Le réalisateur Jimmy Larouche signe, avec La cicatrice, son premier long métrage. L'oeuvre est actuellement en compétition officielle, en Corée du Sud, au festival de Busan, où elle est présentée en première mondiale. On la verra au FNC aujourd'hui. Au téléphone depuis la Corée du Sud, M. Larouche répond à nos questions.

Petit garçon, Jimmy Larouche a ingéré plus que sa part de mots d'enfants qui sont devenus des maux d'enfance.

Chez d'aucuns, ces mots d'enfants peuvent paraître anodins. En réalité, ils peuvent faire très mal. Des mots qui écorchent l'âme et renvoient sans cesse à une condition d'exclu.

«Enfant, j'étais obèse, lance sans détour le réalisateur. Les autres m'appelaient «le gros». On pense que c'est inoffensif. C'est faux. Ça fait mal. Mais je n'étais pas que gros. J'étais aussi le plus fort. Et comme j'ai été entouré d'amour dans ma famille, j'avais confiance en moi. Après avoir gagné trois ou quatre bagarres, plus personne ne m'a fait la remarque.»

Il en est tout de même resté quelque chose. Un sentiment, une impression de douleur lointaine, une... cicatrice qui donne son nom au long métrage que Larouche a écrit et réalisé et qui, après son passage au FNC, sera présenté en salle en février prochain.

Mélange de vérité et de fiction, le film raconte l'histoire de Richard (Marc Béland) et Paul (Patrick Goyette), deux hommes qui se connaissent depuis l'enfance. Le premier a toutes les misères du monde à s'affirmer. Le second est une montagne d'arrogance. Au sortir d'une partie de hockey dans un gymnase, Richard décide de régler ses comptes avec Paul et le passé.

«J'ai travaillé durant trois ans sur ce film, raconte Jimmy Larouche. Or, j'ai souvent entendu des gens me dire, certains sur un ton de reproche, que parler d'intimidation est très populaire. Moi, j'avais envie de parler de ça. L'intimidation est quelque chose qui existe encore et le fait d'en parler est le meilleur moyen de trouver des solutions.»

Deux interprètes, deux approches

Pour interpréter ses deux personnages principaux, Jimmy Larouche a fait appel à deux acteurs qui travaillent de façon très différente. «Marc n'est pas un gars de répétition, mais il est l'un de ces rares acteurs qui ne jouent pas son personnage; il le devient entièrement. Alors, lorsque vient le moment de tourner, on doit être prêts. Patrick est le gars qui répète, pose des questions, étudie ses textes. Dans la vie quotidienne, Patrick est un homme extrêmement gentil. J'ai été heureux de le voir se transformer, pour rendre le côté baveux qu'il a dans le film.»

La cicatrice a été réalisé avec peu de moyens, ce qui lui donne un caractère intimiste. Avec ses plans larges, on a parfois l'impression d'assister à une pièce de théâtre. «Je ne connais rien au théâtre, mais ce n'est pas la première fois qu'on me fait cette observation, dit Jimmy Larouche. J'aime filmer dans le temps. J'aime les longs plans-séquences où les acteurs peuvent jouer en continu, se mouvoir, etc.»

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Ce soir, à 21h30, au Quartier Latin Demain, à 15h, au Centre PHI (espace B).