Gus Van Sant signe la réalisation de cette comédie sociale abordant le thème de l'exploitation du gaz de schiste. Pour son retour à l'écriture, Matt Damon s'est trouvé un nouveau complice: John Krasinski.

Avant The Adjustment Bureau, Matt Damon et John Krasinski (The Office) ne se connaissaient pratiquement pas. C'est à la faveur du tournage de ce thriller futuriste, dans lequel Damon donnait la réplique à Emily Blunt (l'amoureuse de Krasinski dans la vie), que les deux hommes se sont rencontrés.

«Bien franchement, ça a cliqué tout de suite entre nous, s'est rappelé l'acteur au cours d'une rencontre de presse tenue récemment à Los Angeles. John a fait preuve de ténacité pour me convaincre de retourner à l'écriture, même si je n'avais rien scénarisé depuis un bon moment. Je l'en remercie, car j'avais oublié à quel point j'aimais ça!»

Pendant les week-ends, dans une maison grouillant d'enfants, Krasinski et Damon ont ainsi travaillé à l'écriture de Promised Land (Terre promise, en version française), comédie sociale dont Krasinski - très sensible aux questions environnementales - a eu l'idée il y a deux ans.

Dans ce film, réalisé par Gus Van Sant (Good Will Hunting, Milk), Damon incarne un négociateur à la solde d'une grande entreprise, mandaté d'aller convaincre les habitants d'un petit village durement frappé par la crise économique de permettre l'exploitation du gaz de schiste sur leur territoire. Pour ce faire, il se rend sur les lieux en compagnie d'une partenaire (Frances McDormand) afin de conclure l'entente.

Ce qui devait être une simple formalité se complique lorsqu'un professeur à la retraite (Hal Holbrook) remet en question le bien-fondé de l'affaire. Le jour où un militant environnementaliste (Krasinski) débarque pour prendre le dossier en charge, une véritable guerre de tranchées se déclare.

«Ce film aborde des thèmes bien actuels, mais l'exploitation du gaz de schiste n'est qu'un prétexte, indique l'interprète de Jason Bourne. Au départ, nous souhaitions surtout écrire un scénario qui ferait écho à la solidarité dont font souvent preuve les gens qui n'habitent pas dans les grandes villes. Nous voulions un film "pro-démocratie", sans pour autant diaboliser qui que ce soit. Et accoucher d'une histoire qui laisserait les gens sur une note d'espoir en ces temps difficiles. Promised Land est un conte social parsemé de vraies touches d'humour. Nous y tenions.»

Débat social

La question environnementale s'est imposée parce qu'elle permettait aux scénaristes de dresser un portrait qui irait à l'encontre des clichés habituellement véhiculés par les médias. Comme l'exploitation du gaz de schiste suscite aussi un vrai débat social, l'enjeu était tout trouvé.

«À l'époque où j'étais célibataire, je pensais déjà au monde que nous laisserions aux générations futures, précise Matt Damon. Maintenant que je suis père de quatre enfants, cette préoccupation est encore plus aiguë. On ne peut rester indifférent à cela. La meilleure façon de faire bouger les choses est de s'engager.»

Matt Damon, qui coproduit le film avec Chris Moore et John Krasinski, a longtemps voulu faire de Promised Land sa première réalisation. Trop occupé par d'autres tournages, l'acteur a finalement renoncé à l'idée. «Je ne vous cacherai pas que, le jour où j'ai téléphoné à John pour lui annoncer ma décision, je ne me sentais pas très bien. Cela dit, me congédier moi-même à la réalisation a probablement été la meilleure décision que j'ai prise en tant que producteur!»

Instinctivement, Matt Damon s'est tourné vers Gus Van Sant, cinéaste qui a porté à l'écran les deux scénariosque le comédien avait cosignés

jusqu'à maintenant: Good Will Hunting et Gerry. Le scénario a été expédié au réalisateur de Restless alors que Matt Damon était à bord d'un avion, tout juste avant le décollage. Un message positif du cinéaste l'attendait à son arrivée, quelques heures plus tard.

«Gus est un maître, affirme Matt Damon. Sachant que j'aurais pu m'occuper de la réalisation, j'ai réalisé, en le regardant travailler, à quel point il a le sens de la mise en scène. Il en maîtrise chaque aspect. Il sait aussi comment tirer la plus grande authenticitéde ses acteurs, même les non-professionnels à qui nous avons aussi fait appel.»

Le comédien, qui, avec Ben Affleck, avait obtenu l'Oscar du meilleur scénario original grâce à Good Will Hunting, a ainsi le sentiment de retrouver l'effervescence des débuts.

«La dynamique avec John m'a un peu rappelé celle que nous avions, Ben et moi, explique-t-il. Avec Ben, c'était tellement fusionnel que nous étions incapables à la fin de dire qui avait fait quoi de façon précise!»

Promised Land (Terre promise en version française) prend l'affiche le 4 janvier.

Les frais de voyage ont été payés par Alliance Vivafilm (Focus Features).