Dimanche, à la cérémonie des Jutra, Gabrielle Marion-Rivard répondra à sa manière au jury qui ne l'a pas nommée dans la catégorie de la meilleure actrice. Elle présentera un numéro avec son partenaire de jeu Alexandre Landry et promet de remettre les pendules à l'heure.

«Ça va barder! a-t-elle assuré hier, avec son éternel sourire aux lèvres. Je vais prouver que je suis capable [de jouer un rôle].»

Comme beaucoup de personnes, l'actrice atteinte du syndrome de Williams n'a pas compris pourquoi elle ne s'est pas retrouvée en lice dans la prestigieuse catégorie de la meilleure actrice. D'autant plus que le long métrage Gabrielle a récolté dix nominations, dont quatre dans les catégories d'interprétation.

«J'étais vraiment déçue, a-t-elle avoué. J'aurais voulu gagner le Jutra de la meilleure actrice de l'année. Mais que veux-tu? [...] J'étais vraiment triste et ma famille aussi. Je me demandais pourquoi je n'étais même pas nommée. Est-ce que c'est parce que je n'ai pas joué le rôle comme il le faut ou que [le jury] pense que j'ai joué mon propre rôle?», demande-t-elle.

Gabrielle Marion-Rivard peut quand même se consoler en se disant que même si elle n'a pas été nommée au Québec, elle a été choisie par le Canada. En effet, il y a une dizaine de jours, au gala des Écrans canadiens, elle a reçu la statuette de la meilleure interprétation féminine pour un premier rôle.

«J'étais assise [dans la salle] avec maman et toute la gang. Lorsqu'ils ont dit les noms des meilleures actrices canadiennes de l'année, je me croisais les doigts, j'avais des papillons dans l'estomac, et là, quand j'ai entendu «Gabrielle»... J'étais tellement contente! Je me disais dans ma tête: «Enfin, c'est à mon tour de prouver que je suis capable.»

La boucle se boucle

Avec la cérémonie des prix Jutra, l'aventure Gabrielle tire à sa fin pour la femme de 25 ans. «Je vais peut-être faire un ou deux autres voyages, mais c'est pratiquement terminé», dit l'actrice qui a reçu La Presse chez elle, à Beloeil, où elle vit avec sa mère.

Sans aucune hésitation, Gabrielle avance que son quotidien est bien différent de celui qu'elle vivait avant de tourner ce premier long métrage.

«Les gens dans la rue m'arrêtent pour me dire: «Félicitations! On t'admire beaucoup pour ce que tu fais, on est des fans de toi.» Ça me fait du bien. [...] Je signe beaucoup d'autographes.»

Un jeune Torontois atteint du syndrome de Williams lui a même demandé si elle voulait être sa petite amie. «Il y a des fans qui en veulent plus [rires]! Mais non, pas tout de suite. Je ne me sens pas encore prête à être amoureuse.»

Gabrielle Marion-Rivard a des journées très chargées. Elle continue d'aller à l'école et de suivre plusieurs cours dans diverses disciplines artistiques. Entre ça, elle accorde des entrevues, est la co-porte-parole de la Semaine québécoise de la déficience intellectuelle et assiste à des galas.

Bien sûr, elle rêve de se retrouver sur un plateau de tournage. «J'aimerais faire un autre film, et un autre, et un autre, et un autre.» Des projets qui aboutiront, peut-être, à une nomination aux Jutra.