Les personnages malades ou handicapés seraient-ils «payants» pour décrocher l'Oscar du meilleur acteur ou de la meilleure actrice à Hollywood?

De 1988 à 1997, huit des lauréats dans ces catégories ont joué un personnage aux prises avec une maladie ou un handicap - physique ou intellectuel: pensons seulement à Dustin Hoffman dans Rain Man, Daniel Day-Lewis dans My Left Foot, Tom Hanks dans Forrest Gump, Al Pacino dans Parfum de femme, Geoffrey Rush dans Shine ou Colin Firth dans Le Discours du roi.

Cette tendance est moins lourde chez les actrices, mais pas cette année: la favorite, Julianne Moore (cinq fois finaliste aux Oscar), interprète avec brio une professionnelle très active qui apprend qu'elle souffre de la maladie d'Alzheimer dans Still Alice. Chez les hommes, le favori, Eddie Redmayne, joue le rôle du scientifique britannique Stephen Hawking, atteint de sclérose latérale amyotrophique, dans La Théorie de l'univers.

Ils ont tous les deux été récompensés par leurs pairs de la Screen Actors Guild et de l'Académie britannique du film.

Même les autres finalistes dans la catégorie du meilleur acteur aux Oscar peuvent, à leur manière, respecter cette tendance: Bradley Cooper joue un militaire bien perturbé dans American Sniper, Michael Keaton ne donne pas sa place non plus dans Birdman. Et ne dit-on pas qu'Alan Turing, interprété par Benedict Cumberbatch dans Le Jeu de l'imitation, souffrait peut-être d'un syndrome d'Asperger non diagnostiqué?

Pourquoi cette formule semble-t-elle fonctionner encore aujourd'hui, après des décennies? Les membres de l'académie apprécient particulièrement trois types d'acteurs: ceux qui interprètent avec véracité des gens ordinaires, ceux qui subissent des transformations physiques majeures pour un rôle, et ceux qui jouent une personne souffrant d'une maladie ou d'un handicap physique ou mental, résume Dave Karger, correspondant pour le site internet Fandango. Et il est plus facile de se souvenir de ces performances hors-normes au moment de voter, ajoute-t-il.

Mais il faut quand même être aussi bon acteur, tient à préciser M. Karger.