La 71e Soirée des Golden Globes a couronné hier soir les films 12 Years a Slave et American Hustle, au cours d'un gala mené rondement par les animatrices Amy Poehler et Tina Fey.

La 71e Soirée des Golden Globes a fait plaisir à un peu tout le monde hier avant de couronner les films 12 Years a Slave de Steve McQueen et American Hustle de David O. Russell, respectivement dans la catégorie du meilleur drame et de la meilleure comédie ou meilleur film musical.

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12 Years a Slave, un film dur et bouleversant sur le parcours d'un homme libre devenu esclave, n'a remporté qu'un seul prix tandis qu'American Hustle, chronique séduisante campée dans les années 70, en lice dans sept catégories (et donné favori), en a mérité trois, dont ceux des meilleures interprètes féminines.

Fidèle à ses habitudes, le gala organisé par l'Association de la presse étrangère de Hollywood, mené rondement par les animatrices Amy Poehler et Tina Fey, a distribué des prix à tout vent dans des catégories de cinéma assez bizarrement définies.

Le prix du meilleur cinéaste a été remis au Mexicain Alfonso Cuaron pour Gravity, un film spectaculaire, aux effets visuels éblouissants. Le prix du meilleur scénario (comédie ou film musical) a quant à lui récompensé l'auteur cinéaste Spike Jonze, pour le décalé et très inventif film d'anticipation Her, mettant en scène un homme (Joaquin Phoenix) qui tombe sous le charme d'un système d'exploitation informatique ayant la voix de Scarlett Johansson...

Cate Blanchett, époustouflante dans Blue Jasmine de Woody Allen, a remporté le Golden Globe de la meilleure actrice dans un drame, soulignant la recrudescence de rôles pour des femmes d'un certain âge depuis quelques années (bien qu'elle n'ait que 44 ans).

«Personne ne voulait faire ce film, mais on l'a fait en réunissant une équipe du tonnerre», a quant à lui déclaré le très méritant lauréat du Golden Globe du meilleur acteur dramatique, Matthew McConaughey, en saluant le travail du cinéaste de Dallas Buyers Club, le Québécois Jean-Marc Vallée. Son partenaire de jeu Jared Leto, fabuleux dans le rôle d'un travesti sidéen, a remporté plus tôt dans la soirée le prix du meilleur acteur dans un rôle de soutien.

Le prix du meilleur acteur dans une comédie a salué la performance de Leonardo DiCaprio, d'une intensité exceptionnelle dans The Wolf of Wall Street de Martin Scorsese, son ami et mentor. «Je ne pensais jamais remporter un prix dans la catégorie de la meilleure comédie!», a déclaré l'acteur en boutade en montant sur la scène du Beverly Hills Hotel.

L'Association de la presse étrangère de Hollywood ratisse chaque année plus large afin de s'assurer (selon les mauvaises langues) de la présence du plus grand nombre de stars hollywoodiennes à son gala annuel. Les stars étaient légion hier soir, comme l'ont fait remarquer les animatrices dans leur hilarant numéro d'ouverture.

Cette volonté de plaire explique sans doute les étonnantes inclusions de American Hustle, The Wolf of Wall Street et Inside Llewyn Davis dans la catégorie de la meilleure comédie ou film musical. Ces excellents films font rire - d'un humour noir surtout -, mais sont indéniablement des drames.

Quoi qu'il en soit, le palmarès varié d'hier soir était de très belle tenue, à l'image de la dernière année cinéma. L'extraordinaire Amy Adams a remporté le prix de la meilleure actrice dans une comédie et sa partenaire de jeu Jennifer Lawrence, la coqueluche hollywoodienne du moment, a mérité celui de la meilleure actrice dans un rôle de soutien pour American Hustle. Toutes deux sont excellentes dans le rôle de rivales amoureuses du même arnaqueur (Christian Bale) dans le film de David O. Russell.

La grande bellezza de Paolo Sorrentino, oeuvre élégante et fluide aux accents de Fellini - dont le scénario s'égare malheureusement à mi-parcours - a remporté le Golden Globe du meilleur film en langue étrangère, coiffant au fil d'arrivée La vie d'Adèle d'Abdellatif Kechiche, Palme d'or à Cannes. Le film de Sorrentino, à l'affiche le 24 janvier au Québec, avait fait chou blanc au palmarès cannois.

La cérémonie des Golden Globes n'a pas le prestige de celles des Oscars, mais reste généralement plus divertissante que la soirée strass et paillettes de l'Académie hollywoodienne. Celle d'hier n'a pas fait exception à la règle. Les animatrices Amy Poehler et Tina Fey ont animé la soirée avec l'humour espiègle et irrésistible qui a caractérisé leur passage à Saturday Night Live.

Moins grinçantes que leur prédécesseur à la barre, Ricky Gervais, mais tout aussi efficaces. «Gravity est l'histoire de George Clooney qui préfère flotter à la dérive et mourir plutôt que de passer une minute de plus avec une femme de son âge...» Je la ris encore.

À l'occasion d'un gala où l'on semblait pressé de couper la parole aux lauréats, le trophée Cecil B. DeMille a été remis in absentia à Woody Allen pour célébrer l'ensemble de sa carrière. Le cinéaste de Blue Jasmine (bizarrement snobé dans les catégories de pointe) fuit les événements mondains comme la peste. Or, la soirée des Golden Globes est l'incarnation même de l'événement mondain hollywoodien. C'est l'égérie, amie et ex-compagne d'Allen, la grande Diane Keaton, qui a accepté le trophée en son nom en saluant l'esprit (unique) de Woody.

Rappelons que le palmarès des Golden Globes, déterminé par quelques dizaines d'électeurs au statut plus ou moins vague (dont se sont bien moqués les animatrices et plusieurs présentateurs), n'a aucune incidence sur le choix des finalistes aux Oscars, qui aura lieu le 2 mars et dont les finalistes seront dévoilés jeudi.