Guylaine Tremblay et Édith Cochrane seront à la barre du Gala Québec Cinéma dimanche. Une première pour elles, et pour ce gala qui donne le volant à un duo féminin, après avoir connu de grandes turbulences l'an dernier dans la foulée de l'affaire Jutra. Rencontre avec deux comédiennes-animatrices au sommet de leur forme qui comptent bien offrir une soirée décontractée et festive aux amateurs de cinéma québécois.

Dans les loges du studio 42 de Radio-Canada, Guylaine Tremblay analyse le confort de deux ou trois paires de chaussures à talons hauts. Gala oblige, Édith Cochrane et elle seront bien sûr tirées à quatre épingles dimanche, mais pas trop. Une robe pour l'avant-gala, une robe pour la cérémonie qu'elles animent, pas trop de flafla, mais elles rigolent ferme à propos de la température maniaco-dépressive au Québec qui fait frissonner les comédiennes sur les tapis rouges. «J'ai refusé d'enlever mon manteau, une fois, parce que je jouais au théâtre toute la semaine», se souvient Guylaine Tremblay.

«Nous avons le même sens de l'autodérision, poursuit-elle à propos de la chimie avec sa coanimatrice. Nous sommes capables de rire de nous-mêmes. Si j'avais été avec une fille très préoccupée par son image, qui ne voudrait pas en débarquer, ça n'aurait pas été la même chose.» «Dans les vidéos que nous avons tournées, ajoute Édith Cochrane, nous allons même à l'encontre de ça.»

On ne sent aucune angoisse, aucun stress chez les deux nouvelles animatrices du Gala Cinéma Québec. Ce ne sont pas les comédiennes ni les animatrices que nous voyons, mais les professionnelles aux CV exceptionnels, vraiment très aimées du public.

Elles n'avaient jamais travaillé ensemble, tout en s'admirant de loin, et n'avaient pas encore eu sur les épaules l'animation d'un gala.

«J'aime Édith, j'aime son énergie et son humour, et je me disais que c'était l'occasion idéale. Je ne suis pas certaine qu'animer un gala toute seule est quelque chose qui m'intéressait.»

«Je pense que la proposition du duo nous tentait, explique Édith Cochrane. Nous avons bien conscience des écueils, de tout ce que ça représente. Moi, j'avais envie d'aborder ce défi avec simplicité et authenticité.»

Elles sont aussi bien conscientes d'arriver après la crise de «l'affaire Jutra» qui a secoué le milieu du cinéma l'an dernier, lorsque deux victimes ont confirmé avoir été agressées sexuellement par le cinéaste Claude Jutra, dont le nom était associé à cette célébration annuelle des artisans du Québec. L'année 2017 en est une de renouveau, les prix ont été rebaptisés Iris, on a ajouté de nouvelles catégories... et choisi de nouvelles animatrices. «On ne réinvente pas la roue, note Édith Cochrane. Ça reste un gala avec une formule de gala, et des transformations qui se sont passées dans un contexte extraordinaire. Mais c'est derrière nous. Cette année, tout est légitimé.»

À deux, c'est toujours mieux

Bien sûr, dans toutes leurs interviews, on fait le parallèle avec Tina Fey et Amy Poehler, ce formidable duo d'actrices qui a brillamment animé les Golden Globes aux États-Unis, une petite révolution dans l'histoire des galas surtout animés par des hommes. «Tant mieux, parce qu'on les trouve très bonnes», dit Édith Cochrane. Mais cela prouve surtout que les points de comparaison sont plutôt limités, selon Guylaine Tremblay. «Si c'était arrivé plus souvent, on ne nous en parlerait pas.»

Photo André Pichette, La Presse

Le trophée Iris avec lequel repartiront les gagnants dimanche

D'ailleurs, le Gala Québec Cinéma aura une petite touche Golden Globes, puisque les invités seront installés à des tables avec des verres, plutôt que cordés sur des sièges. Les deux animatrices ne craignent pas ce concept qui pourrait rendre l'assistance plus tapageuse. «On préfère être avec du monde qui se parle et qui a du fun que du monde stressé qui a le goût de partir, souligne Édith Cochrane. Que l'ambiance soit à la fête. Mais en même temps dans un décor somptueux, très chic, parce qu'on n'est pas à la cabane à sucre!» 

«On essaie de faire un gala auquel on aimerait assister, mettons, précise Guylaine Tremblay. Et qui fera autant plaisir aux gens dans la salle qu'aux gens à la maison.»

La formule du duo, de plus en plus à la mode, permet une dynamique intéressante et vivante, de partager autant le plaisir que le stress. Et en cas d'échec, lance Guylaine Tremblay, «on peut boire ensemble le lendemain!» On sent surtout que les deux animatrices placent très bien leur gala dans son contexte québécois, moins glamour ou tape-à-l'oeil qu'aux États-Unis. 

«Quand tu gagnes un Oscar, ça change ta vie et ta carrière, mais ici, tu vas aller prendre une bière au party après, avant de rentrer chez vous», évoque Édith Cochrane.

«Ceux qui vont gagner vont avoir une grande minute de bonheur, souligne Guylaine Tremblay, grande habituée des honneurs. Mais il faut comprendre que le lendemain, ils vont retourner travailler.»

Une chose les réunit et les a préparées pour le défi: leur expérience à la Ligue nationale d'Improvisation. «Avoir fait de l'impro t'apporte une espèce de calme et de confiance dans l'inconnu», constate Édith. «Quand je faisais de l'impro, poursuit Guylaine Tremblay, je ne savais jamais ce que j'allais dire et à qui j'allais le dire, alors que là, j'ai passé deux mois à répéter, et je sais ce que je vais dire et à qui. C'est incomparable. C'est peut-être ce que je vais me répéter dimanche à 19 h 59...»

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Le Gala Québec Cinéma, le dimanche 4 juin, à 20 h, à Radio-Canada. Tapis rouge à 19 h 30.

Photo André Pichette, La Presse

Les invités du gala seront installés à des tables avec des verres, plutôt que cordés sur des sièges.