(Cannes) Tom Cruise saluait la foule, du haut des marches, en compagnie des covedettes de Top Gun : Maverick Jennifer Connelly, Miles Teller et Jon Hamm, lorsque sept avions de chasse de la patrouille de France ont strié le ciel de fumée bleu-blanc-rouge au-dessus du Palais des Festivals.

Cannes aime passionnément (pour ne pas dire à la folie) ses vedettes hollywoodiennes. C’était écrit dans le ciel : la projection mercredi soir en avant-première de Top Gun : Maverick de Joseph Kosinski, en présence de sa vedette Tom Cruise, a éclipsé le reste des activités du Festival de Cannes.

Après avoir longuement signé des autographes au pied du tapis rouge, l’acteur de Magnolia et de Mission : Impossible a reçu des mains du président du Festival, Pierre Lescure, une Palme d’or d’honneur, avant de remercier le public. « C’est un privilège d’être ici ce soir et de voir vos visages, a-t-il déclaré. Ce film arrive 36 ans après le premier. Il y a cinq ans que l’on a commencé à y travailler, on a repoussé sa sortie pendant deux ans à cause de la pandémie. Je fais des films pour vous, pour le public. »

PHOTO STÉPHANE MAHÉ, REUTERS

Tom Cruise pose avec sa Palme d’or d’honneur.

Un film destiné à plaire au grand public, c’est exactement ce qu’est Top Gun : Maverick, qui prendra l’affiche le 27 mai en Amérique du Nord. Ce crowd pleaser, comme on dit à Juan-les-Pins, fera sans l’ombre d’un doute un tabac aux guichets internationaux.

C’est un blockbuster tout à fait réussi et parfaitement calibré, à la fois drôle, émouvant et efficace, fait de sensations fortes et de clins d’œil nostalgiques, qui tient en haleine pendant 130 minutes.

Avant de présenter, pendant l’hommage à Tom Cruise, un montage de 10 minutes des scènes les plus marquantes de sa carrière, le délégué général Thierry Frémaux a rappelé que la moyenne au bâton du beau Tom était parmi les meilleures des supervedettes du cinéma mondial. Il n’a pas tort. Et c’est probablement vrai que Tom Cruise est sous-estimé.

Revoir ces images m’a rappelé, d’abord, que j’ai vu la plupart des films de Tom Cruise depuis Risky Business et All the Right Moves ; ensuite, qu’il a en effet joué dans de très bons films (parmi lesquels The Color of Money, Rain Man, Jerry Maguire, Eyes Wide Shut et Magnolia)… avant de s’égarer dans les suites plus mauvaises les unes que les autres de Mission : Impossible.

La suite de Top Gun, heureusement, fait honneur au souvenir (récemment rafraîchi) que j’avais conservé de l’un des films les plus marquants de mes 13 ans. Ce n’est pas tant pour le film qui a lancé la carrière internationale de Tom Cruise que des dizaines de jeunes faisaient la queue mercredi après-midi à Cannes en espérant entendre la classe de maître de Tom Cruise, mais justement pour la série des Mission : Impossible, m’ont confirmé plusieurs d’entre eux.

« Vous attendez ici depuis combien de temps ? ai-je demandé à quatre jeunes femmes britanniques et américaines, qui faisaient le pied de grue en croisant les doigts pour que des places se libèrent à la dernière minute.

— Depuis longtemps…

— Deux heures ?

— Plus !

— Combien ?

— Trois heures et demie ! »

Trois heures et demie d’attente en plein soleil, sans savoir si elles auraient la chance d’apercevoir Tom Cruise. Une Zimbabwéenne de 23 ans, qui étudie à Paris, m’a raconté que son père et ses deux frères étaient devenus pilotes après avoir vu Top Gun.

PHOTO LOÏC VENANCE, AGENCE FRANCE-PRESSE

Tom Cruise sur le tapis rouge de Cannes, mercredi

Devant 1000 personnes à la salle Debussy, le comédien et producteur a été très généreux, racontant plusieurs anecdotes de tournages (le ton que cherchait Stanley Kubrick sur Eyes Wide Shut, le fait qu’il avait refusé de tourner Rumble Fish de Francis Ford Coppola pour faire Risky Business). « Je me souviens, bizarrement, de toutes les scènes que j’ai tournées. Mais revoir ma carrière résumée en 10 minutes est quelque chose d’un peu hallucinant ! », a-t-il dit après avoir vu le montage du Festival lui rendant hommage.

Manifestement, Cruise est un gars d’équipe, qui apprécie ses collaborateurs. Il a insisté sur sa soif constante d’apprendre des différents corps de métier du cinéma, depuis ses débuts à 18 ans dans Taps. « Je n’ai pas fait d’école de cinéma, mais j’ai appris des plus grands réalisateurs, acteurs, directeurs photo, monteurs, éclairagistes et autres techniciens sur tous les aspects de mon art. »

PHOTO DANIEL COLE, ASSOCIATED PRESS

Miles Teller, Jennifer Connelly, Tom Cruise et Joseph Kosinski

C’est lui qui avait insisté auprès de ses producteurs, en 1986, pour que Top Gun multiplie les premières dans différents pays. « Le regard que l’on pose sur le cinéma, partout dans le monde, selon la langue que l’on parle, selon sa culture, m’a toujours intéressé. »

Il a confié qu’il avait refusé, à l’époque, la proposition insistante des producteurs et du studio de tourner une suite au film du regretté Tony Scott, à qui Top Gun : Maverick est dédié.

Dans tous les pays où je suis allé par la suite, on m’a demandé de faire un autre Top Gun. Mais je voulais trouver une histoire qui valait la peine d’être racontée.

Tom Cruise

Dans Top Gun : Maverick, le personnage de Cruise, Pete « Maverick » Mitchell, pilote d’avion de chasse légendaire et toujours aussi rebelle, est chargé de former un escadron composé des jeunes diplômés les plus doués de l’école Top Gun pour une mission très risquée. Il devra ce faisant affronter les démons de son passé.

Jamais il n’a été question que Top Gun : Maverick, prêt dès le printemps 2020, ne soit diffusé sur une plateforme numérique pendant la pandémie plutôt que dans une salle de cinéma. « Jamais je ne l’aurais accepté ! », a dit Cruise, qui dit aller souvent au cinéma. « Je mets une casquette et j’arrive même pour les bandes-annonces. Je ne veux rien rater ! »

Pourquoi, lui a-t-on demandé, tient-il à faire ses propres cascades – certaines très périlleuses – dans ses films ? Il a beau avoir une forme resplendissante, il aura bientôt 60 ans. « Personne n’a demandé à Gene Kelly pourquoi il dansait dans ses films ! » Vu de même.