Sculpturale dans sa robe noire, la comédienne Madeleine Péloquin faisait tourner bien des têtes en posant la semaine dernière sur le trottoir de la rue McGill, pendant que le vent - complice - faisait virevolter ses cheveux.

Flanquée des principaux artisans de Nitro Rush - la suite de la superproduction locale qui avait cartonné à l'été 2007 -, l'actrice enfilait les entrevues dans un restaurant du Vieux-Montréal, à quelques jours de la sortie du film.

Tête d'affiche de deux grosses productions (Nitro Rush, Les 3 p'tits cochons 2), théâtre, télévision, séparation, nouveau couple, nouveau bébé en route: affirmer qu'il s'agit d'une grosse année pour Guillaume Lemay-Thivierge relève de l'euphémisme crasse. «Je suis très présent à mon école de parachute aussi [Voltige 2001]», ajoute le prolifique acteur, qui admet en profiter pendant que ça passe.

Une situation qui détonne avec le tournage du premier Nitro, il y a une décennie, alors que le Monsieur Émile du Matou vivait une sorte de retour dans notre star-système local. Un «redépart», affirme le principal intéressé. «J'étais alors moins connu, j'avais moins de projets. Mais avec la notoriété vient le potinage. À un moment donné, ça te déprime», confie l'acteur, au sujet - on le devine - des nombreuses tranches de sa vie privée qui emballent régulièrement la machine à potins. «Je tripe moins là-dessus en vieillissant; je ne rêve pas d'être plus connu, mais j'aime toujours autant mon métier», ajoute Lemay-Thivierge, qui, à 40 ans, a étanché sa soif de notoriété.

Rien qui empêche toutefois le comédien d'être la grande vedette de Nitro Rush, dans lequel il renoue avec Max, son personnage dopé à l'adrénaline et à la testostérone, aux antipodes de son rôle de bellâtre un peu «gnochon» dans Les 3 p'tits cochons.

L'histoire reprend six ans plus tard. Max a toujours la mèche très courte et purge une peine pour le meurtre involontaire d'un policier. Il apprend alors derrière les barreaux que son fils de 17 ans (Antoine Desrochers) fraie avec une organisation criminelle dirigée par Daphné (Madeleine Péloquin), une perfide femme fatale prête à tout pour mettre la main sur la recette d'une nouvelle drogue qui fait passer la coke pour du petit-lait. Max entreprend alors de sortir de prison pour aider son fils à retourner sur le droit chemin.

Une tâche ardue, qui nécessitera beaucoup d'acrobaties (notamment à la tyrolienne façon Arbraska), de conduite à haute vitesse, de taloches et des égratignures en quantité industrielle. «J'ai été aidé par quelques effets spéciaux», souligne humblement le principal intéressé, reconnu pour faire ses cascades lui-même. «Tu ne peux pas vraiment te faire mal tellement t'es focus et je suis plus prudent en vieillissant», assure l'acteur-cascadeur.

Une méchante très physique

Madeleine Péloquin connaissait déjà le réalisateur Alain Desrochers (qui l'avait dirigée en 2010 dans Gerry) en allant passer l'audition. «J'ai un gros background en karaté [elle est ceinture brune] et ça m'intéressait de jouer un rôle féminin fort et physique, pas juste être la blonde de quelqu'un», raconte Péloquin, qui a pu teinter de sa couleur son personnage de Daphné, une sorte de Bond girl froide et calculatrice. «Elle est manipulatrice, sans scrupules et n'a rien à perdre», décrit l'interprète d'Angélique dans Les pays d'en haut, en parlant de son premier vrai rôle de méchante au cinéma.

À l'instar de Guillaume Lemay-Thivierge, la comédienne a tenu à exécuter elle-même ses cascades. Une entreprise rendue possible grâce à un entraînement rigoureux et à un régime restrictif. «C'était une bonne remise en forme pour la jeune maman que je suis», confie la mère de deux enfants, qui a bien hâte que le public découvre le film. «Je suis vraiment en paix, j'ai donné tout ce que je peux.»

«Tout film a le droit d'exister»

Le réalisateur Alain Desrochers a eu plus de facilité à «vendre» la suite de Nitro que le film original. Il remarque aussi une plus grande ouverture qu'il y a 10 ans pour les films de genre, mais estime qu'on pourrait oser encore plus. «Tout film a le droit d'exister; moi, je rêve de faire un western!», confie le réalisateur, qui explique que le quasi-abandon du côté «vroum-vroum» de Nitro est dû aux milliards de suites de la franchise Fast and Furious

«Je voulais un film d'action, mais réaliste. Un peu plus comme Die Hard

Le réalisateur s'estime choyé de tourner de nouveau avec Guillaume Lemay-Thivierge, à propos de qui il ne tarit pas d'éloges. «Quant à moi, c'est un surhomme», louange Desrochers, très fier aussi de tourner de nouveau avec son fils Antoine, qui hérite d'un rôle principal.

Madeleine Péloquin et Guillaume Lemay-Thivierge observent aussi un plus grand intérêt pour le cinéma de genre. «Les artisans actuels sont des pionniers courageux qui ouvrent le chemin», constate Lemay-Thivierge, évoquant au passage l'accueil mitigé qu'a reçu le film fantastique Le poil de la bête, dans lequel il a incarné un loup-garou en 2010.

En plus de servir au public des films originaux et de qualité, Alain Desrochers ajoute qu'il faut les faire avec les budgets québécois, à des années-lumière de ceux consacrés aux productions hollywoodiennes.

Un handicap pour la qualité de nos films? «Je pense que non. Les gens seront satisfaits et en auront pour leur argent», croit le réalisateur.

Une impression partagée par le héros de son film.

«Personne dans le monde ne peut nous "clencher" pour ce qu'on crée avec les sommes allouées», estime Guillaume Lemay-Thivierge, très fier d'avoir battu des films hollywoodiens au box-office avec le premier Nitro.

N'en déplaise aux critiques qui descendent souvent en flammes les films de genre québécois, Alain Desrochers remet son oeuvre entre les mains du public. «Si le deuxième film existe, c'est parce que le public l'a voulu. Ce sera la même chose pour le troisième!», lance le réalisateur.

Nitro Rush prendra l'affiche le mercredi 31 août.