Bill Pullman est un acteur hollywoodien connu pour avoir incarné le président des États-Unis dans Independence Day. «Mais je ne suis pas sûr que le jeu soit vraiment sa plus grande passion», dit le réalisateur Yung Chang dans The Fruit Hunters (Chasseurs de fruits en version sous-titrée en français), qui a pris l'affiche hier à Montréal.

Depuis plus de 20 ans, M. Pullman cultive une centaine de variétés d'arbres fruitiers dans son domaine de Hollywood Hills, en Californie. Jujubier de Chine et mûrier d'Iran y poussent grâce aux bons soins de l'acteur, que le documentaire montre les deux mains dans la terre. La Presse l'a joint pour parler d'un travail qui porte ses fruits.

Q: Qu'aimez-vous des fruits?

R: Je suis devenu accro aux fruits très jeune. L'idée de faire pousser ses propres fruits, de produire sa propre nourriture en reprenant un processus ancien, ça nous reconnecte aux saisons. L'un des présidents des États-Unis, Thomas Jefferson, faisait toujours référence au chez-soi comme étant une combinaison de la maison et des jardins.

À l'époque, tout homme d'État était aussi un jardinier, un propriétaire terrien. Je viens de lire un livre étonnant sur les pères fondateurs des États-Unis, The Founding Gardeners: How the Revolutionary Generation Created an American Eden. L'ouvrage raconte comment l'idée de faire pousser sa propre nourriture est liée à la démocratie.

Q: Qu'est-ce qui pousse en ce moment, dans votre jardin?

R: Nous récoltons beaucoup de kakis de la variété fuyu, du Japon. Vous pouvez les manger quand ils sont croquants, ou attendre qu'ils deviennent plus tendres, comme du pouding. Ils sont très beaux.

Q: Vous allez rendre jaloux les Québécois, dont les jardins sont gelés.

R: Je suis originaire de l'État de New York. Je me souviens de cette période où le gel se met à tout recouvrir... J'aime l'introspection à laquelle on se livre quand l'hiver arrive, puis l'énorme extraversion qui suit quand la terre commence à se réchauffer. Quand je vais à Montréal, j'aime trouver des confitures et des gelées locales, elles sont délicieuses. Les emballages en français me plaisent aussi.

Q: Dans Chasseurs de fruits, on vous voit rêver d'acquérir un terrain escarpé de Hollywood pour le transformer en verger communautaire. L'offre d'achat de votre groupe a été rejetée. Continuez-vous tout de même à récolter les fruits qui poussent dans les parterres des alentours avec vos voisins?

R: Cette aventure nous a appris que ce qui est le plus satisfaisant, c'est de réunir les gens. On prépare une fête communautaire le 15 décembre. Tout le monde apportera un plat, il y aura un concert. Puis, en janvier, nous retournerons récolter dans le quartier. (Note: en un an, le groupe communautaire Hollywood Orchard a récolté plus de 1800 kg de fruits, dont les trois quarts ont été remis à des banques alimentaires.)

Q: Quels sont vos projets comme acteur?

R: Je joue le président des États-Unis dans une série télévisée qui sera diffusée à compter de janvier à NBC, 1600 Penn. C'est l'histoire d'une famille non traditionnelle qui vit à la Maison-Blanche. J'ai aussi tourné un film en Jordanie, May in the Summer, de Cherien Dabis, une réalisatrice palestino-américaine. Il y est question d'une jeune femme qui retourne en Jordanie se marier et renouer avec son père, un Américain, que j'incarne.