Mettant en vedette Julianne Côté, Catherine Saint-Laurent et Marc-André Grondin, le troisième long métrage de Stéphane Lafleur met de l'avant l'humour pince-sans-rire émanant du quotidien de gens de 20 ans. Bien accueilli au Festival de Cannes, Tu dors Nicole entreprend maintenant sa carrière québécoise.

Les personnages

JULIANNE CÔTÉ

(Nicole)

Révélée au cinéma il y a quelques années grâce au premier long métrage d'Anaïs Barbeau-Lavalette (Le ring), Julianne Côté hérite cette fois d'un premier grand rôle au cinéma. Son personnage est de tous les plans du film de Stéphane Lafleur.

«J'ai aussi eu la chance de jouer la fille de François Papineau dans la série En thérapie, raconte celle qui voue une admiration sans bornes à Michelle Pfeiffer. Stéphane travaillait à cette série à titre de monteur. Je ne l'avais jamais rencontré avant le visionnement d'équipe de la série. C'est là que j'ai su que des auditions étaient organisées pour son prochain film et que, après avoir regardé du côté des non-professionnelles, il se tournait maintenant vers des actrices de métier.

«Quand j'ai été rappelée, poursuit-elle, j'ai alors eu l'occasion de lire le scénario du film. C'est à ce moment que j'ai pu constater à quel point c'était beau. Je n'ai jamais rien senti de trop lourd à porter, car même si Nicole est toujours dans l'histoire, elle est constamment entourée de personnages intéressants. J'avais l'impression de jouer dans un film choral plutôt que d'incarner le personnage principal. Quand j'ai vu le film la première fois, j'ai été ravie. Même si l'exercice de se voir sur grand écran est parfois difficile, j'ai été heureuse de constater ma capacité à me distancier personnellement du personnage. Quand je regarde l'affiche du film à Excentris, qui est trois fois grande comme mon appartement, je vois Nicole, pas moi!»

CATHERINE SAINT-LAURENT

(Véronique)

Danseuse de formation, Catherine Saint-Laurent campe ici un tout premier rôle au cinéma. Pour cette ardente cinéphile, commencer une carrière de comédienne dans un film de Stéphane Lafleur ne pouvait pas constituer meilleure initiation.

«C'est une année de premières, pour moi! dit-elle avec un grand sourire. Mon premier rôle au cinéma, mon premier voyage à Cannes. Là-bas, c'est fou et surréaliste. Il y a bien des gens qui ne sont là que pour le «glam de la patente», mais c'est aussi un rendez-vous de cinéphiles passionnés pour qui rien d'autre n'existe que le cinéma. La passion reste au coeur de ce festival et ça m'a ravie.»

La jeune actrice a été convoquée en audition au moment où elle s'apprêtait à entreprendre ses cours au Conservatoire d'art dramatique parallèlement à sa formation en danse.

Quand on lui a offert le rôle de Véronique, la meilleure amie de Nicole, Catherine Saint-Laurent avait un contrat avec le Cirque du Soleil. Elle n'a pourtant pas hésité à faire son choix. À ses yeux, il aurait vraiment été trop bête de rater la chance de travailler avec un cinéaste dont elle admirait déjà le travail.

«J'adore le cinéma, lance-t-elle. Pour mon tout premier travail, je me suis fait embaucher par un club vidéo afin d'avoir l'occasion de visionner des films gratuitement! Je vois des films de tous les genres, mais j'ai quand même des cinéastes favoris: Lars von Trier, Larry Clark, Harmony Korine. Ce sont des gens qui font plus que du cinéma. Ce sont des rebelles, des punks. Pis j'aime ça. Ils créent des choses. Ils inventent. Ils osent. Ils mettent de l'avant de vraies propositions d'artistes. Ça m'attire beaucoup.»

MARC-ANDRÉ GRONDIN

(Rémi)

Marc-André Grondin joue de la batterie, dans la vie, mais dans Tu dors Nicole, son personnage est guitariste. Du coup, l'acteur a dû se remettre à un instrument qu'il n'avait pratiquement pas touché depuis le tournage de Bus Palladium, il y a cinq ans. Peu avant le Festival de Cannes, Grondin avait raconté sa rencontre avec Stéphane Lafleur.

«Quand je l'ai rencontré, j'avais déjà lu le scénario de son film. J'étais déjà intéressé, car je suis déjà très admiratif de son cinéma. J'avais adoré Continental, un film sans fusilet En terrains connus. Donc, c'est moi, en fait, qui ai essayé de me vendre auprès de lui! Nous avons jasé de tout et de rien. Nous avons appris à nous connaître, car nous ne nous étions jamais croisés.»

L'acteur est en outre très attiré par le sens de l'observation dont Stéphane Lafleur fait preuve dans son approche.

«Stéphane s'intéresse à des gens à qui on ne porte pas attention habituellement. Il sait comment extraire la poésie de la vie normale. Ça me parle beaucoup. Sa façon de raconter est très sensible, très poétique. Il n'y a aucun mépris dans son approche, même si, parfois, ses personnages sont un peu grotesques. Un peu comme Todd Solondz avec Happiness, mais en moins sombre, en moins déprimant...»

Marc-André Grondin se trouve actuellement à Londres pour tourner Spotless, une série policière en 10 épisodes commandée par la chaîne spécialisée française Canal Plus.

Des musiciens qui prennent de la place...

Quand Rémi (Marc-André Grondin), le frère aîné de Nicole, débarque dans la maison familiale pour s'installer avec son band, il assure que la présence des musiciens devrait passer inaperçue. Pourtant, cette cohabitation inattendue aura tôt fait de créer certaines tensions. Leader du groupe Avec pas d'casque, le cinéaste Stéphane Lafleur affirme qu'il ne s'est pas projeté lui-même du tout dans le groupe qu'il met en scène dans son film.

« Cela n'a rien d'autobiographique, dit-il. En revanche, je savais que la musique allait occuper un espace important dans le film, d'autant que la présence du groupe constitue un élément perturbateur pour Nicole. »

Marc-André Grondin, Francis La Haye et Simon Larouche forment un trio qui interprète les pièces originales composées par Rémy Nadeau-Aubin, membre du groupe Jacquemort et anciennement des groupes Malajube et The Hot Springs. Le groupe montréalais Organ Mood s'est par ailleurs chargé des enchaînements musicaux supplémentaires.

« Je tenais vraiment à séparer la musique du groupe et la trame sonore du film pour bien marquer les différences entre les deux univers », indique le cinéaste.

PHOTO FOURNIE PAR FILMS SÉVILLE