De Beauty and the Beast à Pocahontas en passant par Aladdin, le compositeur Alan Menken a signé la musique de nombreux films de Disney qui ont nourri l’imaginaire des enfants nés dans les années 1980 et 1990. Plus de 30 ans après avoir remporté deux Oscars pour ses pièces dans le film d’animation The Little Mermaid, il offre à Ariel et à ses amis des fonds marins une trame sonore revue et augmentée. Entrevue.

Si The Little Mermaid a connu un bel engouement lors de sa sortie en 1989, c’est en partie grâce à sa musique. Le crabe Sébastien qui chante les louanges du monde aquatique dans l’entraînante pièce Under the Sea ou Ariel qui rêve d’une vie sur la terre ferme en entonnant Part of Your World font partie des scènes marquantes du film d’animation. Des moments qu’on retrouve, bien entendu, dans la nouvelle adaptation en prises de vues réelles, en salle le 26 mai, réalisée par Rob Marshall et mettant en vedette Halle Bailey dans le rôle de la petite sirène.

La trame sonore de The Little Mermaid ayant connu un vif succès il y a 33 ans, Alan Menken ressentait-il une certaine pression lorsqu’il a appris qu’il aurait le mandat de retravailler ses pièces originales et d’en composer de nouvelles ?

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Le compositeur Alan Menken

« J’ai plutôt ressenti de la curiosité. J’avais hâte de découvrir ce à quoi ressembleraient ces chansons », répond, en entrevue avec La Presse, le compositeur âgé de 73 ans.

Si un mystère planait autour de la direction que prendrait la musique, c’est qu’Alan Menken n’en est pas le seul artisan. Et il faut dire que son coéquipier, Lin-Manuel Miranda, a lui aussi un parcours impressionnant.

Créateur de la comédie musicale Hamilton, il a notamment signé les chansons du film Encanto, dont le vers d’oreille We Don’t Talk About Bruno, qui s’est hissé au sommet du palmarès Billboard l’an dernier.

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Halle Bailey et Jonah Hauer-King dans une scène de The Little Mermaid

« Au fil de ma carrière, j’ai collaboré avec beaucoup de personnes, ce qui m’a amené une bonne dose de succès » constate Alan Menken, qui fait partie du club sélect des « EGOT », c’est-à-dire ceux qui ont gagné au moins un Emmy (télévision), un Grammy (musique), un Oscar (cinéma) et un Tony (théâtre).

Cette collaboration avec Lin-Manuel Miranda semble toutefois avoir été orchestrée par le destin, souligne le compositeur.

« J’ai connu Lin-Manuel lorsqu’il était enfant. Il allait à l’école avec ma nièce et j’entendais souvent parler de ce petit garçon qui adorait The Little Mermaid », raconte Alan Menken, qui, à l’époque, avait signé quelques articles promotionnels pour le jeune fan.

De travailler avec lui des années plus tard a été « un réel plaisir », poursuit-il.

Trois nouvelles chansons

De leur collaboration sont nées trois nouvelles chansons que l’on découvre dans le long métrage qui revêt des airs de comédie musicale.

Il aura fallu qu’il attende plus de 30 ans, mais le prince Éric (interprété par le Britannique Jonah Hauer-King) a enfin une pièce à lui, Wild Uncharted Waters. « Il chante à propos de la fille qui l’a sauvé de la noyade, mais aussi à propos de l’océan, de ses eaux inexplorées et du fait qu’il ignore où sa vie le mènera », décrit Alan Menken.

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Melissa McCarthy joue Ursula dans The Little Mermaid.

Dans For the First Time, on plonge dans les pensées d’Ariel alors qu’elle explore le monde terrestre après avoir conclu un marché avec la machiavélique Ursula (Melissa McCarthy).

Interprétée par les personnages du crabe Sébastien et de l’oiseau Écoutille (Daveed Diggs et Awkwafina), la troisième nouveauté est un rap rigolo qui représente, selon Alan Menken, la « combinaison parfaite » de ses forces et de celles de son collègue.

Revisiter les pièces originales

Le duo a également retravaillé les pièces musicales du film original, une tâche que le compositeur considère désormais avoir l’habitude de faire. Dans les dernières années, il a en effet donné une nouvelle vie à bon nombre de ses mélodies associées à Disney, pour le cinéma ou pour la scène. Les adaptations en prises de vues réelles d’Aladdin (en 2019) et de Beauty and the Beast (en 2017) en sont deux exemples.

J’aime rafraîchir les arrangements des pièces originales et les revisiter. Il peut y avoir des modifications de paroles, d’orchestration, l’ajout de dialogues… Ce genre de changements arrive dans toutes les adaptations.

Alan Menken, compositeur

Fans de The Little Mermaid, soyez rassurés : les chansons de la version 2023 ressemblent beaucoup à celles de 1989. Les paroles de Poor Unfortunate Souls et de Kiss the Girl ont toutefois été légèrement modifiées.

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Halle Bailey

En conférence de presse, Alan Menken a également indiqué que l’interprète doit s’approprier les chansons. Il a d’ailleurs été ébloui par le talent d’Halle Bailey.

« On ne peut pas la quitter des yeux. L’émotion dans son visage et sa voix est si juste. […] C’est une Ariel incroyable. »

Au Québec, c’est la chanteuse Audrey-Louise Beauséjour, ancienne candidate de Star Académie, qui prête sa voix à la petite sirène. Gabriel Favreau (Éric), Kathleen Fortin (Ursula), Patrick Chouinard (roi Triton), Gardy Fury (Sébastien), Noé Henri Rouillard (Barboteur) et Catherine Brunet (Écoutille) complètent la distribution.

En salle le 26 mai

Trois faits surprenants sur le tournage

  1. Les acteurs ne touchaient pas le sol : Lors du tournage, pour reproduire la nage des sirènes, les acteurs étaient attachés à des harnais et montés sur des plateformes. « Je n’étais littéralement jamais sur mes pieds », a raconté en conférence de presse Melissa McCarthy, qui joue Ursula.
  2. Barboteur ne savait pas chanter : Bien que Barboteur pousse la note, son interprète, Jacob Tremblay, n’avait jamais chanté avant le début du tournage, « mis à part dans [sa] douche ». Un coach vocal l’a visiblement très bien guidé.
  3. La Sardaigne comme toile de fond : Même si l’action de The Little Mermaid se déroule dans une île des Caraïbes, c’est dans l’île italienne de la Sardaigne qu’a eu lieu le tournage. « On a regardé différents endroits. J’ai aimé la petite plage qu’on y a trouvée », a indiqué le producteur John DeLuca.