Après Goon en début d'année, la cuvée du cinéma québécois en 2012 se termine par un autre film de hockey: Les pee-wee 3D. Dans ce feel good movie familial du temps des Fêtes, le scénario est porté par de jeunes comédiens avec de la poigne. La Presse a rencontré les principaux artisans du film.

Bon. Lequel d'Alice, d'Antoine et de Rémi est le moins sportif?

La question aussitôt lancée, Alice Morel-Michaud pointe bien haut le bras au ciel, un sourire radieux barrant son visage sur lequel s'éparpillent quelques-uns de ses longs cheveux très fins.

«Moi, dit-elle avec assurance et les yeux brillants. J'avais une base, je savais patiner. Mais si je me compare à eux, ce n'était rien.»

Eux, ce sont Antoine Pilon et Rémi Goulet, deux adolescents qui, avec Alice, partagent la vedette du film Les pee-wee 3D d'Éric Tessier. Entourés de six autres jeunes comédiens, ils forment les Lynx, équipe de hockey de Mont-Saint-Hilaire aspirant à se rendre au prestigieux tournoi pee-wee de Québec.

Alice incarne Julie, gardienne de but farouche, «Tomboy» assumée et dotée d'un leadership d'enfer. Rémi est Joey, as marqueur, baveux et au-dessus de ses affaires. Ces deux-là mènent une équipe à laquelle il manque encore un élément gagnant pour aspirer aux honneurs.

C'est là qu'arrive Janeau (Antoine Pilon), adolescent en deuil de sa mère pour qui le hockey ne signifie plus grand-chose. C'est sans compter le pouvoir de persuasion de Julie. Mais il y a un obstacle: Joey qui, sous l'influence du paternel, accueille mal cette nouvelle étoile.

«C'est complètement un anticasting, dit Alice Morel-Michaud à propos de son rôle. Je ne suis pas comme ça dans la vie. Je ne suis pas sportive. Je suis plus douce. Enfin, j'ose espérer (rires). Alors, Julie, c'est davantage un rôle de composition.»

La jeune comédienne (Kaboum, Les Parent, La galère) raconte même qu'en enfilant ses jambières de gardienne les premières fois, elle basculait vers l'arrière.

Rémi Goulet (30 vies) assure lui aussi ne pas être comme Joey. «Au départ, j'ai eu de la misère. C'était un défi. Puis, il y a eu un déclic et je me suis laissé aller. J'ai vraiment aimé être le méchant. Tu te défoules un peu.»

Quant à Antoine Pilon, il a bien aimé faire le passage de son rôle dans Frisson des collines à ce Janeau au coeur tendre. «Lorsque j'ai tourné Frisson, dans ma tête, je croyais avoir l'air d'un gars de 12 ans. Mais j'ai récemment revu le film et j'avais vraiment l'air d'un enfant de 8 ans, lance-t-il. Donc, ça fait du bien de me faire dire que j'ai vieilli un peu. Je fais plus mon âge.»

«On tient quelque chose»

Entre ces trois-là, il y a une belle complicité et un sens de la taquinerie. Rémi, qui vit dans le «450» doit endurer les sarcasmes de ses deux amis «514». Si ces trois-là sont, comme les autres jeunes comédiens, convaincants, d'aucuns affirment que c'est en raison de Félixe Ross, actrice et coach de plateau qui avait aussi travaillé avec les enfants sur le film Monsieur Lazhar de Philippe Falardeau.

«Le défi était de les maintenir constamment à on parce qu'au bout d'une journée, l'énergie risque de baisser, dit le réalisateur Éric Tessier. On se parlait entre chaque prise. On travaillait constamment en équipe. Ce film en est un de groupe. Il y a peu de scènes entre deux personnes.»

Les jeunes avaient également de l'expérience, ce qui a fait une différence. «On a fait une première lecture quelques semaines avant le tournage, et je me rappelle combien les enfants étaient bons, dit Guy Nadon qui défend le rôle de l'entraîneur Mike Boulanger. Les répliques sortaient avec beaucoup de naturel. J'ai dit au producteur: 'Si c'est aussi bon au visionnement qu'autour de la table, on tient quelque chose'.»

