Avec onze nominations, Elle de Paul Verhoeven et son actrice Isabelle Huppert figurent parmi les favoris pour les Césars, les Oscars français, décernés vendredi soir sans président après la polémique sur le choix de Roman Polanski.

Cette 42e cérémonie décernant les plus prestigieuses récompenses du cinéma français se déroulera sans le réalisateur franco-polonais, 83 ans, qui a renoncé sous la pression de féministes en raison des poursuites dont il fait l'objet aux États-Unis depuis 40 ans après avoir été accusé du viol d'une mineure.

Cet épisode a ébranlé l'Académie des Césars, qui a décidé de ne pas le remplacer.

À égalité avec onze nominations chacun, dont celles du meilleur film et du meilleur réalisateur, Elle, thriller subversif, et Frantz, drame sentimental au lendemain de la guerre de 14-18, sont cette année les deux oeuvres les plus souvent nommées.

Le long métrage du réalisateur Paul Verhoeven, en compétition au dernier Festival international de Cannes, semble néanmoins faire figure de favori, alors que le film et son actrice ont déjà entamé un beau parcours en France (avec plus de 580 000 entrées et plusieurs prix), mais aussi aux États-Unis, où il a obtenu le Golden Globe du meilleur film étranger.

Auréolée elle aussi d'un Golden Globe pour son rôle de femme violée qui se met à traquer son agresseur, Isabelle Huppert, également en lice pour les Oscars qui seront décernés dimanche, est bien placée pour remporter le César de la meilleure actrice. Une récompense qu'elle a déjà gagnée en 1996 pour La cérémonie de Claude Chabrol.

Elle sera face à Marion Cotillard dans Mal de pierres de Nicole Garcia, portrait d'une amoureuse passionnée, ou encore à Judith Chemla dans Une vie, adaptation de Maupassant par Stéphane Brizé.

Banlieues

Divines, premier long métrage explosif de la jeune réalisatrice Houda Benyamina, qui raconte l'épopée de deux gamines de banlieue, figure aussi en bonne place avec sept nominations.

Au moment où les banlieues sont revenues sur le devant de l'actualité avec le viol présumé d'un jeune noir par un policier près de Paris, les Césars pourraient donner une place de choix à ce film plein d'énergie, dont l'idée est née après les émeutes urbaines de 2005.

L'Académie a souvent mis à l'honneur ces dernières années des films engagés.

Divines concourt pour le titre de meilleur film, mais aussi de meilleur premier film, tandis que son actrice principale Oulaya Amamra, soeur de la réalisatrice, est l'une des favorites pour le César du meilleur espoir féminin.

Déjà nommé trois fois dans les catégories meilleur réalisateur et meilleur film, le cinéaste François Ozon, qui n'a jamais remporté de César, pourrait lui aussi rafler des récompenses pour Frantz.

La concurrence sera cependant rude pour le César du meilleur réalisateur, avec notamment le prodige québécois Xavier Dolan lui aussi bien placé pour Juste la fin du monde, huis clos familial avec une pléiade de stars.

Du côté des interprètes masculins, le duel de 2015 entre Gaspard Ulliel et Pierre Niney pour Saint Laurent et Yves Saint Laurent pourrait bien se répéter cette année.

Pierre Niney, qui l'avait emporté il y a deux ans, est à nouveau en lice pour Frantz. Mais il pourrait cette fois-ci être coiffé sur le poteau par Gaspard Ulliel pour son rôle de fils qui retrouve sa famille pour lui annoncer sa mort prochaine dans Juste la fin du monde.

Ils seront notamment face à Nicolas Duvauchelle dans Je ne suis pas un salaud, et François Cluzet dans Médecin de campagne.

L'an dernier, les Césars avaient couronné Fatima de Philippe Faucon, portrait touchant d'une femme de ménage maghrébine qui élève seule ses deux filles.

Un César d'honneur sera remis à la star américaine George Clooney.