Les murs ont tremblé de cris de joie, hier matin, dans les locaux du distributeur h264 alors que les équipes des films québécois Marguerite et Fauve ont appris qu'elles étaient finalistes à la soirée des Oscars.

Vers 8 h 25, lorsque les présentateurs ont annoncé que Fauve et Marguerite étaient cités pour l'Oscar du meilleur court métrage de fiction, le distributeur Jean-Christophe J. Lamontagne ainsi que les réalisateurs Jérémy Comte et Marianne Farley ont sauté de joie, ont ri, ont pleuré, se sont étreints et embrassés.

Dans les pièces du bureau situé rue Sherbrooke Est, les téléphones se sont mis à sonner, à vibrer. Toutes les personnes présentes ont été submergées d'appels, de courriels et de textos. «Une vague d'amour a déferlé», résume M. Lamontagne.

Ce dernier, comme les deux cinéastes, pouvait dire «mission accomplie» après des années de travail et des mois de préparation en vue de cette journée.

Par respect l'une pour l'autre dans l'éventualité où l'une d'elles ne serait pas retenue, il a invité les deux équipes à écouter la diffusion des annonces dans des pièces séparées.

«Comme elles sont faites par ordre alphabétique, Fauve a été nommé avant Marguerite. Mais comme le signal était plus lent dans notre pièce, j'ai d'abord entendu crier dans la pièce d'à côté, raconte Jérémy Comte. Et tout de suite, mon téléphone s'est mis à vibrer. Enfin, on a pu voir que nous étions en nomination.»

M. Comte a appelé le jeune acteur vedette de son film, Félix Grenier, pour lui annoncer la nouvelle. «Félix était très content, lance-t-il. Il s'en allait dans son cours de mathématiques et m'a assuré qu'il entrerait en classe avec un grand sourire.»

«Quelque chose de surprenant et de beau»

Marianne Farley, qui n'a dormi que trois heures la nuit dernière, voyait dans cette nomination la confirmation du chemin non seulement parcouru, mais à venir.

«Je suis dans le métier depuis longtemps, dit-elle. J'ai commencé comme chanteuse avant de devenir comédienne. Il y a des moments où on se demande si on est en train de bâtir quelque chose ou de pelleter des nuages. Aujourd'hui, la vie me dit que je bâtis quelque chose de surprenant et de beau. Mon film parle de compassion, d'empathie et d'amour. Cette nomination me dit que la planète a besoin de ça. On fait beaucoup de films de superhéros avec des explosions, mais je pense qu'on a besoin de films avec de la vulnérabilité et de la douceur.»

Marguerite raconte l'histoire d'une personne âgée (Béatrice Picard) qui, au contact de son infirmière Rachel (Sandrine Bisson), ouvertement gaie, fait la paix avec son passé. À des années-lumière de là, Fauve raconte l'histoire de deux garçons (Félix Grenier et Alexandre Perreault) qui, en s'amusant en toute innocence dans le fond d'une carrière, vont vivre un drame terrible.

«Ces films très différents ont su toucher le coeur des gens et n'ont laissé personne indifférent. Leur force est de faire vivre en 15 ou 20 minutes autant d'émotions qu'un long métrage», indique le distributeur Jean-Christophe J. Lamontagne, à propos des deux films finalistes.

Ce dernier voit aussi ces sélections comme le triomphe du court métrage québécois. «J'espère que cela va encourager les artisans d'ici, diffuseurs, distributeurs ou financiers, à encourager cette forme de cinéma.»

De mémoire, un doublé de finalistes québécois dans cette catégorie est une première.

C'est Jean-Christophe J. Lamontagne qui, hier matin, est arrivé le premier aux bureaux de h264. «J'ai, avec étonnement, dormi comme un poupon, raconte-t-il. [Lundi] soir, je suis allé jouer au hockey avec ma blonde au parc La Fontaine. Tout était en place et il ne fallait plus qu'attendre.»

Des Canadiens finalistes pour l'animation

Par ailleurs, les artisans canadiens sont très présents dans la catégorie des courts métrages d'animation.

D'abord, Alison Snowden et David Fine sont finalistes pour la quatrième fois aux Oscars avec Animal Behaviour (Zoothérapie), film racontant une hilarante visite d'animaux chez un psy qui est lui aussi à quatre pattes. Il y a 24 ans, tous deux avaient remporté un Oscar avec L'anniversaire de Bob.

La Torontoise Domee Shi voit son film Bao être cité aussi dans les courts d'animation. Elle est la première femme à réaliser un court métrage d'animation chez Pixar.

Enfin, Trevor Jimenez a réalisé le film finaliste Weekends qui, inspiré de sa vie d'enfant unique, raconte les fins de semaine d'un enfant ballotté entre Hamilton où vit sa mère et Toronto où habite son père.

La 91e soirée des Oscars aura lieu le dimanche 24 février.