De son rôle, M. Nadon voulait un entraîneur un peu hésitant, incertain. «J'ai cherché à éviter le genre de coach G.I. Joe qu'on voit souvent, explique-t-il. L'astuce était d'éviter les coachs à la Lance et compte. Il fallait faire «Go! Go! Go!» mais sans trop y croire, parfois.»

Père de Janeau dans le film, Normand Daneau (Carl) cherchait également à donner un côté atypique à son personnage. «Carl est éteint, expose Daneau. Certes, il va se rallumer tranquillement. Il n'aura pas le choix de régler des trucs avec son fils. Ils ne vivent pas le deuil de la même façon. Ça suscite un conflit entre eux. C'est le fils qui va tranquillement faire comprendre à son père qu'il doit rallumer quelque chose dans sa tête, dans sa vie. Sinon, ils ne formeront jamais... une équipe.»

M. Daneau évoque avec bonheur l'ambiance qui régnait sur le plateau rempli de jeunes. «Tous les ados qui veulent jouer sont des gens très allumés, dit-il. Ce sont des enfants avec beaucoup de désir, de passion. Ils sont curieux et matures. Sur le plateau, l'ambiance était ludique.»

Le film qu'il voulait

S'il y en a un qui est heureux du résultat, c'est le producteur Christian Larouche (Films Cristal) qui comble avec cette oeuvre un «fantasme de p'tit gars».

«J'ai joué au hockey jusqu'au niveau junior avec les Stars de Montréal-Nord, dit-il. Ce film, c'est quelque chose que j'ai toujours voulu faire. Quand on m'a présenté le scénario où il était question du tournoi pee-wee de Québec, j'ai dit oui tout de suite.»

Larouche n'en est pas à ses premières armes avec le hockey puisqu'il a distribué les séries Les boys et Lance et compte (produit par sa conjointe Caroline Héroux chez Gaïa), mais il cherchait une oeuvre qui toucherait un public plus large.

Il ne croit pas que l'actuel conflit dans la LNH nuise au succès du film. «Au contraire, lance-t-il, on se disait entre nous qu'on inviterait le public à venir voir Pee-wee 3D à défaut du hockey professionnel.»

Voilà ce qu'on appelle un tir au but!

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Les pee-wee 3D prend l'affiche le 21 décembre

Dix ans de réflexion

Le film Les pee-wee 3D a mis une décennie à naître. Dans le dossier de presse, le coscénariste Emmanuel Joly raconte que c'est son ami d'enfance Martin Bouchard qui lui a proposé de travailler sur un film racontant l'histoire d'une équipe de hockeyeurs québécois accédant au tournoi international pee-wee de Québec, le plus important au monde. Tous deux avaient participé à ce tournoi. Un autre ami et scénariste, Jean-Sébastien Poirier, a joint le groupe. Les trois hommes ont reçu l'aide de Henri-Paul Chevrier, maître en structure scénaristique, pour peaufiner le texte.



Une trame sonore québécoise


Dès les premières minutes du film, la très singulière voix de Jean Leloup se fait entendre. La chanson Recommencer lance la trame sonore. Et quelle trame! Sur les 24 pièces musicales entendues tout au long du long métrage, une vingtaine sont québécoises. Le producteur Christian Larouche (Christal Films) n'en est pas peu fier. Parmi les oeuvres musicales proposées, on retrouve des pièces signées Galaxie, Martin Léon, Qualité Motel, Maryse Letarte, Émilie Proulx, DJ Champion et plusieurs autres. On a aussi droit à une petite touche acadienne avec la chanson Lève tes mains de Radio Radio.

Leurs équipes et joueurs préférés

Nous avons demandé aux principaux artisans du film Pee-wee 3D de nommer leurs équipes et joueurs de hockey préférés. Si le Canadien reçoit la majorité des votes, les réponses sont très variées quant aux joueurs.

Éric Tessier (réalisateur) : Canadien de Montréal, Wayne Gretzky

Normand Daneau (comédien) : Nordiques de Québec, Dale Hunter

Guy Nadon (comédien) : Canadien de Montréal, Alex Ovechkin

Antoine Pilon (comédien) : Canucks de Vancouver, Roberto Luongo

Rémi Goulet (comédien) : Canadien de Montréal, Sydney Crosby

Alice Morel-Michaud (comédienne) : Canadien de Montréal, Carey Price