Le jeudi 28 mars 2013, La Presse a annoncé que l'Hôtel-Dieu serait vendu dans la foulée de l'intégration des trois hôpitaux du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM). Quatre ans plus tard, jour pour jour, La Presse rencontre, à l'Hôtel-Dieu, la réalisatrice Annabel Loyola, qui termine un documentaire sur cet établissement dont la vocation restera, du moins jusqu'en 2021, liée à des soins de santé.

Intitulé Le dernier souffle - au coeur de l'Hôtel-Dieu de Montréal, son film suit un premier opus consacré à Jeanne Mance, fondatrice de cet hôpital et de Montréal. Dans ce nouveau projet, Mme Loyola s'intéresse aux gens et au patrimoine des lieux. Quelques mots-clés pour comprendre.

PATRIMOINE

Le film s'attarde beaucoup au patrimoine matériel et immatériel de l'institution. « Ce patrimoine est avant tout humain, explique la cinéaste. L'Hôtel-Dieu a été fondé en même temps que Montréal. Leurs histoires sont liées. Leurs fondateurs avaient tous le même projet de société, le rêve d'un vivre ensemble. De plus, si Montréal existe, c'est parce que Jeanne Mance a donné à Maisonneuve l'argent [destiné à la construction] de l'Hôtel-Dieu. Ce sont des faits fondamentaux dont on doit parler. C'est aussi un grand patrimoine humain grâce à la contribution des Soeurs hospitalières de Saint-Joseph. »

HOSPITALIÈRES

Collaboratrices de Jeanne Mance, une laïque, les religieuses vont administrer l'Hôtel-Dieu de 1659 jusqu'en 1973. « Pour moi, elles sont dans la lignée de Jeanne Mance qui les a fait venir, dit Mme Loyola. Aujourd'hui encore, elles parlent de ce que Jeanne Mance leur a transmis. Mais elles sont vieillissantes. La dernière à faire ses voeux l'a fait en 1967. Elles disparaissent et on arrive à la fin d'un cycle. Comme l'Hôtel-Dieu, qui est l'âme de Montréal. Sauf que personne n'en parle ! »

BÉNÉVOLE

Mme Loyola a mis deux ans à faire son film. Afin de mieux s'intégrer et de mieux comprendre l'endroit, elle s'est jointe à l'équipe de bénévoles, très présents à l'écran. « Cet aspect du bénévolat rejoint complètement l'esprit des soeurs et de Jeanne Mance, dit-elle. C'est d'être là pour l'autre, sans retour et de façon désintéressée. Je voulais être bénévole d'abord parce qu'en tant que cinéaste, je prenais quelque chose. Alors, je voulais rendre de l'autre côté. Et j'ai souhaité comprendre la démarche du respect de l'autre. On ne saisit pas cela en un seul tournage. »

PRÉPOSÉ À L'ENTRETIEN

La réalisatrice a eu la bonne idée de donner la parole non seulement à des patients et à du personnel soignant, mais aussi à des travailleurs manuels, comme un peintre et un préposé à l'entretien. « Ils ont une grande importance, dit-elle. L'Hôtel-Dieu est une grande famille, une société, une ville dans la ville. Ce sentiment, je l'ai retrouvé aussi dans des documents d'époque. Ma compréhension de l'esprit des lieux passe par tous ces gens et ce qu'ils apportent aux autres. »

ABEILLES

Ce sont les abeilles, occupantes d'une ruche entretenue par un apiculteur dans le jardin des Hospitalières, qui forment le liant du film. Elles constituent la métaphore d'un recommencement perpétuel, d'une renaissance, d'un travail à la chaîne. « Mais elles sont aussi en voie d'extinction, dit Mme Loyola, en constante inquiétude quant au sort de l'hôpital. On arrive aussi à la fin de quelque chose avec les abeilles. Par ailleurs, elles produisent toutes sortes de bonnes choses pour la santé et elles se dirigent vers la lumière. Ce qui représente beaucoup d'espoir. »

Le dernier souffle - au coeur de l'Hôtel-Dieu de Montréal prend l'affiche le 7 avril.

Photo fournie par Amazone Film

Les religieuses ont administré l'Hôtel-Dieu de 1659 jusqu'en 1973.

Photo fournie par Amazone Film

L'équipe de bénévoles de l'Hôtel-Dieu occupe une place importante dans le documentaire.