Bien sûr, les deux films les plus cités ont bénéficié d'une grande visibilité l'an dernier. Mais entre Juste la fin du monde de Xavier Dolan et Two Lovers and a Bear de Kim Nguyen, sélectionnés 12 fois chacun, on trouve dans la liste des candidats aux Iris plusieurs nouveaux noms, ainsi qu'une grande variété de films qui, il faut bien le dire, ont pour la plupart attiré un public très confidentiel dans les salles.

Une transformation profonde

Un an après l'affaire Claude Jutra, qui a complètement plombé une cérémonie où, pendant 17 ans, des trophées portant le nom du réalisateur de Mon oncle Antoine ont été décernés, l'organisation chargée d'organiser le gala récompensant les meilleurs artisans du cinéma québécois a semblé vouloir tout remettre en jeu.

D'abord, il y a le changement de date. Traditionnellement tenue au beau milieu de la saison des récompenses cinématographiques, comme à peu près partout ailleurs dans le monde, la cérémonie a été déplacée de trois mois, histoire d'arriver alors que la saison télévisuelle est terminée, emportant avec elle toutes les grandes émissions populaires du dimanche soir que diffuse un réseau concurrent.

De nouvelles catégories

Un Gala des artisans, tenu jeudi soir, a aussi été créé afin que les trophées leur étant destinés soient remis dans un cadre un peu plus festif, plutôt qu'en vitesse pendant les pauses publicitaires pendant le «vrai» gala. Quatorze lauréats ont déjà été honorés hier, parmi lesquels ceux de quatre des six nouvelles catégories qui se sont ajoutées aux 21 déjà existantes: meilleurs effets visuels, meilleure distribution des rôles, meilleur montage - film documentaire, meilleure direction de la photographie - documentaire. Au cours du gala de dimanche, la Révélation de l'année sera célébrée, et nous connaîtrons aussi le résultat dans la catégorie Prix du public. Remplaçant le Billet d'or, remis automatiquement - sans aucun suspense - au film ayant attiré le plus grand nombre de spectateurs en salle, ce prix est désormais attribué à la suite d'un vote populaire. Cette année, le public a eu à choisir entre 1:54 (Yan England), Les 3 p'tits cochons 2 (Jean-François Pouliot), Juste la fin du monde (Xavier Dolan), Les mauvaises herbes (Louis Bélanger) et Votez Bougon (Jean-François Pouliot).

De la diversité

Quatre des interprètes de Juste la fin du monde étant en lice pour un Iris, on compte ainsi plusieurs acteurs étrangers dans la liste des finalistes cette année. Outre Nathalie Baye, Marion Cotillard, Léa Seydoux et Gaspard Ulliel, on note aussi les sélections de l'actrice canadienne Tatiana Maslany et de l'acteur américain Dane DeHaan, vedettes de Two Lovers and a Bear. De tout ce beau monde, seule Léa Seydoux sera présente au gala dimanche. Par ailleurs, à une époque où l'on discute beaucoup de la sous-représentation des communautés culturelles et sexuelles dans la production audiovisuelle québécoise, quelques films évoquant ces thèmes d'une façon ou d'une autre peuvent obtenir un trophée Iris. C'est notamment le cas de Montréal la blanche (Bachir Bensaddek), en lice dans trois catégories de pointe (réalisation, scénario, actrice), d'Avant les rues (Chloé Leriche), cité dans huit catégories, et de Ceux qui font les révolutions à moitié n'ont fait que se creuser un tombeau (Mathieu Denis et Simon Lavoie), qui pourrait obtenir l'Iris du meilleur film. Pour ne citer que ceux-là.