Un peu plus détendu que lors de sa première mondiale à Cannes, le réalisateur québécois Sébastien Pilote s'apprêtait mercredi soir à présenter son deuxième long métrage au Festival international du film de Toronto (TIFF), Le démantèlement.

Le cinéaste, dont le premier film, Le Vendeur, avait été salué par la critique, perçoit plutôt son passage dans la Ville Reine comme l'occasion d'échanger avec les spectateurs.

Le vrai test se passera plutôt au Québec. De son propre aveu, Sébastien Pilote dit penser «beaucoup, beaucoup» à la sortie de son film dans la province, affirmant l'avoir tourné pour les gens des régions.

Le démantèlement raconte l'histoire d'un éleveur d'agneaux qui se résout à vendre sa ferme pour aider sa fille aînée - interprétée par Lucie Laurier -, aux prises avec des problèmes financiers, et qui doit par la suite emménager dans un appartement dans une petite ville.

Déjà présenté à La Rochelle, Karlovy Vary et Lima, entre autres, le film sortira en salle au Québec le 15 novembre.

«J'aimerais que les Québécois qui ne sont pas allés au cinéma depuis longtemps, pour toutes sortes de raisons - peut-être parce qu'on présente du cinéma pour les adolescents dans les salles commerciales -, iront voir mon film, parce que je l'ai fait pour eux», a-t-il souligné en entrevue avec La Presse Canadienne, mercredi.

Il a ajouté que plusieurs spectateurs reconnaîtraient sans doute un père, un oncle ou un grand-père dans le personnage incarné par le comédien Gabriel Arcand, Gaby.

L'acteur était plutôt réticent, au départ, à accepter le rôle, soutenant ne pas connaître grand-chose aux animaux.

«Moi, j'avais confiance et j'avais très envie de lui offrir un rôle comme celui-là, où il porte le film sur ses épaules du début à la fin. C'est un acteur que je vois depuis que je suis tout jeune, j'ai grandi avec Les Plouffe», a raconté Sébastien Pilote, assurant que son pari était réussi et que de l'avis de tous, la performance de Gabriel Arcand est remarquable.

Un talent acclamé, et qui semble partagé par plusieurs des concitoyens de l'acteur, qui défilent eux aussi sur le tapis rouge du TIFF.

«Tous les médias américains et canadiens nous posent la question, ils veulent savoir ce qu'on mange pour être différents du reste du pays. Je pense qu'on fait des films différents, qui nous ressemblent. Moi, je suis fier de ça, c'est incroyable... Le cinéma québécois attaque sur tous les fronts, que ce soit Denis Côté à Berlin, Xavier Dolan à Venise ou Louise Archambault à Locarno», a souligné le réalisateur.

Un film plus «généreux»

De son propre aveu, Sébastien Pilote a voulu faire un deuxième film «plus rond, généreux et intimiste» que sa première réalisation, tentant du même coup de ratisser plus large.

«Je pense que c'est un film qui peut rejoindre beaucoup plus de monde que Le Vendeur, de par son aspect plus bucolique. La courbe dramatique est plus accessible, il a quelque chose de plus classique. Tout le monde peut aimer ce film-là», a-t-il expliqué.

Et les thèmes abordés, dont la filiation, vont résonner auprès des Québécois, estime le réalisateur.

«C'est quelque chose de profondément ancré en nous, nos ancêtres, la paternité... Les Québécois, on vient d'un milieu un peu plus pauvre, ce sont des défricheurs et c'est ce type de personnage-là qu'est Gaby», a-t-il indiqué.

Le réalisateur planche déjà sur son prochain film, un scénario qu'il avait laissé en plan le temps de tourner Le démantèlement. Une transition qui n'est pas des plus aisées, et qui s'apparente un peu à la transplantation d'une plante, a-t-il expliqué.

«Mon héroïne est plus jeune, c'est une adolescente de 17 ans qui lit Proust dans une petite ville industrielle et qui aura une sorte d'histoire d'amour platonique avec un autre marginal, un guitariste de 40 ans qui habite encore chez sa mère», a révélé Sébastien Pilote, ajoutant à la blague qu'il délaissait finalement ses «histoires de vieux».