(Toronto) La deuxième première mondiale la plus attendue de ce 47e Festival international du film de Toronto – après The Fabelmans de Steven Spielberg – était présentée à la presse lundi. Et Glass Onion : A Knives Out Mystery ne déçoit pas. C’est à se demander si sa star, Daniel Craig, finira par être connue autant pour son rôle d’irrésistible détective louisianais que pour celui de l’agent 007.

Benoit Blanc (irrésistible Craig) est de retour, et l’excentrique détective se retrouve de nouveau au cœur d’un récit réjouissant, aux multiples revirements. On renoue avec lui en mai 2020 alors qu’il est dans son bain, piteux et déprimé, jouant à Clue sur Zoom avec de célèbres amis, désespérant de ne pas pouvoir résoudre des crimes « en présentiel » pendant la pandémie.

Il reçoit une invitation mystérieuse à se rendre sur une île privée de la mer Égée, près des côtes de la Grèce, afin de participer à un long week-end « meurtre et mystère » organisé par un milliardaire mégalomane du nom de Miles Bron (Edward Norton).

Il y accompagne une bande de riches amis (pas les siens), autoproclamés « les perturbateurs », qui se rendent chaque année depuis une décennie dans un lieu exotique désigné par leur copain milliardaire. On comprendra, au fil du récit, les liens qui les unissent, la nature de leurs rapports avec ce fameux M. Bron et les raisons de la présence sur l’île de Benoit Blanc.

Dans le rôle des amis plus ou moins intéressés de Miles Bron, on découvre bien sûr une toute nouvelle distribution de ce qui deviendra assurément la série des Knives Out : Janelle Monáe, Kathryn Hahn, Leslie Odom Jr., Kate Hudson et Dave Bautista. Du précédent film de Rian Johnson, il n’y a que Daniel Craig qui est de retour.

Les comédiens ont pris un bain de foule, samedi en fin d’après-midi, rue King, une demi-heure à peine après une apparition éclair sur le tapis rouge de Jennifer Lawrence (que j’ai aperçue par hasard, sortant de sa limousine). Depuis lundi, la « rue du Festival » est de nouveau ouverte à la circulation automobile. À Toronto, l’essentiel des activités a lieu le premier week-end.

Rian Johnson est un habitué du TIFF. Il y avait présenté le premier Knives Out en 2019, ainsi que The Brothers Bloom en 2008 et Looper, le film d’ouverture du festival en 2014.

Le registre de Glass Onion, plus près de la farce exubérante, est assez différent de Knives Out, campé dans la maison victorienne d’un célèbre auteur de polars (Christopher Plummer) où se réunissent ses enfants, petits-enfants et sa discrète infirmière (Ana de Armas). Le film avait valu à Rian Johnson d’être finaliste pour l’Oscar du meilleur scénario.

Glass Onion a presque des accents de parodie de film de James Bond, avec son décor idyllique et ses répliques loufoques. Pour le plus grand plaisir du public. Malgré une durée de 2 h 20, on ne s’ennuie pas une seconde. Et on excuse volontiers au scénario délirant de Johnson quelques incohérences. Les ficelles semblent moins bien attachées que la première fois, mais le plaisir, lui, croît avec l’usage.

Si l’on en croit Rian Johnson, Daniel Craig et Netflix, qui a acheté les droits de distribution de la série à fort prix, il pourrait y avoir plusieurs autres épisodes à la série Knives Out, avec chaque fois une nouvelle intrigue et de nouveaux personnages. À la manière des aventures du Hercule Poirot d’Agatha Christie, avec qui Benoit Blanc partage certainement un lointain cousinage.

« Je vais continuer à en faire jusqu’à ce que Daniel bloque mes appels », a déclaré sur scène le cinéaste après la première de son film à Toronto. Sur les réseaux sociaux, il a du reste supplié le public torontois, et en particulier les journalistes, d’éviter de divulgâcher des éléments de l’intrigue. Il y a tellement de « caméos », de blagues nichées, de références cinématographiques, que ce film s’apprécie comme un Bye Bye de cinéphile. Il y a des surprises toutes les cinq minutes.

Daniel Craig est égal à lui-même, Kate Hudson est hilarante dans le rôle d’une ex-mannequin écervelée qui multiplie les faux pas sur les réseaux sociaux et qui refuse de se plier aux règles sanitaires. Mais c’est la chanteuse et comédienne Janelle Monáe qui vole la vedette, pour des raisons que je ne peux dévoiler. Décidément…

Glass Onion : A Knives Out Mystery sera disponible sur Netflix le 23 décembre, et en salle à peu près au même moment.

Comédie adolescente médiévale

La créatrice de la série culte Girls, Lena Dunham, présentait lundi à Toronto une comédie adolescente charmante (sans être transcendante), Catherine called Birdy. L’originalité du récit tient à ceci : il se passe au Moyen Âge.

PHOTO FOURNIE PAR LE TIFF

Dans Catherine called Birdy, Bella Ramsey incarne Birdy alors qu’Andrew Scott joue son père.

Catherine, alias Birdy, est une fille de 14 ans, rebelle et insolente, appelée à bientôt être mariée à un inconnu afin de renflouer les coffres de son père, un seigneur anglais oisif, désinvolte et dépensier. Une situation qui, bien sûr, révolte profondément l’adolescente. Le seul homme qui trouve grâce à ses yeux est son oncle de 28 ans, un bellâtre héros des Croisades, qui tombe dans l’œil de sa meilleure amie.

Trahisons, jalousies, remarques cruelles, vieilles chansons d’indie pop remaniées : tous les ingrédients du film adolescent sont présents dans ce quatrième long métrage de Lena Dunham, qui se démarque non pas par son humour décalé et son sous-texte féministe, mais par son contexte historique. Le patriarcat et le sexisme sont une fois de plus dans la ligne de mire de la scénariste, réalisatrice et productrice. Ce qui ne surprendra pas les admirateurs de Lena Dunham.