RuthLe bonheur c'est une chanson tristeToiDeux fois une femmeLe météoreChorus. Six titres, une rétrospective. Celle des six longs métrages réalisés par François Delisle présentés à compter de ce soir au Cinéma Excentris.

Un fil conducteur? «Je crois que mes films posent des questions, dit le cinéaste dont les oeuvres voyagent de par le monde. Ils ne donnent pas nécessairement des réponses. Les films qui posent des questions laissent beaucoup de place aux spectateurs, en ce sens qu'ils interpellent ceux qui les regardent. J'ai toujours eu le souci d'engager un dialogue avec la personne qui regarde mes films. Alors, questionner et se questionner, c'est récurrent dans mes films...» 

En plus d'être en salle, la rétrospective de l'Excentris peut se vivre sur la plateforme web du cinéma où l'on propose aussi une longue entrevue avec le cinéaste.

La Presse a demandé à François Delisle de commenter trois de ses films.

Ruth

1994

«Après plusieurs courts et un moyen métrage, Ruth fut mon premier "long". Je l'ai fait avec très peu de moyens. L'été précédant le tournage, j'avais joué dans le film Deux actrices de Micheline Lanctôt. Ce fut une expérience formatrice pour quelqu'un qui se lançait dans un premier long sans argent. Car Micheline avait fait à peu près le même exercice avec son film. Ruth a quand même eu un certain impact à un moment où le cinéma québécois n'avait pas du tout de presse. Il n'y avait pas vraiment de film de ce genre qui se faisait à l'époque.»

Le bonheur c'est une chanson triste

2004

«Lorsque je suis arrivé avec ce film, un changement s'était opéré dans le milieu avec C.R.A.Z.Y. [de Jean-Marc Vallée]. Le Québec a réalisé qu'on pouvait faire du cinéma d'auteur avec un retentissement. Les films québécois avaient aussi commencé à avoir un grand impact médiatique. C'était le jour et la nuit avec la période précédente. Avant de tourner, j'ai fait comme mon personnage [Anne-Marie Cadieux] et je suis allé interviewer des gens au hasard avec ma caméra. C'était comme une recherche documentaire pour alimenter mon projet de fiction. Or, certains éléments pris dans le réel ont été scénarisés pour le film.»

PHOTO FOURNIE PAR CINÉMA LIBRE

Le bonheur c'est une chanson triste

Le météore

2013

«Ce film fut un tournant pour moi au niveau de la production et dans la façon de faire des films. Je m'étais un peu éloigné de ma ligne de pensée et j'avais donc besoin de revenir à quelque chose de plus près de moi, de travailler de façon presque artisanale. Je souhaitais avoir un certain contrôle artistique sur à peu près toutes les étapes. C'est de cette façon que j'ai tourné Le météore, sur deux ans, sans en parler à personne. J'ai lentement avancé dans un processus de réappropriation du médium. J'ai pu en partie conserver cela avec Chorus (son plus récent film dont il signe le scénario, la photographie, le montage, la réalisation et la production). Le météore a donc été une étape importante pour moi. Je suis allé au bout d'un processus très satisfaisant et je me suis dit que je ne devais pas le lâcher.»

Photo: fournie par Films 53/12

Noémie Godin-Vigneau dans Le météore de François Delisle.