Il aura fallu attendre jusqu'à la dernière ligne droite avant qu'un vainqueur se dessine, mais le sacre de Birdman or (The Unexpected Virtue of Ignorance) est finalement sans équivoque. L'excellent film d'Alejandro Iñárritu a obtenu les trois plus prestigieux Oscars : film, réalisation et scénario original.

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Le directeur photo Emmanuel Lubezki, déjà lauréat l'an dernier grâce au film d'Alfonso Cuarón Gravity, a répété l'exploit cette année avec un film réalisé par un autre compatriote.

« C'est étrange de dire ça à propos d'un film qui traite de cette petite chose qui s'appelle l'ego, mais je ne peux croire que les réalisateurs qui étaient en lice avec moi aient été vaincus, a déclaré le cinéaste. Leurs films existent. Seul le temps dira comment ils s'inscriront dans notre imaginaire. »

Iñárritu a par ailleurs dédié l'Oscar du meilleur film à ses compatriotes mexicains. Il a en outre souligné la contribution de ceux qui ont quitté leur pays pour venir s'installer aux États-Unis.

The Grand Budapest Hotel, de Wes Anderson, a fait belle figure en remportant autant de statuettes que Birdman : costumes, maquillages et coiffures, direction artistique et trame musicale. Dans cette catégorie, le compositeur français Alexandre Desplat s'est battu lui-même puisqu'il était aussi en lice pour la partition de The Imitation Game.

Whiplash s'est aussi inscrit au tableau de belle façon avec des victoires dans trois catégories (acteur de soutien, montage, mixage sonore).

De vibrants discours

Dans les catégories d'interprétation, les quatre favoris ont d'ailleurs été célébrés. Julianne Moore, sacrée meilleure actrice grâce à sa remarquable performance dans Still Alice, et Patricia Arquette, meilleure actrice de soutien pour Boyhood, ont livré de vibrants discours. La première a souligné à quel point le cinéma peut jouer un rôle important. « Les gens atteints de la maladie d'Alzheimer sont souvent marginalisés et seuls. Il est important que leur histoire soit vue afin qu'on fasse avancer les recherches. ». Paricia Arquette a de son côté dédié son prix à « toutes les femmes qui ont donné naissance à tous les citoyens et tous les contribuables de ce pays ». « Nous nous sommes battues pour les droits de tout le monde. Il est temps d'avoir l'équité salariale une fois pour toutes et l'équité des droits pour les femmes des États-Unis d'Amérique ! », a lancé l'actrice sous les applaudissements nourris de l'assistance (particulièrement Meryl Streep !)... et des téléspectateurs dans leurs salons.

Chez les hommes, Eddie Redmayne, fascinant dans la peau du physicien Stephen Hawking (The Theory of Everything), a obtenu l'Oscar du meilleur acteur. « J'ai conscience que je suis un homme très, très chanceux », a-t-il déclaré avant de rendre hommage à la famille de celui qu'il incarne à l'écran.

Dès le début de la soirée, J.K. Simmons, spectaculaire dans Whiplash, a été désigné meilleur acteur de soutien. Dans son discours, l'acteur a invité tout le monde à entretenir de vrais rapports avec ses parents. « Ne leur "textez" pas, ne leur envoyez pas de courriels ; appelez-les ! »

Outre Boyhood, trois autres longs métrages n'ont été appelés qu'une seule fois.

American Sniper a été récompensé dans la catégorie du montage sonore ; The Imitation Game, dans celle du meilleur scénario adapté, alors qu'Interstellar a dû se contenter de l'Oscar des meilleurs effets visuels.

Citizenfour et Ida primés

Par ailleurs, l'Académie n'a pas hésité à distinguer Citizenfour, qui fait écho aux révélations d'Edward Snowden, dans la catégorie des longs métrages documentaires. La réalisatrice Laura Poitras, flanquée de Glenn Greenwald, a rendu hommage au journaliste ainsi qu'à ses collègues qui « exposent la vérité alors que des décisions qui affectent nos vies privées sont prises en secret ».

Dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère, très relevée cette année, la statuette est revenue au film de Pawel Pawlikowski Ida, établi favori dès le départ de la course. C'est la première fois qu'un film polonais a droit à un tel honneur.

L'Oscar du meilleur long métrage d'animation est allé à Big Hero 6, une production Walt Disney. Du côté des courts métrages animés, Feast, de Parick Osborne et Kristina Reed, a toutefois été préféré au film de Torril Kove, Me and My Moulton (produit par l'ONF).

Glory, tiré du film Selma, a reçu l'Oscar de la meilleure chanson originale. Son interprétation sur scène par John Legend et Common ainsi que toute une chorale a provoqué des frissons. Le discours de remerciement a d'ailleurs suscité une ovation.

Un hommage a aussi été bellement rendu par Lady Gaga à The Sound of Music à l'occasion du 50e anniversaire de la sortie du film de Robert Wise.

Les gagnants

MEILLEUR FILM

Birdman, d'Alejandro G. Iñárritu, John Lesher et James W. Skotchdopole

MEILLEURE RÉALISATION

Alejandro G. Iñárritu, Birdman

MEILLEUR ACTEUR

Eddie Redmayne, The Theory of Everything

MEILLEURE ACTRICE

Julianne Moore, Still Alice

MEILLEUR ACTEUR DE SOUTIEN

J.K. Simmons, Whiplash

MEILLEURE ACTRICE DE SOUTIEN

Patricia Arquette, Boyhood

MEILLEUR SCÉNARIO ORIGINAL

Birdman, (Alejandro G. Iñárritu, Nicolás Giacobone, Alexander Dinelaris, Jr. et Armando Bo)

MEILLEUR SCÉNARIO ADAPTÉ

The Imitation Game, de Graham Moore

MEILLEUR FILM D'ANIMATION

Big Hero 6, de Don Hall, Chris Williams et Roy Conli

MEILLEUR FILM EN LANGUE ÉTRANGÈRE

Ida, de Pawel Pawlikowski