L'Italie exulte lundi après le «triomphe» de La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino, qui a remporté l'Oscar du meilleur film étranger, quinze ans après la récompense attribuée à La vie est belle de Roberto Benigni.

C'est un «moment d'orgueil italien» a tweeté tôt dans la matinée le Premier ministre Matteo Renzi, tandis son ministre de la Culture, Dario Franceschini, a exprimé le voeu que la récompense soit «pour l'Italie une injection de confiance en elle-même». «Vive Sorrentino, vive le cinéma italien. Quand notre pays croit en ses propres talents et à sa créativité, il gagne à nouveau», a tweeté le ministre.

«Heureux et orgueilleux» aussi Luigi De Magistris, maire de Naples, dont sont originaires Paolo Sorrentino et l'acteur Toni Servillo, qui incarne l'écrivain mondain Jep Gambardella trainant son désenchantement dans une Rome à la fois superbe et décadente. «C'est avec la beauté que l'on bat la crise morale et culturelle», dit le maire.

«C'est la grande beauté à Hollywood», «L'Italie triomphe», titrent les quotidiens de la péninsule dans leurs éditions en ligne, oubliant parfois que le film n'a pas du tout fait l'unanimité à sa sortie en Italie et que nombre de Romains faisaient la moue devant cette représentation de la Ville éternelle, trop conforme à leurs yeux aux clichés sur la capitale persistant à l'étranger.

«Les Américains s'imaginent l'Italie exactement comme ça, rappelle toutefois Raffaella Silipo dans la Stampa: «Des pierres splendides et des habitants velléitaires et incohérents, des jeunes qui prennent la fuite et des vieux qui oublient en dansant».

En recevant sa récompense, le metteur en scène a remercié ses «sources d'inspiration»: «Federico Fellini, Martin Scorsese, les Talking heads et Maradona». L'auteur de Il Divo (2008) et This Must Be the Place (2011) entamera bientôt le tournage de son nouveau film aux États-Unis, avec Michael Caine.

«Tout va bien pour Paolo Sorrentino. Mais on aurait tort de penser que ce succès peut annuler d'un seul coup les nombreux problèmes du cinéma italien, souvent incapable de remporter un vrai succès public à l'étranger», tempère Paolo Mereghetti dans l'édition en ligne du Corriere della sera. «Changer l'avenir de notre cinéma. C'est le grand défi qu'un prix aussi important et gratifiant soulève: Sorrentino y a mis tout son génie, maintenant c'est à la politique, ministère de la Culture en tête, de continuer le travail».