Des films en prise avec le monde, des acteurs d'horizons multiples aux côtés de monstres sacrés du cinéma français: les nominations aux Césars 2016 font la part belle à la diversité, loin de la polémique sur les Oscars «trop blancs» qui secoue Hollywood.

Les récompenses les plus prestigieuses du cinéma français seront décernées le 26 février à Paris.«Je me sens assez fière d'être Française. Ici, on se débrouille plutôt bien. La sélection couvre un beau panel de ce qu'est la France aujourd'hui», a déclaré à son annonce mercredi la maîtresse de cérémonie des Césars, l'humoriste Florence Foresti.

«Les Césars ont leur identité et leur originalité: c'est le talent qui parle», a estimé Alain Terzian, président de l'Académie des Césars, en vantant une sélection «très diverse, très variée» qui reflète à ses yeux la «grande richesse» des productions de l'année écoulée.

Avec 11 nominations chacun, dont celles pour le meilleur film et le meilleur réalisateur, Marguerite de Xavier Giannoli, portrait cocasse d'une diva à la voix de casserole dans les années 20, et le récit initiatique Trois souvenirs de ma jeunesse d'Arnaud Desplechin sont les plus souvent sélectionnés.

Ils ne devancent que de peu Dheepan de Jacques Audiard, Palme d'or du dernier Festival de Cannes, sur le parcours en France de réfugiés sri-lankais, en lice dans neuf catégories.

Mustang, premier long métrage de la réalisatrice franco-turque Denis Gamze Ergüven, rafle huit nominations, dont celles pour le meilleur film et la meilleure réalisation. Cette ode fougueuse à la liberté et récit de l'émancipation de cinq soeurs adolescentes en Turquie représentera aussi la France à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère.

Fatima de Philippe Faucon, émouvant portrait d'une femme de ménage immigrée, est nommé quatre fois, notamment dans la catégorie du meilleur film.

La parité aussi

Parmi les autres films en lice figurent Mon roi de Maïwenn, récit au scalpel d'une passion destructrice, La tête haute d'Emmanuelle Bercot, histoire d'un jeune délinquant, ainsi que La loi du marché de Stéphane Brizé, film âpre sur le monde du travail, notamment sélectionné dans la catégorie reine.

Les Césars 2016 reflètent également une certaine parité, avec trois femmes et quatre hommes en compétition pour le meilleur film et la meilleure réalisation.

L'accent mis sur la diversité culturelle ne se limite pas aux productions. Il se retrouve aussi dans la sélection des artistes.

Dans la catégorie meilleur acteur, le Tamoul Antonythasan Jesuthasan (Dheepan) voisine avec le monstre sacré du cinéma français Gérard Depardieu (Valley of Love), déjà récompensé pour Le dernier métro et Cyrano de Bergerac, et Vincent Lindon, prix d'interprétation masculine à Cannes l'an dernier pour son rôle de chômeur humilié dans La loi du marché.

Fabrice Luchini, magistrat bourru dans L'hermine, Jean-Pierre Bacri, antihéros dépressif de La vie très privée de monsieur Sim, Vincent Cassel en séducteur pervers narcissique dans Mon roi, et le Belge François Damiens, père déterminé à retrouver sa fille disparue dans Les cowboys, complètent la liste.

Chez les femmes, l'actrice principale de Fatima Soria Zeroual, née en 1970 en Algérie et femme de ménage dans la vie, est en lice aux côtés de l'actrice marocaine Loubna Abidar, sélectionnée pour Much Loved, film sur la prostitution interdit au Maroc.

Elles seront en compétition avec la «star» Catherine Deneuve (La tête haute), en quête d'une troisième statuette après ses précédents sacres dans Le dernier métro et Indochine, mais aussi Isabelle Huppert (Valley of Love) et Catherine Frot (Marguerite). Emmanuelle Bercot (Mon roi) et Cécile de France (La belle saison) sont aussi en course.

L'an dernier, c'est le film franco-mauritanien Timbuktu d'Abderrahmane Sissako, chronique de la vie quotidienne dans le nord du Mali sous la coupe des jihadistes, avait triomphé avec sept prix, dont le meilleur film.