Deux ans après Ce coeur qui bat, documentaire traitant du quotidien dans un hôpital montréalais, Philippe Lesage nous revient avec Laylou, chronique d'un été charnière pour un groupe d'adolescentes au terme de l'école secondaire. Entre ces deux sujets que tout oppose, un point de contact: Laurence, une jeune femme lumineuse. En entrevue, le réalisateur Philippe Lesage nous explique sa démarche.

Q : Qu'est-ce qui est à la base de votre film?

R : Après Ce coeur qui bat, qui traite de la maladie, et inévitablement de la mort, j'avais envie d'explorer un univers non seulement différent, mais presque contraire: la jeunesse, l'adolescence. Je voulais aller à la découverte d'un monde que je connais mal: à quoi ressemble l'été à 17 ans lorsqu'on est une jeune fille et qu'on vit entre la campagne et la banlieue d'une grande ville? Mon rôle n'était pas de juger, mais de révéler au contraire les beautés secrètes ou les trésors cachés de leur quotidien. Laylou est un film qui s'intéresse à saisir une atmosphère et des états d'âme reliés à l'adolescence. C'est aussi une peinture en mouvement, teintée de cette impression nostalgique que nous assistons à la fin d'un temps pour ces jeunes filles. C'est ce qui m'intéresse le plus comme cinéaste: aller photographier l'âme!

Q : Qu'avez-vous découvert au fil de ce travail?

R : J'ai appris à me méfier des apparences. On pourrait me demander pourquoi filmer ces filles plutôt que d'autres? Qu'ont-elles de si extraordinaire? Je réponds: plus on s'attarde à connaître les gens, plus, en général, on finit par les aimer et découvrir en eux des similitudes avec nous ou des différences encore plus enrichissantes.

Q : La jeune Laurence de Ce coeur qui bat revient dans Laylou. Qu'aimez-vous chez elle?

R : Dans Ce coeur qui bat, Laurence était d'un naturel éclatant devant la caméra. Elle a aussi une présence posée et parfois angélique. En voulant me pencher sur l'adolescence, je me suis simplement dit: pourquoi ne pas commencer par elle? J'aimais l'idée de commencer un film par celle qui avait terminé le précédent. Et par son contact, je suis tombé sur ses amies, dont l'autre Laurence, personnage que l'on découvre plus tard et qui apporte un élan de paroles et de vivacité au film. Laylou est donc devenu le portrait d'un groupe de filles autour des deux Laurence.

Q : En quoi l'usage du long plan-séquence sert le propos?

R : Le plan-séquence est pour moi fidèle à la vraie vie! J'adore ces scènes où les personnages entrent et sortent du cadre naturellement. Ainsi, la scène de la baignade à la carrière est pour moi magique. Tout se passe comme si tout avait été orchestré, dirigé. Laurence nage vers nous, des garçons sautent d'une falaise en arrière-plan et un grand héron passe en premier plan. Le plan-séquence donne la possibilité de saisir et d'immortaliser toute la beauté étrange de la vie et du monde, comme en peinture. Mais au cinéma, tout est en mouvement et c'est une représentation directe du réel.

Q : Parlez-nous de votre premier long métrage de fiction, Copenhague, que vous tournez actuellement...

R : C'est un film qui s'inspire largement du réel. J'ai vécu des années cruciales et merveilleuses au Danemark, comme étudiant en cinéma, puis comme professeur de documentaire. Mon film est une lettre d'amour au Danemark et à mes amis là-bas. Copenhague raconte les petits drames, principalement amoureux, d'un groupe d'étudiants danois en cinéma et de leur professeur québécois. La SODEC a aussi donné le feu vert à la production d'un long métrage de fiction (Les démons), qui sera tourné au Québec. C'est un film d'horreur autobiographique sur mon enfance dans le Vieux-Longueuil.

__________________________________________________________________________

Laylou sera présenté à l'Excentris dès le 10 mai.