Dans Still Alice, Julianne Moore incarne une femme qui a tout, amour, enfants et carrière, et perd peu à peu ce qu'elle a construit à cause de la maladie d'Alzheimer. Une performance qui lui vaut une nomination aux Oscars.

La lumineuse Julianne Moore, dans ce rôle difficile d'une femme qui devient impuissante, donne une interprétation toute en finesse face à Alec Baldwin, son mari à l'écran, ainsi que Kristen Stewart et Kate Bosworth, qui jouent ses filles.

L'actrice de 54 ans a déjà remporté un Golden Globe dimanche pour ce rôle après celui qu'elle avait gagné en 2013 pour le film de télévision Game Change, dans lequel elle incarnait la politicienne américaine ultra-conservatrice Sarah Palin, et un autre en 1994 partagé avec le casting de Short Cuts.

La comédienne rousse au tout petit nez et au teint diaphane a été nommée jeudi parmi les finalistes pour l'Oscar de la meilleure actrice, et pourrait enfin décrocher cette reconnaissance ultime de l'industrie cinématographique après avoir déjà reçu quatre nominations par le passé.

Elle rivalise avec Marion Cotillard et Reese Witherspoon, entre autres.

«Merci tout le monde (...) Je suis si heureuse que je peux à peine respirer», s'est félicitée la comédienne sur Twitter.

Dans Still Alice, de Richard Glatzer et Wash Westmoreland, qui sort vendredi aux États-Unis et le 10 juin en France, elle apprend à faire le deuil progressif et irrémédiable de ce qui la définissait: son intellect, sa maîtrise de la communication, ses souvenirs.

Elle perd ses mots, elle se perd, elle ne reconnaît pas l'immeuble où elle a travaillé, elle ne trouve plus la salle de bain dans sa propre maison. Elle prépare son suicide.

Mise à l'écart du monde 

Mais Still Alice fait le pari de la retenue, pas du spectaculaire.

Julianne Moore dit avoir «fait beaucoup de recherche» pour préparer son rôle: «j'ai été voir l'association américaine de la maladie d'Alzheimer, j'ai rendu visite aux institutions de soin... Beaucoup de femmes malades à qui j'ai parlé m'ont raconté leur sentiment d'être mises à l'écart du monde, notamment après avoir perdu leur travail».

«Je pense beaucoup à la mortalité. J'y pense, puis plus, j'y pense, puis plus. Et là, je me retrouvais dans la peau de cette personne qui n'a pas le luxe de ne plus y penser», a poursuivi l'actrice rousse lors d'une projection organisée par le magazine Variety.

«Qu'est-ce que ça fait, tout d'un coup, de réaliser que sa vie touche à sa fin?», poursuit cette icône de mode et auteur de livres pour enfants à la carrière cinématographique impressionnante, principalement dans le cinéma d'auteur (Magnolia, Boogie nights, Short cuts, The hours, The big Lebowski) mais aussi dans des grosses productions (Hannibal, Hunger Games...).

L'histoire de Still Alice fait écho à un autre combat, une autre maladie: celle dont est atteint l'un des deux réalisateurs, Richard Glatzer, à qui l'on a diagnostiqué la maladie de Charcot au moment où le tournage allait commencer.

C'est la maladie neurodégénérative dont souffre l'astro-physicien Stephen Hawking, et dépeinte dans un autre film favori de la saison des Oscars: Une merveilleuse histoire du temps.

«Nous jonglions avec les rendez-vous de médecins et beaucoup de problèmes personnels liés à la maladie. Nous nous sommes demandés: "A-t-on vraiment besoin de s'attaquer à ce projet et à un tel sujet en ce moment?"», raconte le co-réalisateur Wash Westmoreland, mari de Richard Glatzer à la ville.

«Puis nous avons lu le livre (de Lisa Genova, dont est adapté le film, NDLR) et nous nous sommes dis "oui, c'est bien ça que nous devons faire, maintenant"», a-t-il ajouté alors de la soirée organisée par Variety.

Julianne Moore affirme que de voir Richard Glatzer qui avait «perdu le contrôle du haut de son corps, dans le froid en train de tourner ce film» parce que lui et Wash «avaient des choses à exprimer, ça nous a tous inspirés».

Ce film, assure-t-elle, a été «un cadeau» qui lui a appris à apprécier encore plus la vie.