À l'invitation des Rendez-vous Québec Cinéma (RVQC), le collectif Black on Black Films a organisé un programme de projections d'oeuvres réalisées par des cinéastes québécois afro-descendants. Au menu, ce soir à la Cinémathèque, trois courts métrages et un long métrage qui «explorent une vision afrocentrique du cinéma québécois».

«Nous sommes entre 300 000 et 350 000 personnes d'origine afro-américaine au Québec, mais nos histoires ne sont pratiquement pas racontées sur nos écrans», estime Henri Pardo, réalisateur et membre de Black on Black Films. «Partout, il y a du talent au sein de la diversité, mais les jeunes Noirs se découragent avant d'essayer de s'inscrire dans une école comme l'INIS, parce que le milieu du cinéma paraît inaccessible.»

D'où l'idée de Tout simplement noir, une séance qui s'est ajoutée à la dernière minute dans la programmation des RVQC, mais que Pardo et ses pairs souhaitent voir revenir à chaque édition.

On pourra voir Vole, vole, tristesse, court métrage impressionniste et philosophique de la cinéaste Miryam Charles, Color Blind de Vladimir Philogène, sur les relations tendues entre la police et la communauté noire à l'ère de Black Lives Matter, et Poussières d'Évangéline Kabuya. La pièce principale est The Lost Tapes, un documentaire sur le milieu du hip-hop québécois réalisé par Will Prosper entre 2005 et 2007. «Il y a toute une histoire autour de ce film, explique Henri Pardo. Au milieu des années 2000, le cinéaste croyait avoir perdu son film [le disque dur de son ordinateur a lâché et il a perdu tous ses rushs], mais il y a deux ans, Prosper a retrouvé un DVD avec une copie en basse résolution.»

Le résultat est fascinant et a une valeur presque anthropologique! C'est un véritable document d'archives qui témoigne d'une époque et d'artistes disparus depuis.

On suit le parcours de plusieurs artistes de la scène, des membres de Glamour Life, Kasheem, South Squad et Muzion, qui font le portrait de la situation de l'époque. Ils sont tous très critiques par rapport à l'industrie de la musique et la couverture médiatique du hip-hop. «Pourquoi il y a deux stations de radio de musique urbaine et hip-hop à Ottawa et aucune à Montréal?», déplorent-ils, entre autres choses.

La situation a-t-elle changé depuis? «Non, répond tout de go l'organisateur de Tout simplement noir, ça n'a pas vraiment changé. Les deux groupes rap qui ont du succès au Québec sont Radio Radio et Loco Locass. Il y a plein d'artistes afro-descendants qu'on ne voit jamais sur la scène musicale ou au cinéma. Ces artistes doivent être doublement inventifs pour se faire voir et entendre.»

Le documentaire sur le hip-hop québécois The Lost Tapes, réalisé par Will Prosper, est présenté samedi soir au Rendez-Vous Québec Cinéma le 24 février.

Vole, vole, tristesse sera présenté au Rendez-Vous Québec Cinéma le 24 février.