Publié en 1937 et vendu à 100 millions d'exemplaires, The Hobbit est plus court, plus léger et destiné à un public plus jeune que The Lord of the Rings. C'est le roman avec lequel J.R.R. Tolkien a pris ses marques dans la Terre du Milieu, monde auquel il a consacré sa carrière littéraire. Avec An Unexpected Journey, Peter Jackson retourne à cet univers qu'il a cinématographiquement fait sien.

Après avoir mis un point final à l'adaptation cinématographique de The Lord of the Rings, Peter Jackson n'avait pas l'intention de revenir en Terre du Milieu pour y suivre l'aventure que Bilbo (Martin Freeman), Gandalf (Sir Ian McKellen) et 13 nains menés par Thorïn (Richard Armitage) vivent dans The Hobbit. Une aventure qui se déroule 60 ans avant les événements relatés dans le grand roman de J.R.R. Tolkien, et avec laquelle l'homme de lettres a apprivoisé cet univers qu'il a par la suite complexifié et approfondi.

«J'avais l'impression que je n'aurais pas de plaisir à réaliser ces films, car je me mettrais en compétition avec moi-même», a indiqué le réalisateur lors d'une conférence de presse tenue à New York. «Mais quand Guillermo del Toro a quitté le projet, je me suis laissé tenter. Il y a, dans The Hobbit, un charme et un humour qui ne sont pas de The Lord of the Rings. J'ai réalisé qu'explorer cet autre ton me tentait.»

Il a donc pris les rênes de The Hobbit: An Unexpected Journey, qu'il déclinera en trois films. Si le roman est court, «le rythme y est très rapide et Tolkien y a peu développé les personnages, leurs relations, leur passé». Mais l'écrivain est revenu à cette histoire dans les annexes publiées à la fin de The Lord of the Rings, dans lesquelles Jackson et ses coscénaristes ont puisé. Ces suppléments étoffent d'autant la quête de Bilbo qui, avec la compagnie des nains et Gandalf, part vers le mont Solitaire afin de reprendre le trésor ancestral des nains au dragon Smaug.

Pour dire cette quête, Peter Jackson a opté pour un tournage en 3D et 48 images par seconde (IPS). C'est un choix qui ne fait pas l'unanimité, mais qu'il assume. À ses yeux, le 48 IPS «offre une expérience plus vivante» et permet de profiter pleinement de l'effet enrobant du 3D. Aussi, grâce à sa fluidité accrue, la technique, croit-il, évite les maux de tête que provoque parfois le 3D en 24 IPS. Pour lui, le risque méritait d'être pris. Car risque il y avait. «Lorsque nous avons commencé à tourner, pas un seul cinéma n'était équipé pour projeter cela.»

«Ce que nous avons fait ne changera pas la manière de faire des films, mais cela donne un autre choix», poursuit-il. Sa coscénariste Philippa Boyens note alors «qu'en général, à la fin d'un film en 3D, les gens s'empressent d'enlever les lunettes 3D. À la fin des projections d'An Unexpected Journey, beaucoup avaient oublié qu'ils les portaient, tant l'expérience avait été naturelle et organique».

Enfin, tant qu'à plonger, Jackson a aussi décidé de lancer ici et là, dans The Hobbit, quelques perches en direction de The Lord of the Rings, «de relier de petites choses» afin que, mises bout à bout, les deux trilogies s'emboîtent au lieu de simplement se succéder. Du travail d'orfèvre, très bien exécuté, et parfait dans ce contexte où l'or est au bout du (long) chemin.

_____________________________________

The Hobbit: An Unexpected Journey (Le hobbit - Un voyage inattendu) prend l'affiche le 14 décembre.

____________________________________

Les frais de voyage ont été payés par Warner Bros.

__________________________

DEUX FOIS TROIS FILMS



The Lord of the Rings The Fellowship of the Ring (19 décembre 2001)

Budget: 93 millions

Box-office: 870 millions

The Two Towers (18 décembre 2002)

Budget: 94 millions

Box-office: 925 millions

The Return of the King (17 décembre 2003)

Budget: 94 millions

Box-office: 1,2 milliard

The Hobbit, An Unexpected Journey (14 décembre 2012)

The Desolation of Smaug (13 décembre 2013)

There and Back Again (18 juillet 2014)

Si Warner affirme que chacun des deux premiers volets de cette trilogie coûtera 200 millions, certaines sources avancent un budget de 315 millions par film. Celui du troisième volet n'est pas déterminé.

Photo: Warner Bros

The Hobbit, An Unexpected Journey

__________________________

THE HOBBIT TECHNO

Deux équipes de tournage ont travaillé sur le film, l'une menée par Peter Jackson et l'autre, par Andy Sirkis (aussi interprète de Gollum). Peter Jackson a tourné An Unexpected Journey en High Frame Rate 3D, une technologie faisant passer de 24 à 48 le nombre d'images par seconde. Le réalisateur vise «une expérience plus vivante». Mais selon certains, le résultat ressemble «à une vidéo maison». En Amérique du Nord, le film sera ainsi projeté dans 400 des quelque 4000 salles où il prendra l'affiche. À noter que James Cameron serait, quant à lui, séduit par le HFR 3D et penserait l'utiliser pour les prochains volets d'Avatar.

La perspective forcée, utilisée dans The Lord of the Rings pour mettre dans une même image des personnages de très petite et de très grande taille, a été remplacée par le Slave Motion Control. Les acteurs (Martin Freeman en Bilbo et Ian McKellen en Gandalf, par exemple) jouent ainsi dans deux décors identiques, mais aux proportions différentes, et sont filmés par deux caméras dont l'une est «l'esclave» de l'autre.

Le design de Gollum est resté le même, mais la technologie ayant beaucoup évolué, il apparaît encore plus naturel et réaliste.

Photo: Warner Bros.

The Hobbit, An Unexpected Journey