Dans ce thriller campé dans le monde de la haute technologie, Liam Hemsworth est coincé entre Harrison Ford et Gary Oldman, deux magnats ennemis du monde de l'informatique. Pas facile de jouer à l'espion à une époque où plus rien n'est secret...

Quand le spécialiste du roman d'espionnage Joseph Finder a publié Paranoïa en 2004, le monde des affaires, de la technologie et du renseignement ne ressemblait en rien - ou presque - à celui dans lequel nous évoluons, près de 10 ans plus tard.

Avec l'arrivée des téléphones intelligents, la croissance des médias sociaux et toutes les avancées technologiques à leur suite, la notion de «vie privée» est presque réduite à néant.

«Même si Paranoïa reste une adaptation assez fidèle du roman, nous avons certes dû ajuster le scénario à la réalité socio-économique actuelle, a précisé le réalisateur Robert Luketic au cours d'une conférence de presse tenue à Los Angeles la semaine dernière. Nous sommes rendus esclaves de nos appareils. Encore hier, j'ai perdu mon iPhone et j'ai arrêté de vivre. J'ai toujours été fasciné par les nouvelles technologies, mais je crois que nous nous sommes rendu compte de leur véritable impact sur nos vies seulement au moment où les médias sociaux sont arrivés.»

Espionnage industriel

Mettant en vedette Liam Hemsworth (The Hunger Games), Harrison Ford et Gary Oldman, Paranoïa relate le parcours d'un jeune surdoué qui, à la suite d'une mésaventure, est contraint de faire de l'espionnage industriel.

Embauché par le milliardaire Nick Wyatt (Oldman), l'un des deux grands magnats du monde de l'informatique, Adam (Hemsworth) doit rapporter à son employeur les projets et les secrets de fabrication de la société dirigée par Jock Goddard (Ford), grand rival - et ancien associé - de son patron.

Le jeune homme goûte ainsi aux plaisirs du grand luxe, mais au prix d'une très haute surveillance. D'autant plus que les deux magnats rivaux ne font de quartier à personne.

«J'ai trouvé cette histoire intéressante, car elle fait écho à bien des travers de notre époque, a déclaré Harrison Ford. J'ai toujours pensé que tout le monde est prêt à tout concéder de sa vie privée uniquement pour avoir accès à un nouveau bidule. C'est la nature même du marketing: créer un besoin.»

Quelle place pour les jeunes?

Au-delà de l'impact des nouvelles technologies sur la vie des individus, Paranoïa aborde aussi la question d'un monde en pleine mutation, dans lequel les plus jeunes générations tentent de se faire une place.

«Auparavant, il était entendu qu'en travaillant fort, on pouvait finir par mener une vie confortable avec sa famille, fait remarquer Robert Luketic, réalisateur notamment de 21. Ce n'est plus le cas. Les plus jeunes se sont fait promettre beaucoup de choses et ils arrivent dans un monde où les efforts ne sont pas garants de réussite. Peut-on faire sa marque tout en gardant son éthique? On ose croire que si.»

Pour l'occasion, Harrison Ford s'est composé une apparence à la fois cool et inquiétante...

«Dans cette histoire, les gens parlent beaucoup de mon personnage avant même qu'il apparaisse à l'écran, explique l'acteur. Il me semblait important de nuancer le portrait au moment où j'arrive. Robert Luketic a été très réceptif à mes propositions. D'où cette tête rasée et le choix de vêtements plutôt désinvoltes. Cet homme est de toute évidence un requin, mais j'estimais qu'il était plus intéressant d'explorer d'autres facettes de sa personnalité.»

Des retrouvailles avec Oldman

Paranoïa marque les retrouvailles entre Harrison Ford et Gary Oldman. Les deux acteurs ne s'étaient pas revus sur un plateau de cinéma depuis une vingtaine d'années, soit depuis Air Force One. Ford y incarnait le président des États-Unis; Oldman, un terroriste.

«Quand j'ai su que Gary était de la partie, mon intérêt s'est accru, indique Harrison Ford. C'est amusant de donner la réplique à Gary. On ne sait jamais ce qu'il va faire ni à quoi il va ressembler!»

Le scénario est d'ailleurs construit de telle sorte que l'intrigue culmine en un inévitable affrontement entre les deux anciens associés. Pour Liam Hemsworth, qui fait ici son entrée dans un cinéma plus «adulte», le spectacle en a valu la peine. «C'était très enrichissant de regarder jouer ces deux acteurs de légende, souligne-t-il. Gary est un homme affable dans la vie, mais, dès que les répétitions commençaient, il me criait à la tête en postillonnant. C'était très intense!»

De son côté, Robert Luketic gardera un grand souvenir de cette rencontre au sommet entre Harrison Ford et Gary Oldman. «La scène où ils se font face restera l'un des grands moments de ma carrière!», dit-il.

Harrison Ford dit par ailleurs comprendre la logique implacable du monde des affaires, mais il estime que ses principes ne peuvent être appliqués à tous les domaines.

«Surtout pas au domaine artistique, fait-il remarquer. L'art est une affaire de collaboration, pas de compétition. Il ne m'est jamais venu à l'esprit d'être en concurrence avec un autre acteur.»

Même s'il peut piloter un avion, ne comptez pas non plus sur Harrison Ford pour faire l'apologie des nouvelles technologies. L'acteur est plutôt de la vieille école.

«Je ne veux surtout pas être esclave de ces appareils. Je ne veux pas être liké sur Facebook. J'aime les livres. Je n'aime pas lire sur un écran.»

> Paranoïa prend l'affiche le 16 août en version originale et en version française.

Les frais de voyage ont été payés par Films Séville.