Avec Antiviral, film d'anticipation qui porte un regard clinique sur le culte de la célébrité, Brandon Cronenberg fait ses premiers pas dans le monde du long métrage. La Presse l'a rencontré en compagnie du comédien Caleb Landry Jones.

À l'école primaire, les enfants apprennent la conjugaison des verbes au futur proche. Antiviral, film d'anticipation du réalisateur torontois Brandon Cronenberg, s'approche parfaitement de cette définition.

Dans un futur pas très lointain, Syd March travaille dans une clinique où l'on cultive des virus extraits du corps de célébrités pour les injecter à des fans en mal de rapprochement avec leurs idoles. Doué d'un pouvoir de persuasion redoutable, Syd accumule les ventes de virus avec le zèle d'un employé du mois. Mais il n'en mène pas moins une vie parallèle faite d'espionnage, de vol, de trahison. Ce qu'il paiera très cher.

Ce film très clinique et graphique semble être la projection futuriste d'un condensé d'événements ou modes associés à la société occidentale depuis la fin du XXe siècle: Botox, stéroïdes, téléréalité, etc. Qu'en pense le réalisateur?

«Je considère mon propos comme une alternative au présent, dit Brandon Cronenberg, rencontré récemment à Montréal. Mais c'est davantage un film satirique que d'anticipation. Tout ce qui est dans le film est une exagération de ce qui existe déjà dans notre culture.»

Le culte de la célébrité est omniprésent dans ce film. Brandon Cronenberg ne cache pas que cette question le fascine. «Je m'intéresse à cette espèce de fossé, de collision entre la célébrité en tant que construction culturelle et son côté plus humain.»

Autrement dit, la recherche de la perfection prend le pas sur tout le reste. Et le scénario se nourrit du fait que ce ne sont pas uniquement les vedettes qui ont la tentation de marcher dans ces ornières.

«Aujourd'hui, avec les réseaux sociaux, les gens jouent aux paparazzi avec eux-mêmes. Ils se photographient, enlèvent leurs imperfections sur Photoshop et créent des images parfaites d'eux-mêmes», analyse le réalisateur, fils de David Cronenberg.

Pas un film d'horreur

Il y a beaucoup de blancs et noirs très vifs dans le film. Beaucoup de froideur aussi. Par moments, le spectateur a le sentiment d'évoluer à l'intérieur d'une oeuvre d'art contemporaine.

D'aucuns ont dit à Brandon Cronenberg que son oeuvre était un film d'horreur. Le réalisateur n'est pas prêt à aller jusque-là, pas plus que Caleb Landry Jones, interprète de Syd March.

«J'ai fait un film d'horreur auparavant et celui-ci n'en est pas un, assure Landry Jones. Pour moi, c'est davantage de la science-fiction.»

À la première lecture du scénario, l'acteur s'est dit intéressé et... inquiet. «J'ai eu peur, comme toujours, de scrapper le film, dit-il. Mais l'an dernier, j'ai été très malade et je savais que je pourrais tirer avantage de cette expérience pour bâtir le personnage. De surcroît, lorsque j'ai déménagé du Texas à Los Angeles, j'ai vécu un choc culturel auquel je n'étais pas préparé. Le scénario de Brandon aborde ce que j'ai vécu. Je m'y reconnais. Donc, ç'a aurait été stupide de ne pas me lancer.»

Irait-il lui-même jusqu'à donner un peu de son sang ou, du moins, de ses propres cheveux pour faire plaisir à ses fans? «On a mis nos cheveux en vente sur le web, juste pour voir, et ça s'est très bien vendu», répond Landry Jones du tac au tac.

Même chose avec les dents de John Lennon que des fans, sans jeu de mots, s'arrachaient, ajoute Brandon Cronenberg.

Décidément, il n'y a pas que son film qui donne froid dans le dos.

Antiviral prend l'affiche le 12 octobre prochain.