Les titres de ses films nous font retourner à l'époque du catalogue Distribution  aux consommateurs. Entrevue avec le cinéaste québécois qui a fait sienne  une décennie tout entière.

En 2008, après le succès de Québec-Montréal puis d'Horloge biologique, Ricardo Trogi bûche sur l'écriture de son prochain long métrage. Il met son scénario de côté et, «pour se faire plaisir», il entame l'écriture d'une comédie sur son enfance à Québec. Ce film, c'est 1981, qui sera le début d'une trilogie avec son personnage alter ego, incarné par le comédien Jean-Carl Boucher.

«C'est un bijou pour un scénariste. La nostalgie de la jeunesse, c'est une matière très riche pour un créateur, ça permet d'aborder le passé avec le recul de sa vision d'adulte. Et ça a permis aussi d'utiliser un autre processus de narration, soit de raconter une histoire sous l'angle d'un personnage subjectif, à qui les choses arrivent vraiment.»

Ricardo Trogi, qui se dit aussi nostalgique dans la vie, reconnaît que la nostalgie, c'est payant au cinéma. Le box-office de sa trilogie en témoigne. Alors que 1981 a dépassé le million de dollars aux guichets, les suites, 1987 et 1991, ont engrangé respectivement 2,7 millions et plus de 3,1 millions. Qui plus est, à chaque nouvelle sortie, ses films précédents redeviennent populaires sur iTunes et les plateformes numériques.

«Toutefois, je n'ai rien calculé, dit Trogi. Au Québec, aucun cinéaste ne trouve sa motivation dans le côté mercantile: le cachet du réalisateur ne dépend pas du box-office», dit-il. 

«Je me suis fait prendre à mon propre jeu. J'ai ouvert une porte et j'ai pris intérêt comme créateur à explorer le passé et la nostalgie de ma jeunesse.»

La culture musicale de Trogi débute avec le new wave dans les années 80 et s'arrête à 1995, quand il a quitté son poste de réalisateur à MusiquePlus.

«Musicalement, je suis resté stucké dans ces années-là, dit-il. Outre les chansons d'Ariana Grande que j'écoute avec ma fille de 12 ans, je ne connais rien de la musique actuelle [rires].»

Trois choses qui le rendent nostalgique

L'époque des patins à roulettes

«Les vieux à quatre roues, qu'on louait au Patinodrome ou à la Roulathèque. C'est le temps de mes premiers flirts sur la musique des Cars, de Gary Numan et de Michael Jackson.»

Radio Days, de Woody Allen

«Dans mon coffre ciné-nostalgie, c'est mon film fétiche. Le réalisateur revient sur son enfance dans Brooklyn, à côté de Coney Island. Le protagoniste a environ le même âge que mon alter ego dans 1981. Il observe sa tante qui écoute à la radio une émission animée par un ventriloque...»

Back to the Future, de Robert Zemeckis

«Bien sûr, je n'oublie pas ce classique de la science-fiction ! En fait, je regarde souvent la trilogie de Zemeckis, sortie entre 1985 et 1990, avec Michael J. Fox et Christopher Lloyd.»