Avec treize nominations chacun, une grande fresque sur les années sida en France et l'adaptation d'un roman sur la Première Guerre mondiale font figure de favoris pour les Césars, décernés vendredi soir lors d'une cérémonie qui devrait être dominée par la mobilisation contre les violences faites aux femmes.

La 43e cérémonie des Césars, dédiée à l'actrice française Jeanne Moreau décédée en 2017 et présidée par l'actrice et chanteuse Vanessa Paradis, deux jours avant les Oscars, a en effet été précédée, en pleine onde de choc #metoo, par la mobilisation d'une centaine d'actrices et de personnalités.

Elles ont lancé mardi un appel aux dons en faveur d'associations proposant un accompagnement juridique aux victimes de violences sexistes ou sexuelles, près de cinq mois après le début du scandale Weinstein, qui a créé une onde de choc mondiale en libérant la parole sur les affaires d'agressions et de harcèlements sexuels.

Cette campagne, baptisée #MaintenantOnAgit et initiée par la Fondation des femmes, sera visible à travers un symbole, un ruban blanc, que les participants de la cérémonie seront invités à porter.

Parallèlement, dans une tribune publiée dans le journal Le Monde, un collectif de professionnels du 7e art, dont les actrices françaises Agnès Jaoui ou Juliette Binoche, demandent jeudi la création de quotas dans le financement du cinéma pour arriver à la parité.

Une idée accueillie favorablement jeudi par la ministre française de la Culture Françoise Nyssen.

Un autre collectif, composé de 300 personnalités du cinéma français, dont les actrices Léa Seydoux et Adèle Haenel, vient par ailleurs de lancer un site internet pour agir en faveur de la parité dans le 7e art, 5050 x 2020. Il publie une étude montrant que sur les 42 éditions des Césars à ce jour, 81% des nommés étaient des hommes, et seules 10% de femmes l'ont été pour le César de la meilleure réalisation, dont une seule a été récompensée, Tonie Marshall en 2000.

Cette année, une seule réalisatrice, Julia Ducournau, fait partie des sept finalistes dans la catégorie reine de la meilleure réalisation.

Un César du public

C'est 120 battements par minute, grande fresque de Robin Campillo sur les années sida en France à travers le combat de l'association Act Up, et Au revoir là-haut d'Albert Dupontel, adaptation du prix Goncourt 2013 sur le destin de deux hommes pendant et après la Première Guerre mondiale, qui sont le plus souvent nommés, notamment dans les catégories meilleur film et meilleure réalisation.

Albert Dupontel concourt également dans la catégorie meilleur acteur. Il y affrontera notamment Jean-Pierre Bacri dans la comédie d'Olivier Nakache et Éric Toledano Le sens de la fête - film nommé dix fois -, Louis Garrel dans la peau de Jean-Luc Godard dans Le redoutable, ou Guillaume Canet dans son propre rôle dans Rock'n roll.

La statuette de la meilleure actrice sera disputée notamment par Jeanne Balibar - nommée quatre fois aux Césars mais jamais récompensée - dans le rôle de la chanteuse Barbara, Charlotte Gainsbourg dans La promesse de l'aube et Karin Viard dans Jalouse.

Deux oeuvres de réalisatrices figureront, elles, parmi les cinq long métrages en lice pour le prix du meilleur premier film: Grave de Julia Ducournau, sur les métamorphoses d'une étudiante attirée par le cannibalisme, et Jeune femme de Léonor Serraille, sur les errances sentimentales et professionnelles d'une trentenaire à Paris.

Elles auront face à elles notamment Petit paysan d'Hubert Charuel, portrait d'un éleveur d'aujourd'hui en forme de thriller, nommé huit fois.

Nouveauté 2018, un «César du public», pour récompenser les succès au box-office, sera remis au film français sorti en 2017 ayant fait le plus d'entrées, soit logiquement cette année Raid dingue de Dany Boon et ses 4,6 millions de spectateurs l'an dernier.

L'actrice espagnole Penélope Cruz, égérie d'Almodovar, recevra pour sa part un César d'honneur, lors d'une cérémonie animée par l'acteur et humoriste Manu Payet.

L'an dernier, l'Académie avait sacré Elle du Néerlandais Paul Verhoeven comme meilleur film.