Le père Noël, la fée des dents, le marchand de sable, le lapin de Pâques et un certain Jack Frost s'en vont en guerre contre le Croquemitaine. Parmi les créateurs de Rise of the Guardians (Le réveil des gardiens), un certain Guillermo del Toro. Oui, mieux vaut s'attacher!

«Ce n'est pas un film d'animation qui multiplie les références à la culture pop, comme cela se fait depuis une dizaine d'années. Ce n'est pas un film qui essaie d'être hip et in. C'est un film qui essaie au contraire d'être intemporel et affiche un sens du conte qui est actuellement perdu», a indiqué Guillermo del Toro qui, à titre de premier producteur, a rencontré les médias à New York afin de parler de Rise of the Guardians de Peter Ramsey (dont c'est le premier long métrage).

Cette «intemporalité» vient des imaginaires combinés du romancier et illustrateur William Joyce (auteur et coréalisateur du court métrage d'animation The Fantastic Flying Books of Mr. Morris Lessmore, pour lequel il a reçu un Oscar) et du scénariste David Lindsay-Abaire (Robots, Inkheart).

«Ma fille avait 6 ans, elle est entrée dans la cuisine avec son petit frère qui venait de perdre une dent et m'a demandé si le père Noël était ami avec la fée des dents», se souvient le premier. La fillette a ainsi ouvert une boîte de Pandore dans laquelle son père s'amuse depuis 14 ans. Histoire de revisiter des icônes chères aux enfants, auxquelles il a créé une mythologie différente, très originale, sans en détourner complètement la légende.

Santa Claus est ainsi devenu North, un géant russe tatoué, à la voix tonitruante mais au coeur d'or, qui travaille avec des yétis. Le lapin de Pâques, connu sous le nom de Pooka, est le dernier représentant d'une race de lapins géants australiens et il manie le boomerang comme les cow-boys jouent du revolver. La fée des dents, Tooth, travaille tout le temps (contrairement à ses comparses, qui ont une journée «attitrée») et ressemble à un oiseau-mouche qui ferait carrière de contrôleur aérien. Et ainsi de suite, avec le marchand de sable et l'homme dans la lune.

Ils sont les «gardiens de l'enfance» et les romans de William Joyce (5 des 13 tomes prévus sont publiés) racontent leurs origines. Rise of the Guardians est une histoire originale qui, elle, les suit 300 ans plus tard et se penche sur ce qu'ils sont devenus. Eux et un certain Jack Frost, qui ne se souvient pas de son passé. Ensemble, ils vont lutter contre le Croquemitaine, Pitch, qui n'en peut plus d'entendre les grands dire aux petits qu'il n'y a pas de monstre sous le lit. Il y en a un. Il y a LUI. Et il va le prouver.

Bref, un combat entre le Bien et le Mal, né de bien des séances de remue-méninges où auteurs, producteurs, designers de personnages et réalisateur ont plongé jusqu'à leur dernier neurone. «Je me souviens d'un petit-déjeuner qui a duré 12 heures», pouffe Guillermo del Toro.  «Ces rencontres-là sont très inclusives, un auteur peut donner une idée géniale pour le design d'un personnage et un dessinateur, trouver un des points forts de l'histoire.» Ce jour-là, le cinéaste - «J'ai tendance à m'emballer», avoue-t-il - a même pitché au groupe une histoire complètement différente de celle sur laquelle ils s'étaient entendus. Pour s'entendre répondre par Peter Ramsey: «C'est formidable, mais ce n'est pas le film que je suis en train de faire.»

L'école de l'animation

L'homme derrière Le labyrinthe de Pan s'est alors souvenu que, sur ce projet-là, sa place sur l'échiquier n'était pas celle de capitaine. Et il a repris son rôle de premier producteur, «qui est d'être une épaule sur laquelle pleurer au besoin, un confesseur, un garde du corps, un conseiller. Et, surtout, de soutenir le réalisateur et sa vision», explique Guillermo del Toro. Celui-ci a approché DreamWorks il y a quelques années pour y faire «un apprentissage en animation», dans l'intention d'y développer son propre projet, une fois l'outil apprivoisé. Depuis, il a agi dans les coulisses de Megamind, de Kung Fu Panda 2 et de Puss in Boots.

Il adore l'expérience: «Ce qui est extraordinaire en animation, c'est que vous avez la permission de penser. De changer d'idée. De faire les choses correctement.» Et faire les choses correctement, à ses yeux, dans un film d'animation familial, «c'est d'avoir des personnages d'enfants sophistiqués et complexes, qui ont des émotions et un côté sombre. Parce qu'il y a un côté sombre dans l'enfance, il y a la peur de la mort, de la maladie, il y a les craintes face à la société». Il a infusé de cela dans Rise of the Guardians. Il y en aura sûrement plus encore dans le Pinocchio en animation stop-motion sur lequel il travaille.

Et d'ici là, il nous offrira, en janvier, le film d'horreur Mama, qu'il a produit. Il réalisera le pilote de The Strain, série télévisée inspirée de sa trilogie vampirique écrite avec Chuck Hogan. Et, en juillet, ce sera la sortie du drame de science-fiction Pacific Rim - raison «officielle» de son départ de la barre de The Hobbit. Les attentes ne sont pas grandes, elles sont immenses.

Rise of the Guardians (Le réveil des gardiens) prend l'affiche le 21 novembre.

Les frais de voyage ont été payés par DreamWorks.