Sorti mercredi sur les écrans français, le film Gabrielle de Louise Archambault reçoit un accueil critique globalement enthousiaste. En salle, il a toutefois connu un démarrage un peu décevant. Rien n'est encore joué, mais le nombre d'entrées du week-end sera déterminant pour la suite de sa carrière.

Gabrielle, qui raconte un amour naissant entre deux jeunes handicapés intellectuels, a pris l'affiche sur une centaine d'écrans à travers le pays, une jolie sortie, voire un gros pari, pour un film d'auteur sans vedettes, signé par une réalisatrice inconnue.

Dans la presse sérieuse et grand public, le long métrage a recueilli des commentaires majoritairement élogieux.

«Il faut courir le voir, et célébrer, avec ses interprètes, ce beau mariage de l'innocence et des sentiments», a ainsi lancé l'hebdomadaire Le Nouvel observateur, séduit par un film qui «réussit à faire d'un sujet tabou et un peu gênant un magnifique hymne à l'amour et à la tolérance.»

«Vous n'oublierez jamais ces Roméo et Juliette pas comme les autres», a renchéri Paris Match.

Le Monde a parlé de son côté d'un «petit moment de grâce transcendé par les chansons de Robert Charlebois.» Ce film est «simple et touchant. Banalement humain», a résumé L'Express, «solaire, beau et émouvant», a ajouté le Journal du dimanche, tandis que La Croix a évoqué un «film lumineux sur l'amour, la vulnérabilité et la force de personnages handicapés, transcendés par l'art, à l'intérieur d'une chorale.»

«L'interprétation de Gabrielle Marion-Rivard (qui n'est pas une actrice) emporte le film vers des sommets de naturel. Elle éclaire, rayonne, irradie avec sa faiblesse et sa force, ses gestes désaccordés et sa beauté d'amoureuse», poursuit le quotidien catholique.

Dans ce concert de louanges, au moins deux fausses notes se sont fait entendre.

Le magazine branché Les Inrockuptibles a été particulièrement cinglant, dénonçant une «love story bateau et complaisante», «le genre d'oeuvre comminatoire qu'on est sommé d'applaudir sous peine de passer pour réac/raciste.»

«Y a-t-il pire que les films qui contraignent à la commisération, tels des mendiants vous culpabilisant avec leur détresse?», ont demandé Les Inrocks.

«La réalisatrice aime tellement ses personnages qu'elle ne parvient pas à s'en détacher: elle les regarde tant et tant qu'elle en oublie, par moments, son intrigue et sa mise en scène. La sensibilité seule est recherchée. Un rien trop. «L'émotion peut-elle justifier l'abus de bons sentiments?», s'est aussi interrogé l'hebdomadaire culturel Télérama.

En salles, Gabrielle a connu un démarrage moyen. Le film a fait 249 entrées dans 13 salles à Paris lors de la première (et fatidique) séance du mercredi. Sur l'ensemble de la journée, à travers le pays, il a attiré dans les 100 salles où il est projeté plus de 2750 spectateurs. C'est un peu décevant, mais chez le distributeur Haut et Court, on reste confiant.

«Ce n'est pas un film du «premier jour». Les critiques sont très bonnes, les retours aussi. On y croit beaucoup. On sait que ça va démarrer. Le week-end sera déterminant», note Marion Tharaud, la directrice du marketing du distributeur.

La semaine dernière, Gabrielle a reçu le Grand Prix Cinéma des lectrices du magazine Elle, ex aequo avec Suzanne de Katell Quillévéré.