Après son passage à la Berlinale, puis en France, où il a suscité des critiques élogieuses, et sa présentation aux RIDM, le documentaire La Vierge, les coptes et moi arrive en salle. Mais en amont de ce film, pour le moins singulier, sur un réalisateur (Namir Abdel Messeeh) partant à la recherche de témoins qui auraient vu la Vierge en Égypte, se cache l'histoire d'une rocambolesque mise au monde. Récit en compagnie du producteur Jean-François Joffre.

Q : Qu'est-ce qui vous a séduit dans cette histoire pour que vous en deveniez le producteur?

R : Au départ, je suis avocat. En fait, j'ai défendu Namir par rapport à son producteur. De fil en aiguille, nous avons récupéré 100% du film que ce producteur original ne voulait plus faire. Il n'y croyait pas. Il croyait que Namir n'avait pas d'idées pour terminer son film. Il n'avait plus d'argent, etc. Nous avons fini par produire le film en entier.

Q : Dans vos mots, quel est le propos de cette oeuvre?

R : C'est un magnifique hommage de Namir à sa mère, à sa famille. Lorsque je l'ai vu pour la première fois, j'ai été surpris de toujours le voir dans les images. Ça ressemble un peu aux films de Michael Moore. Au premier montage, je lui ai dit que son film était trop long, trop compliqué et même chiant. Mais la fin est magnifique. Les 35 dernières minutes sont splendides, émouvantes, drôles. Je lui ai recommandé de tout remonter. Plusieurs amis cinéastes lui ont dit en mots plus techniques ce que je ressentais comme cinéphile. Il a remonté son film et a commencé sa carrière en festival avec le prix du meilleur film, à Doha. Il a reçu une bourse de 100 000$ et a terminé son long métrage en le remontant à nouveau.

Q : Si son producteur d'origine s'est retiré, on peut imaginer que les conversations entendues avec lui dans le film ne sont pas réelles?

R : Oui, ce sont des reconstitutions. Nous voulions leur donner un souffle, un côté rigolo. Car dans la réalité, les discussions qui avaient lieu avec le producteur étaient pires que celles entendues. Dans les négociations entourant la reprise du film, les propos étaient d'une grossièreté absolue. C'était incroyable!

Q : La mère de Namir est d'une grande franchise. Ses propos sont frontaux. Est-ce réellement le cas?

R : Absolument! Lorsque le film a été projeté à Doha, il y avait énormément de femmes saoudiennes, qataries, algériennes, marocaines, égyptiennes qui étaient unanimes à dire combien la mère de Namir était formidable. Elles disaient: «On aimerait en avoir une comme elle.» Elles étaient toutes émues de cette relation. Car c'est sa mère qui imprime l'état d'esprit du film. Elle y apporte toute son énergie.

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La Vierge, les coptes et moi est en salle depuis vendredi dernier.