Et si le passé, le présent et le futur existaient simultanément? C'est la question que pose Simone, physicienne, dans le prochain film d'André Turpin présentement en tournage, et qui prendra l'affiche en 2015. Le film explore la vie de Simone, une femme au destin peu ordinaire interprétée par trois actrices d'âges différents.

Ce quatrième long métrage d'André Turpin porte pour l'instant le titre de travail Endorphine. Le cinéaste n'avait pas réalisé de long métrage depuis Un crabe dans la tête, lauréat de sept Jutra en 2002, dont celui du meilleur film. Depuis, il a surtout collaboré en tant que directeur photo aux films des autres, dont, tout récemment, Mommy de Xavier Dolan.

Sophie Nélisse, Mylène Mackay et Lise Roy sont toutes trois Simone, à 13, 25 et 60 ans. Simone est traumatisée par le meurtre de sa mère à 13 ans, solitaire et timide à 25 ans, puis elle finit par devenir une physicienne épanouie donnant des conférences sur le temps à 60 ans.

Mais ces trois Simone sont-elles bel et bien la même personne? Ou s'agit-il plutôt de trois femmes au même prénom qui se ressemblent et évoluent en parallèle? Ou les deux à la fois? Le mystère plane sur ce scénario intrigant.

«Il y a plusieurs clés pour décoder le film, et la relativité de la nature du temps dont Simone parle dans sa conférence scientifique en est une», dit André Turpin, rencontré hier sur le plateau où était tournée la scène de la conférence donnée par Simone.

«À part le cinéma, la physique a toujours été ma grande passion et il y a longtemps que je voulais faire un film là-dessus, dit-il. Le cinéma est une bonne façon de traiter du temps. Mais ç'a été très long d'écrire le scénario, car c'était un sujet abstrait. En plus, je suis très lent comme scénariste, et ce projet de scénario était complexe, alambiqué et vertigineux. Ça explique en partie pourquoi je n'ai pas fait de long métrage depuis Un crabe dans la tête

Les trois Simone

Puisqu'elles jouent Simone à des âges différents dans des histoires parallèles, les trois actrices principales n'ont presque pas travaillé ensemble. Elles ont abordé le personnage chacune de son côté.

«Les trois Simone sont différentes, dit Mylène Mackay. Il y a une logique de l'inconscient qui les unit, avec un arc dramatique qui se suit et qui fonctionne, mais qui est plus de l'ordre du rêve. Nous n'avons pas eu à jouer de la même façon. La ressemblance entre nous est surtout physique.»

La première Simone est Sophie Nélisse, qui a maintenant 14 ans.

«Simone est vraiment différente de tout ce que j'ai fait avant, dit la comédienne. Avant, j'ai surtout joué des rôles de petite fille mignonne qui va bien. Au début du film, Simone est une jeune fille énergique et proche de sa famille. Mais après la mort de sa mère, elle ne ressent plus rien. Elle est bloquée émotionnellement. Elle fait donc toutes sortes de choses étranges dans le but de ressentir des choses. Elle devient obsédée par sa langue et se met à lécher des trucs pour éprouver des sensations.»

Ne pas laisser indifférent

Mylène Mackay, que l'on a surtout vue au théâtre et à la télévision, en est à son premier rôle important dans un long métrage. Elle joue Simone à 25 ans.

«C'est une jeune femme souffrant de timidité maladive, dit-elle. Elle vit en solitaire et elle est fascinée par sa voisine d'en face. Ç'a été un rôle très intéressant, car on était vraiment dans la composition physique et l'abandon. Je me suis inspirée, entre autres, de Nicole Kidman dans The Hours

La troisième Simone est jouée par Lise Roy, que l'on a pu apprécier récemment dans le rôle de la mère dans Tom à la ferme.

«J'ai trouvé cela fascinant de jouer une femme qui est fondamentalement intéressée par la science et la physique, dit Lise Roy. Je me suis rendu compte que ce sont des sujets qui m'intriguent depuis longtemps. Pour un autre projet, avec Robert Lepage, un physicien américain était venu nous parler de la théorie des cordes. Ces sujets, même si on ne les comprend pas complètement, ne peuvent pas nous laisser indifférents. Pour que Simone soit crédible en donnant ses conférences sur la physique, j'ai travaillé le texte à un point où même moi, j'y croyais.»

À leurs côtés, on retrouvera Guy Thauvette, Monia Chokri, Stéphane Crête et Anne-Marie Cadieux.