Véritable «ovni documentaire», comme l'a écrit Libération, le film Bestiaire, de Denis Côté, connaît en France un succès critique inversement proportionnel à l'importance de sa sortie en salles.

Tourné dans un zoo, le documentaire n'a pris l'affiche mercredi dernier que sur un seul écran à travers le pays (au centre de Paris). Lors de son premier jour d'exploitation, il a attiré une centaine de spectateurs et si tout se passe bien il pourrait faire au final un millier d'entrées, ce qui serait un joli succès.

Dans la presse, le film a suscité des commentaires unanimement enthousiastes voire dithyrambiques, qui viennent assoir encore davantage dans les milieux cinéphiles la réputation de Côté, décrit par Libération comme une «attachante bête de festivals».

L'ensemble de la presse «sérieuse», intellectuelle et branchée, comme l'influent magazine Les Inrockuptibles, a salué cette «exploration fascinante et rêveuse du monde des animaux».

Le quotidien Libération a été particulièrement emballé par le «jeu virtuose» et «l'extrême rigueur formelle (de cet) antidocumentaire animalier aux résonances spectrales de film d'angoisse, scrutation de l'univers concentrationnaire des ménageries de fer».

Même tonalité du côté du Monde, qui a salué la «radicalité» et la «maîtrise étonnante» de Denis Côté, dont les images «s'offrent avant tout comme expérience, au sens le plus brut du terme».

«Le résultat est fascinant», a jugé le quotidien.

Séduit par cette «curieuse virée au zoo», le magazine Télérama a noté pour sa part que Coté savait «révéler l'invisible en sortant le spectateur de sa zone de confort (avec des tableaux au) graphisme éblouissant» et des scènes à «l'étrangeté presque surréaliste».

«L'originale et mystérieuse beauté du film réside dans sa manière (à) de laisser libre cours au surgissement poétique d'imaginaires variés que déclenchent les simples mouvements de ces animaux. De faire d'un zoo le plus bel écrin du cinéma», ont renchéri les Inrocks.

Le journal La Croix a parlé pour sa part d'une oeuvre en «trompe l'oeil qui baigne dans une lumière pâle, avec une bande-son ciselée, astucieusement travaillée», d'un «dispositif précis, rigoureux» d'où naissent des «effets insolites, poétiques, miraculeux».

A la dernière Berlinale, le grand festival de cinéma allemand, le dernier long métrage de fiction de Denis Côté, Vic + Flo ont vu un ours, a obtenu un Ours d'argent, le prix Alfred-Bauer, remis «à un film qui ouvre de nouvelles perspectives».