Il ne joue pas souvent les «méchants», mais il marque les esprits chaque fois qu'il le fait. Après No Country for Old Men, qui lui a valu un Oscar, Javier Bardem compose pour James Bond un rival mémorable.

«C'est mon premier gros film!» affirme Javier Bardem en parlant de Skyfall. Le célèbre acteur espagnol, lauréat d'un Oscar grâce à sa performance terrifiante dans le film des frères Coen No Country for Old Men, incarne Silva, un rival à la fois drôle, inquiétant, et tragique. Il offre du coup l'un des personnages les plus déstabilisants qu'aura eu à confronter James Bond au cours de son illustre carrière d'agent secret.

«Les gens ont l'impression que je ne joue que des personnages diaboliques, mais en réalité, je n'en ai incarné que deux ou trois! fait remarquer l'acteur. Silva reste avant tout un être humain. Ses dérives proviennent d'une vraie douleur. Tout le contraire du personnage que je campais dans No Country for Old Men, qui n'avait aucun sentiment. Pour moi, la clé de ce personnage réside dans l'inconfort qu'il provoque autour de lui. Même sur le plan de l'apparence. Il faut comprendre l'intérieur pour expliquer l'extérieur et en faire ensuite un personnage cohérent. Il était important pour moi de bien comprendre où Sam Mendes voulait l'emmener. Sa vision était très claire.»

Un processus souple

N'étant pas rompu aux superproductions, Javier Bardem dit avoir été étonné par la souplesse du processus créatif, même dans un contexte aussi gigantesque.

«J'ai été très agréablement surpris à cet égard, dit-il. Je me suis retrouvé dans un véritable laboratoire créatif, où rien n'est encore figé dans le ciment. Vraiment, j'ai eu un plaisir fou. Et j'ai eu l'honneur de partager des scènes avec des acteurs remarquables. Daniel, bien entendu, mais aussi Judi Dench.»

L'acteur affirme n'avoir pas ressenti de pression particulière sur le tournage, même si sa concentration fut parfois mise à l'épreuve.

«Dans le travail, il ne faut pas trop se laisser distraire, d'autant que j'ai toujours besoin de concentration supplémentaire quand je dois jouer en anglais, une langue étrangère pour moi, explique-t-il. Sauf que l'idée traverse quand même parfois ton esprit: tu joues dans un James Bond! C'est mythique. Il m'est arrivé d'en oublier une réplique! Il y a aussi eu cette fois où Judi Dench avait oublié d'éteindre son téléphone. J'ai craqué quand je me suis rendu compte que la sonnerie de son portable était le motif musical de Bond!»

Javier Bardem ressort en tout cas ravi de cette expérience, nouvelle pour lui.

«Après 25 ans de carrière, je me rends compte que ce que je retiens avant tout des films dans lesquels je joue, c'est l'expérience humaine derrière. Peu importe le succès ou l'échec des films en question.»