retrouve dans la peau d'un bébé. Ce n'était pas évident à organiser sur le plan logistique, cela dit.»

Associés contre le crime... réunit ainsi pour la troisième fois le couple que forment à l'écran Catherine Frot et André Dussollier. La mise en chantier s'est toutefois faite dans un climat plutôt tendu.

Le réalisateur, qui a offert à Catherine Frot son premier rôle à titre de star dans La dilettante, n'a pas aimé voir l'actrice dans Imogène McCarthery - un film qui, selon lui, n'était qu'une pâle copie de Mon petit doigt m'a dit et Le crime est notre affaire. Réalisée par Alexandre Charlot et Franck Magnier, cette comédie policière met en vedette Catherine Frot dans la peau de l'héroïne écossaise, personnage récurrent des romans policiers de Charles Exbrayat.

«Je lui ai dit: "Mais vous ne pouvez pas faire ça! C'est trop pareil!" Mais bon, elle l'a fait quand même, explique Pascal Thomas. Et puis, quand est venu le moment de produire Associés contre le crime..., nous avons dû nous ajuster aux exigences salariales voraces de Catherine. Nous avons réduit le tournage d'une semaine en conséquence.»

Relations tendues

On le comprend, les relations entre le cinéaste et son actrice fétiche (ils ont tourné cinq films ensemble) n'étaient pas au mieux. Elles se sont détériorées depuis. À la lumière des déclarations publiques - parfois très virulentes - du réalisateur au sujet de la comédienne, il serait étonnant qu'ils collaborent de nouveau.

Dans ce conflit devenu très ouvert - qui s'est aussi inscrit dans le débat qui a eu lieu en France à propos du salaire des acteurs -, Catherine Frot a répliqué que le ressentiment du cinéaste à son égard était probablement dû à l'échec du film. En France, ce troisième opus a en effet obtenu moins de succès que les autres.

«Remarquez, tout cela reste accessoire, a fait valoir Pascal Thomas au cours d'une interview accordée à La Presse en janvier, en marge des Rendez-vous d'Unifrance. Une fois le tournage commencé, on se concentre sur le travail qu'on a à faire et on ne pense plus à ces choses-là. D'ailleurs, l'histoire du cinéma est parsemée de conflits célèbres qui ont marqué le tournage de véritables chefs-d'oeuvre. Tous les films d'Otto Preminger ont été conflictuels. Fred Astaire et Ginger Rogers ne s'aimaient pas non plus et pourtant, c'était magique à l'écran. On doit faire abstraction de ses sentiments personnels dans un cas comme celui-là. De part et d'autre, on essaie de faire au mieux, tout simplement.»

Sans surprise, le cinéaste compte maintenant passer à autre chose. Il souhaite explorer un autre registre.

«Je n'ai pas encore d'idées précises, mais je me verrais bien tourner un film dans le ton de La part des anges de Ken Loach. Que voilà un film formidable!»

Les frais de voyage ont été payés par Unifrance.