Ils ont fait mai 68 en France. Aujourd'hui, ils sont retraités, parfois seuls, souvent malades. Pour son deuxième long métrage, le cinéaste Stéphane Robelin s'attaque à un sujet de société pas jojo: le vieillissement de la population. Il a décidé d'en rire!

La comédie Et si on vivait tous ensemble? du cinéaste français Stéphane Robelin traite d'un enjeu social important: les conditions de vie des personnes âgées. Mais, au contraire du cinéma de CLSC des années 70-80 au Québec, il ne cherche pas à résoudre la problématique de l'âge d'or.

«C'est un sujet que tout le monde connaît, lance Stéphane Robelin en entrevue téléphonique depuis Paris. L'idée était de le traiter avec joie et bonne humeur.»

Ils sont cinq vieux copains qui se connaissent depuis 40 ans: un militant de gauche et sa femme mamie gâteau, une intello américaine et son mari victime de la maladie d'Alzheimer ainsi qu'un séducteur impénitent cardiaque. Ils s'aiment. Les circonstances de la vie les amènent à choisir de vivre en «communauté», de partager le même toit quoi. La chose ne sera pas sans provoquer certains remous de coeur et de corps.

Le réalisateur n'a pas peur des mots et de la réalité. Tous les sujets sont abordés dans ce condensé de la vie après 70 ans: la mort, la maladie, la sexualité, l'amitié, la mémoire, la rancune, la jalousie...

Et même s'il existe quelques communautés de personnes âgées en France, le cinéaste souligne que c'est une situation relativement nouvelle.

«La famille a changé, dit-il. Les vieux, on ne les prend plus chez soi. C'est un enjeu de société, mais les vieux doivent aussi réagir, trouver leur propre modèle. Les gens qui ont fait la révolution dans les années 60 n'ont pas tellement pensé à plus tard, à leur retraite. Personne ne le fait d'ailleurs, encore aujourd'hui.»

Et pour jouer ces personnages hauts en couleur, cinq grandes vedettes qui représentent tout un pan de cinéma franco-britannico-français: Jane Fonda, Geraldine Chaplin, Claude Rich, Pierre Richard et Guy Bedos.

«J'ai été très chanceux, estime Stéphane Robelin. J'ai pu courir après la petite musique que j'avais dans la tête avec ce sujet. Le fait que c'était un film choral leur a plu. Ils étaient ravis aussi parce qu'il est rare maintenant, pour eux, d'avoir un premier rôle au cinéma. Ça s'est bien passé.»

Cinq vedettes sans ego

Cinq vedettes pour un cinéaste, mais pas d'ego disproportionné sur le plateau. Dans le film, les acteurs principaux passent presque tous le même temps à l'écran.

«J'avais un peu peur de ça, mais je les ai pris comme si c'était de jeunes comédiens. Là aussi, c'était la joie, assure le cinéaste. Ils étaient tous impressionnés par les autres. Même Jane Fonda, qui a été la dernière à monter à bord. Les autres étaient mêlés au projet depuis 2006. Les rôles avaient pratiquement été écrits pour eux.»

Le problème de Et si on vivait tous ensemble? se situait ailleurs. Le premier film de Stéphane Robelin (Real Movie) date de 2003. Le scénario du deuxième a subi plusieurs réécritures, mais ce n'est pas tout.

«Même avec de tels acteurs, le projet a été difficile à monter financièrement, avoue

M. Robelin. Qui va se déplacer au cinéma pour voir une histoire de vieux? Ce n'est pas un sujet populaire, ni gai de prime abord. Beaucoup de personnes âgées sont venues voir le film. Elles l'ont adoré et se disaient en sortant: pourquoi pas?»

Stéphane Robelin persiste et signe. Il a trouvé dans l'âge mûr un sujet porteur. Il travaille déjà sur un autre film avec Pierre Richard et Guy Bedos. Que reste-t-il? disait la chanson à propos d'un certain âge certain. Les copains voyons!

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Et si on vivait tous ensemble? prend l'affiche le 5 octobre.