Le rideau se lève dimanche sur les Oscars, la plus grande soirée de l'année à Hollywood, avec la comédie musicale La La Land favorite, Isabelle Huppert dans la course et beaucoup de politique attendue.

La 89e cérémonie de remise des prix les plus prestigieux du cinéma américain démarrera à 17 h 30 locales (20 h 30, heure de Montréal) au Dolby Theatre de Los Angeles, dans un périmètre bouclé sous haute sécurité.

Auparavant, quelque 3000 invités en tenue de gala arpenteront sous un ciel californien nuageux le tapis rouge, pour l'un des temps forts de l'année mode.

La soirée pourrait être historique à plus d'un titre.

En lice pour 14 trophées, La La Land, véritable déclaration d'amour à la cité des Anges qui a conquis la critique et cartonné en salles, a déjà égalisé le record de nominations de Titanic et Eve après avoir glané 7 Golden Globes - inédit.

Son auteur Damien Chazelle, prodige de 32 ans, pourrait quant à lui devenir le plus jeune cinéaste sacré meilleur réalisateur.

Également très en vue, Moonlight, drame intimiste et bouleversant sur un jeune garçon noir qui grandit dans un quartier difficile auprès d'une mère toxicomane, concourt pour huit statuettes dont celles du meilleur film, du meilleur réalisateur (Barry Jenkins) et des meilleurs seconds rôles féminin (Naomie Harris) et masculin (Mahershala Ali, favori).

Tourné pour seulement 1,5 million de dollars, il a triomphé samedi aux Spirit Awards, qui récompensent le cinéma indépendant.

Stone contre Huppert

Manchester by the sea, de Kenneth Lonergan, est un autre chouchou de la saison des prix et son interprète Casey Affleck est au coude à coude avec Denzel Washington pour le trophée de meilleur acteur.

Il interprète un homme dépressif soudainement forcé de s'occuper de son neveu. Tour à tour rageur, brisé et par moments drôle, il s'affranchit définitivement de l'ombre de son célèbre aîné Ben Affleck.

« J'ai été une seule fois » aux Oscars, en 2008. « J'étais beaucoup plus jeune et n'en appréciait pas pleinement l'importance », a raconté le comédien de 41 ans aux Spirit Awards où il a été primé.

« Denzel Washington est l'une des personnes qui m'ont appris à jouer et je ne l'ai même pas rencontré », a-t-il ajouté à propos de son rival.

Denzel Washington, déjà seul Afro-Américain lauréat de deux Oscars, pourrait entrer dans le tout petit club des acteurs vainqueurs de trois statuettes.

Viola Davis, qui lui donne la réplique dans Fences, adaptation d'une pièce d'August Wilson, est anticipée comme lauréate du second rôle féminin.

Quant à Emma Stone, qui fait des claquettes, chante, pleure et déploie tout son charme dans La La Land, elle est largement en tête des paris pour le prix de la meilleure actrice.

Elle incarne Mia, jeune comédienne qui tombe amoureuse de Sebastian, un pianiste de jazz puriste, interprété par Ryan Gosling, lui aussi en compétition.

La pétillante rousse de 28 ans aux yeux turquoise aura notamment pour rivales Natalie Portman, magistrale Jackie Kennedy - qui n'assistera pas à la cérémonie en raison de l'arrivée imminente de son deuxième enfant - et Isabelle Huppert pour le sulfureux Elle.

L'Oscar est le seul trophée notable manquant à l'impressionnant palmarès de la Française, qui a déjà empoché un Golden Globe, un Spirit et un César pour son interprétation virtuose d'une femme violée qui traque son agresseur.

« On peut se rebeller avec l'art, c'est ce que j'aime », a déclaré l'icône de 63 ans aux Spirits.

Boycottage iranien

Après deux années où l'Académie avait été vertement tancée pour sa sélection d'acteurs tous blancs, six interprètes noirs sont finalistes cette année, un record, et quatre des cinq cinéastes de la catégorie documentaires sont noirs.

Cette polémique devrait donc céder le pas aux déclarations contre le président américain dans un Hollywood largement anti-Trump.

Annonçant la couleur, Casey Affleck a lancé aux Spirit Awards que « les politiques de cette administration sont horribles ».

L'animateur Jimmy Kimmel, qui sera aux manettes dimanche pour l'une des retransmissions télévisées les plus regardées au monde, a promis un monologue inaugural chargé en politique.

L'Iranien Asghar Farhadi, réalisateur de The Salesman, une coproduction française bien placée pour le prix du meilleur film en langue étrangère, a lui décidé de boycotter la cérémonie, tout comme son interprète Taraneh Alidousti.

D'après le magazine Variety, Farhadi se fera représenter par deux scientifiques irano-américaines de renom.

Deux Casques blancs syriens qui devaient assister à la cérémonie où ils sont le sujet d'un documentaire (The White Helmets) nommé pour une statuette ne viendront finalement pas.

L'un d'eux, Khaled Khatib, a vu son passeport « annulé par le régime syrien », d'après un communiqué, et leur chef Raed Saleh a invoqué un surcroît de travail.